Ô Quebec, samedi 9 juillet, tu perdais l’une de tes filles. Geneviève Elverum est décédée suite à un cancer du pancréas, alors annoncé sur Internet par son mari et sa famille. En guise d’hommage à cette illustratrice, dessinatrice et surtout musicienne talentueuse, aujourd’hui même, on vous conseille de vous jeter, sans réfléchir, sur ses divers actes musicaux. Qu’ils soient sous son propre nom ou sous ses deux projets principaux, Ô Paon et Woelv, approuvée par Dylan Carlson (leader du groupe Earth, roi du stoner/drone metal), rester indifférent à la musique de cette artiste est difficile.
D’un côté, on y trouve d’excellentes petites mélodies, souvent enfantines, toujours très douces, sans jamais tomber dans la mollesse ou la naïveté involontaire. L’album Courses, sous le nom d’Ô Paon, est une petite merveille dans son genre, une petite gemme à situer entre folk lo-fi, rock planant mélancolique, surréaliste, et un morceau de sucre, peut-être. Les paroles, en français dans le texte, y évoquent tantôt des petits poèmes étranges, aux textes souvent graves malgré l’enrobage doux. On y retient, pour exemple, « Chevaux », une comptine sur une course de chevaux à la fin tragique, déprimante, mais sublimée par des mots et des phrases soulevés par la voix fragile et rêveuse, presque décalée – et ornée d’un plus bel accent québécois – de Geneviève.
À l’accompagnement instrumental, on a droit à de calmes mélodies chantées par une guitare, des fois nue et sans artifices, une fois légèrement saturée, toujours soutenue par un léger bourdon, une légère nappe parfois d’orgue, parfois une ponctuation au tuba et par là un violon plaintif, puis par ici un piano dont les dents accompagnent, à merveille, la souffrance des paroles. Pour qui aime les mélanges, la folk-pop-lo-fi-drone d’Ô Paon (sur les albums Courses et Fleuve et les EPs Masques et Quarotze/Quinze Ans) est une pure merveille.
Woelv, l’autre projet de Geneviève Elverum, est quasi dans la même veine : quelques gouttes très post-rock en plus sur certaines compositions, l’atmosphère et la signature de l’artiste y est tout aussi reconnaissable. Donc que ce soit Ô Paon, Woelv, sous son propre nom ou en accompagnement d’artistes, comme avec son mari Phil Elverum, tête pensante de Mount Eerie, rendez hommage, écoutez Geneviève Elverum, et alors vous comprendrez mieux la mélancolie toute québécoise d’une grande artiste.
– Doug Ritter
Photo : D.R.