Deuxième jour dans la dinguerie des Eurockéennes de Belfort. Bottes en caoutchouc aux pieds devant Beck le scientologue, Vince Staples dans le sable, Disclosure la boucherie… On est partout. Toujours debout mais déjà un peu chancelants.

Beck ne cligne jamais des yeux

Samedi, deuxième jour des Eurocks, la folie du premier jour est légèrement retombée, peut être parce que le public est moins dense maintenant que les Insus ont quitté la place. Sur la scène de la Plage, Yak. Ça tape fort. Puis le gars paie des coups au bar dans les coulisses. Last Train balance du bon gros rock sur la scène du Club Loggia, efficace. Sur la Grande scène, les jumeaux rasta italiens de Mellow Mood font du neuf avec du vieux, du reggae classique. Enfumé.

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Un peu plus tard sur la Grande scène, la légende Beck s’installe avec sa guitare. La performance divise, certains sont fans, d’autres trouvent le concert chiant, voire soporifique. Le mec a le charisme d’une huître et ne cligne jamais des yeux. Il réveille les morts avec des reprises de David Bowie, Michael Jackson, etc. Air à la Plage, c’est mou. À vivre alcoolisé pour apprécier à sa juste valeur. Contre toute attente, c’est Louise Attaque qui met l’ambiance sur la Grande scène avec ses grands classiques ; le groupe ouvre sa perf’ sur « Ton invitation » et le public est complètement fan quand « Je t’emmène au vent » démarre. Sinon, ça sent très le réchauffé, on espère que c’est la tournée d’adieux.

Sur la scène de la Greenroom, Foals balance du rock habité tantôt énergique, tantôt relax. Puis Vince Staples met le feu à la Plage avec du hip-hop californien qui tranche avec MHD et Vald vus la veille. Pour finir, on se met bien avec Disclosure, le duo de frangins anglais qui nous sert de l’electro mesurée pour boucler la journée. Rien de remarquable ce samedi mais le taff a été fait.

Zizi tout dur <3

  • Vince Staples avec son hip-hop de Long Beach, belle intro avant Action Bronson et Anderson .Paak ce dimanche.
  • Foals, déjà vu aux Tinals, ça mouille la chemise.
  • La conf’ de presse de The Inspector Cluzo où ça cause rugby tout le long.
  • La foule qui squatte la fan zone pendant la séance de tirs aux buts asphyxiante entre l’Italie et l’Allemagne. Pas question de musique dans ces moments-là.

Demi-molle

  • Beck qui tente une reprise de « Billie Jean » de Michael Jackson, gênant.
  • Le battle de break au bar Despé. La moitié des meufs du festoch y étaient mais tu pouvais pas les choper parce que, toi, tu sais pas danser.
  • Se faire contrôler en bagnole par les gendarmes avant l’entrée du festoch’. « Vous avez des stupéfiants ? » « Non, on est la presse. »

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Ils ont osé

« T’es patriote ? Je veux pas te manquer de respect mais moi, je suis pas très patriote. » Putain mec. BFC. Patrie. France à l’Euro.

« Je suis déjà tombé amoureux de femmes, je suis déjà tombé amoureux d’hommes, mais j’étais jamais tombé amoureux de la musique avant ce soir. » – Le mec le plus fonfon de France devant Air.

Instant podium

Croisées dans la foule, pas mal de personnes prêtes à affronter les intempéries prévues sur la journée de samedi. De la botte en caoutchouc à la combi’ intégrale de chantier, en passant par l’éternel k-way décat’ et le sac poubelle : protection max au rendez-vous. Finalement la météo nous a épargnée, et ce carnaval de plastique prêt-à-porter ressemblait plus à un défilé ambiance « chasse,pêche et tradition ». Sexy. On croise aussi des mecs en costume dans le coin presse, ambiance La Défense. Il y a donc des mecs qui sont ici pour bosser sérieusement.

Foodage de gueule  – Se nourrir pour survivre aux Eurocks

C’est une vraie gageure que d’essayer de suggérer au festivalier de prendre soin de sa petite ligne  : alors que l’édition de l’année dernière proposait une option végé sur tous les stands, il faut bien admettre que ça suintait du lard ces jours-ci. Voilà sur quoi s’est porté notre dévolu. On a fini par céder à la multitude de foodtrucks présente sur place pour tester le bagel veggie de L’Épicurieux : chèvre frais, miel, oignons caramélisés, moutarde à l’ancienne. Classieux. Par contre, te fais pas avoir par le stand de sandwiches jambon à l’os, sujet à caution, tout comme le stand argentin qui a donné lieu à un débat d’experts entre des membres éminents de la rédaction, la faute à une obscure surabondance de gras dans la viande.

Si on rajoute des stands Ben & Jerry’s ou de fondue comtoise, compte pas sur tes pogos sur la plage pour garder ta ligne, gros. Sinon, si tu tiens à faire une bonne action tout en méprisant les conseils de Sparse, tu peux, à partir de 2,50€, acheter un sandwich Daunat. Las, loin de financer la lutte contre la théocratie tibétaine ou la construction d’un dispensaire au Laos, il s’agit juste de financer une obscure école de musique d’Audincourt. On est bien loin du magnifique stand « de la bière contre l’illétrisme » auquel on décerne de loin notre palme pour cette année.

– Chloé Cloche, Tonton Stéph & Loïc Baruteu
Photos (c) Vincent Arbelet