Chaque mois, on te propose une sélection d’albums ou EPs méconnus ou cultes. Parce qu’on a des goûts à la pointe. Tu vas pouvoir briller en société et faire croire à tes amis que tu as découvert tout seul, comme un grand, un super groupe de rap vietnamien ou un crooner pakistanais enchanteur. De rien.

Cap’n Jazz – Analphabetapolothology (1998)

Pas une marque de céréales mais un groupe, Cap’n Jazz est le râle pré-adulte qui fixait définitivement l’emocore au rock indie au début des années 90. Analphabetapolothology, sans respirer, est la compilation obligatoire qui témoigne d’une époque ou « emo » désignait uniquement le mot raccourcit d’une bête idée musicale dérivée des patrons post-punk hardcore qu’étaient Fugazi, Rites of Spring ou Moss Icon. Des hurlements d’ados au chant bancal et nerveux, des guitares sautillantes et sales quand elles ne dévoilent pas quelques ritournelles légères et aériennes, de l’énergie omniprésente ; ça bave de sincérité, ça fleure les Vans trouées et les bières tièdes bues à même le goulot dans le garage de papa-maman. C’est culte, ça témoigne d’une époque, et ça fait du bien.

La Fine Équipe (LFE) – La Boulangerie (2008)

La Fine Équipe, c’est un groupe de quatre beatmakers parisiens et marseillais ; autrement dit des mecs destinés à devenir ennemis mais qui ont finalement décidé de faire un truc cool ensemble. Premier gros projet, cet album intitulé La Boulangerie, avec des titres aux noms de pâtisseries qui reprennent à la sauce electro des samples de vieux tubes classiques des 60’s comme « My Girl » des Temptations ou encore « Good Love, Bad Love » d’Eddie Floyd, plus rythmés. Une recette largement éprouvée. Ce premier album est soyeux, jazzy, soigné. La Fine Équipe a depuis exploré d’autres dimensions avec La Boulangerie 2, un peu hip-hop, et La Boulangerie III, résolument plus electro. Les mecs ont même monté leur propre label pour être peinards et ils ont notamment signé Fakear. Le passé, le présent, le futur.

LCD Soundsystem – Sound of Silver (2007)

Que retiendra-t-on des années 2000 ? Pharrel Williams ? Vincent Delerme ? Helmut Fritz ? Non. Mais James Murphy, oui, le lead singer de LCD Soundsystem et talentueux producteur chez DFA records. Récemment reformés pour délester de quelques centaines de milliers de dollars les festivals mastodontes comme Coachella ou Primavera Barcelone, LCD Soundsystem a certainement produit ce qui se fait de mieux dans les années 2000. Après un très remarqué premier double album éponyme en 2005, le deuxième LP, Sound of Silver, est un album proche de la perfection. Il synthétise avec brio rock post-punk, dance music et electro. Allez, va vite te déhancher sur « North American Scum » ou chialer tout seul dans ta chambre en écoutant « New York I Love You ». 

Siriusmo – Enthusiast (2013)

Un mec qui s’appelle Moritz Friedrich produit forcément des trucs de qualité, surtout quand il s’agit de musique électronique. Et son album Enthusiast ne déroge pas à la règle. Sorti sur le label berlinois Monkeytown Records, cet opus est à la fois sérieux et rempli de fun, il s’y dégage une énorme force créative. Là tu te dis que j’en fais trop, mais même pas. Dans cet album, il y a du funk, du jazz, de l’abstract, du rap de mutant, de l’IDM vintage… Je continue ? L’ensemble est maîtrisé, chacun y trouvera son compte et Siriusmo prouve encore une fois qu’il est un génie. Difficile de choisir un des 15 morceaux pour englober l’ensemble, sois curieux.

Les Enfoirés – Au rendez-vous des Enfoirés (2016)

En 2016, on a eu droit à la 26e merde pondue par les Enfoirés en autant d’années. Bien sûr, le but est louable ; récupérer du pognon pour les gens dans le besoin. La cause est noble, Coluche serait fier. Là où il le serait sans doute moins, ce serait de voir la quantité de mongoliens qui ont rejoint la troupe ces dernières années, et surtout de s’apercevoir que les Enfoirés sont devenus un repère à chanteurs de variét’ française bien douteuse. Tous les clowns mainstream en sont et ça donne des reprises dégueulasses et sans complexe qui font mal au crâne. Mention à la reprise de Gimme, Gimme, Gimme de ABBA par JJ Goldman et Patrick Fiori, avec un Jean-Jacques en roue libre totale sur le moulinet des bras.

– Doug Ritter, Augustin Traquenard, Lucas Martin & Loïc Baruteu
Photo : DR