Troisième et dernier jour des Eurocks à Belfort avec une prog’ incroyable et des artistes plus défoncés que jamais. La fête était totale. Carrément intense.

On a ridé les Eurocks, putain. Et on y retournera l’an prochain, bordel. D’ailleurs, en conf’ de presse, Matthieu Pigasse, président des Eurockéennes, a entouré le deuxième week-end de juillet 2017 sur son calendrier pour la tenue de la 29e édition. La décision d’étendre le festival à quatre jours, comme ça a pu être le cas par le passé sans réussite, sera prise plus tard. Quatre jours ? Dire qu’on était presque morts après trois…

Les Eurocks 2016 en stats

  • 3 jours, 50 concerts, 104 000 festivaliers.
  • 57 000 joints fumés, 5 200 taz avalés.
  • 8 350 mecs torse nu.
  • 1 245 tours de rein devant Les Insus.
  • 437 festivaliers défoncés endormis dans leur vomi avant 21h.
  • 0 artiste sobre sur scène.

« Smoke that shit » – Action Bronson, 2016

Tu sais bien qu’ils ont tous le même look dans l’indie pop : mélange les mecs de Yak et Last Train et t’as ceux de Blossoms, petit groupe de pop détente qui a lancé les festivités de la sainte journée sur la Greenroom. Ils ont envoyé de la douceur sucrée sans casser des cailloux pour autant. On leur file un bon point parce qu’ils étaient tout simplement refaits d’être aux Eurocks, et qu’on a aimé les découvrir.

Le vrai show est après : Frank Carter & The Rattlesnakes sur la Grande scène. Concert surréaliste avec le leader de Pure Love complètement habité qui dédie une chanson hardcore à sa femme en souvenir de leur nuit de noces, se fait porter debout par son public et surtout descend au milieu des gens pour faire courir la foule en rond, juste pour son kiff. Des types bourrés qui courent ? Ça se rentre dedans, ça se pète la gueule, ça soulève un max de poussière ; un massacre. Pour les oreilles, du rock sensible et énervé, avec un Frank Carter tantôt badass tantôt fragile.

Action Bronson012

Retour à la Greenroom pour Action Bronson, le pachydermique rappeur de New York. Avec son pote Alchemist aux platines, putain. Le gros rouquin est attendu et défonce tout, avec une présence physique forcément monstrueuse, complètement second degré. Tout fonfon, il fait lever une vague de majeurs en l’air, reprend son souffle toutes les cinq minutes, continue de rapper avec une serviette sur la tronche et mime de rouler en moto pour le final magique sur « Easy Rider ». Son chauffeur à Belfort gardera un souvenir de lui « puant la sueur » dans le taxi, et nous de sa performance hallucinante sous psychotropes.

40_1467620939739Ambiance déjantée aussi sur la Plage où Mac Demarco fait monter des gens pour boire des canettes, danse avec Courtney Barnett et ses zikos qui étaient sur la même scène une heure plus tôt. Le concert est drôle et cool. Les mecs enlèvent des fringues, se font porter par la foule ou boivent du Jack Da’ sur scène. Très relax, à la bonne franquette. Rien à voir avec Nekfeu sur la Grande scène, devant une foule âgée de 15 à 15 ans et demi. C’est lisse sur scène, même si le rappeur essaie de mettre l’ambiance en s’adressant à son public régulièrement. Bien essayé.

Derrière, coup bas du programme avec The Kills à la Greenroom et Anderson .Paak sur la Plage, en même temps. Pendant que le groupe de rock défonce tout dans une prestation musicale et scénique monstrueuse, le crooner californien débute face à une foule éparse. Avec un t-shirt « I don’t give interviews. » Puis son flow jazzy et l’instru’ des Free Nationals fait venir les curieux. Anderson .Paak se lâche sur la batterie, saute de la scène pour venir au contact du public, danse comme un possédé, sort des arrangements rock de ses plus fameux titres, dans une perf’ complètement différente de sa tournée européenne de début d’année. Le final monte en puissance furieusement avec les tubes « Come Down », « Glowed Up », « Lite Weight » « Am I Wrong » et un dernier hommage à David Bowie. Épique.

