Voilà, la quarantaine commence à se profiler, tu vois un à un tes idoles claquer. Après David Bowie l’année passée, et clairement dans un tout autre registre, nous enregistrons le décès d’un rappeur du duo Mobb Deep, Prodigy : à 42 balais seulement, putain. Allez, on ouvre le service nécro pour décharger un peu la presse quotidienne régionale qui aura fort à faire avec le canicule. N’oublie pas de faire boire ta mémé.

On est plutôt habitué aux excès de codéïne-Sprite ou bien à des fusillades en Cadillac dans les banlieues douteuses d’Oakland. Sans être certain de la raison de son décès à l’heure actuelle, Prodigy of Mobb Deep, de son vrai nom Albert Johnson, trainait depuis toujours une longue maladie du sang proche de la leucémie, la drépanocytose, dont il avait parlé d’ailleurs dans le titre suivant de son premier album solo, classique gangsta instantané.

Le « H.N.I.C », Head niggah in charge – (négro directeur général, en gros) s’était imposé, depuis son Queens natal, comme une figure tutélaire et plutôt respectée du rap jeu, en particulier du rap bien cracra; ce, au moins depuis que de l’autre côté, sur la West coast, il avait été pris pour cible par Tupac pendant la gueguerre qui a mené celui-ci à sa propre perte. Mais depuis, le mec avait roulé sa bosse. Impossible de faire une liste de ses featurings qui pèsent tant il semble avoir collaboré avec tout le monde, de B.G. à Rakim, de 50 Cent à Noreaga… Récemment il avait eu le flair de bosser avec les gars de Griselda figurant la rélève, Conway et Westside Gunn – en toute logique, lui qui a bossé avec les plus crados comme M.O.P ou Roc Marciano. En France, il avait fait un titre pas si mal, au fond, avec le 113. Il profitait surtout à fond des production léchées d’Alchemist, qui était venu pour les trente ans de Radio Dijon Campus à l’Univers, à Dijon, en 2012. Ci-dessous un extrait provenant de leur collaboration sur l’album intitulé « Albert Einstein » (!).

Particulièrement crétin et amoureux des théories du complot auxquels il faisait complaisamment allusion dans ses lyrics, il venait des publier un album intitulé – excusez du peu – « The Hegelian dialectic ». Un génie, qu’on vous dit. En voici un extrait.

Alors évidemment, on l’avait vu au Zénith de Strasbourg l’année passée, et il avait quelque peu perdu de sa superbe de la fin des années 90, lorsqu’il s’agissait de menacer avec un gun et d’afficher le maximum de bling bling et de bitches dégueux devant les caméras. Lui et son compère Havoc – gentiment alcoolique – étaient certes sur la fin, mais il y avait tout de même quelques projets récents honorables. Clique sur le lien suivant, j’ai concocté un very best of de derrière les fagots, le mec était un peu teubé et en même temps un putain de génie. Avec lui se referme un certain chapitre de l’histoire du hip-hop, où New York rayonnait, les beats froids triomphaient, renvoyant dans leurs poubelles le boom bap et la démagogie, pour ne consacrer que noirceur et cynisme, sans concession. C’est ce qui plaisait, y compris à ceux qui ne l’écoutaient pas au premier degré, depuis leur prime adolescence. Bordel !

RIP PETITE ANJE. 

– Tonton Stéph, en deuil

Découvrez tout de suite une playlist « Rap jeu » spéciale Mobb Deep