Puis Tame Impala débarque sur la Grande scène et ouvre avec son dernier gros tube, « Let It Happen ». Comme prévu, c’est psyché, un peu rock et beaucoup pop. De toutes façons, soit les gens regardent le foot, soit ils sont déjà tellement défoncés qu’ils apprécient tout. C’est encore plus vrai quand Caribou balance sa grosse electro très rock sur la Plage avec un public déchaîné. La nuit est tombée, les lumières se tortillent, le son est envoûtant. Même chose pour M83 à la Greenroom qui s’en tient néanmoins à un registre beaucoup plus electro que ce que laissait supposer son dernier album. On attend encore « Atlantique Sud », on s’était pourtant entraîné au chant à canon tout le week-end. Finalement, ambiance nightclub aux Eurocks ce dimanche soir. Jusqu’à ce que ZZ Top vienne poser son vieux rock sur la Grande scène, sans en faire des tonnes.

Zizi tout dur <3

  • Action Bronson qui se pointe défoncé sur scène, qui s’asperge d’eau, joue avec sa barbe, danse, saute. Et qui nous demande de la weed à la fin du concert. Tiens, gros.
  • Anderson .Paak qui descend de la scène pour aller au contact de la foule. Et les mecs de la sécu’ qui renvoient les ballons de plage dans le public mais qui restent vigilants quand un type saute la barrière. Big up.
  • Le chanteur de Las Aves est allé voir Courtney Barnett pour faire la groupie. On est donc maintenant fan de lui.
  • La France qui défonce l’Islande. 5-2. La musique passe après le destin de la nation.
  • Le Snapchat des Eurocks était zinzin. Forcément, on nous l’avait confié.

Demi-molle

  • Nekfeu sur la Grande scène, avec sa couette et sa casquette. Mignonne mais un peu trop.
  • On a manqué Ratatat sur la Plage. On avoue tout : on a préféré aller voir les clones de légende américains et se coucher tôt plutôt que se déhancher dans le sable avec Ratatat pour finir LA soirée.
  • Les barbes de ZZ Top et Action Bronson en plein état d’urgence. Putain de Daech.

Il a osé

« Ça rend trop bien avec tes cheveux ! » – Un mec devant The Kills qui prend une photo de la scène, son appareil calé dans les cheveux d’une inconnue devant lui.

Mac DeMarco 011

Instant podium

  • L’outsider. Signes reconnaissables : aucun. Il est toujours tout seul et traîne sur le côté des scènes, près des barrières. Il ne chante pas, il ne danse pas, il n’applaudit pas. Il boit du coca. Il porte des bouchons à cordon, car il fait attention.
  • Le look Euro-ckéennes. En ce jour de match, les festivaliers n’ont pas hésité à adopter le style bleu-blanc-rouge pour soutenir l’Équipe de France. Les perruques, maquillages, maillots et drapeaux tricolores arborés par des gens saouls et heureux nous rappellent ce que c’est beau d’être patriote, bordel.
  • Le look « less is more ». Trois jours de festival, c’est l’occasion rêvée de se débarrasser du superflu et revenir aux basiques : larguer potes, portefeuille, t-shirt, clopes, voire même chaussures pour ne faire plus qu’un avec la fête. Avec un peu de chance, les mecs de la sécu’ te fileront une couverture de survie pour parfaire l’ensemble.
  • Bravo aux deux teens aux hormones surdéveloppées qui ont fini la soirée avec le  maquillage plutôt violet que bleu-blanc-rouge. C’est ça de se galocher sans limites ! Médaille aussi au viking-pastèque, avec un casque façonné main par les meilleurs artisans du camping. Sécurité, fraîcheur et encas portatif : ce mec a tout compris.

Foodage de gueule – Se nourrir pour survivre aux Eurocks

Vient le jour où le festivalier, passablement alourdi par des litres de bière et de pastis, cède à ses plus obscures tendances. On ne te fera donc pas l’affront de te décrire le passable cheeseburger sur lequel s’est jeté notre dévolu, entendu que sa seule fonction, outre d’être étouffe-chrétien, était de pouvoir continuer de mater l’excellente prestation de The Kills. Sinon, en toute honnêteté, on a surtout bouffé des frites chez La Frituur, dont on a déjà parlé, pour la simple et bonne raison qu’on était bien au bar du boulot avec le match des Bleus et Tame Impala pas très loin.

– Chloé Cloche, Léa Singe, Tonton Stéph & Loïc Baruteu
Photos (c) Vincent Arbelet