Tu connaissais Belfort pour ses Eurockéennes, moins pour son festival international de cinéma, qui depuis sa création a servi de tremplin à de jeunes réalisateurs devenus grands, parmi lesquels Abdellatif Kechiche ou encore Lars Von Trier. On a discuté du programme du festival Entrevues avec Lili Histin, sa directrice artistique et co-programmatrice.

Cette année, Belfort célèbre la 32ème édition d’un festival qui existait depuis 1969 sous le nom de Rencontres cinématographiques des jeunes auteurs. Depuis les débuts, son essence, c’est le film d’école, la découverte, la première, deuxième ou troisième œuvre d’un jeune cinéaste « jeune en réalisation, pas en âge ». Le film qui n’a pas eu d’avant mais qui aura certainement un après. Puisqu’en effet, pas mal de réalisateurs qui foulent les marches de Cannes désormais ont commencé ici, à Belfort, à Entrevues. L’une des rares manifestations entièrement consacrée au risque, au nouveau, à l’inconnu. « Les frères Safdie venus à Cannes cette année pour Good Times avec Robert Pattinson avaient présenté leur premier court-métrage ici, à Entrevues » nous rappelle Lili Histin. Bien souvent, le passage par Entrevues est le synonyme d’une carrière prometteuse : Leos Carax, Darren Aronofsky ou encore Yórgos Lánthimos en ont fait l’expérience.

Comment se choisissent les films des cinéastes de demain ? Selon les mots de sa directrice artistique, qui a également participé à la programmation, il n’y a aucun critère de durée, de genre, de format, d’origine. Le comité visionne près de 2000 films et en sélectionne une poignée qui peuvent être tout à la fois « des essais, des fictions, des documentaires, ou même des objets cinématographiques non identifiés. À Belfort on ne va pas voir un joli petit film bien raconté, ce qui nous intéresse c’est des propositions fortes, un cinéaste qui invente une forme pour ce qu’il a à dire ».

Cette année, c’est Saïd Ben Saïd, président de SBS Productions qui se prête au jeu de la carte blanche. Le mec a entre autres produit Passion de Brian de Palma, Maps to the Stars de David Cronenberg et Elle de Paul Verhoeven qui a tranquillement raflé deux Golden Globes et une nomination aux Oscars – autant te dire que le mec pèse. Au programme, une sélection de films très ouverte, sans distinction de genre, d’époque, de pays, à l’image de ses choix de production. « Ça peut aller du gros film d’action comme État second de Peter Weir ou de l’œuvre très rare comme La Dame de tout le monde. ». Une sélection à l’image de ce qu’est le festival : éclectique et inclusif.

Crédit : Gaëlle Schuller

Mais à Entrevues, le plus, c’est tous les à-côtés de la compétition : avant chaque projection, tu peux rencontrer les réalisateurs et discuter avec eux. Tu as aussi des séances spéciales et avant-premières comme par exemple celle du dernier Serge Bozon, Madame Hyde, avec Isabelle Huppert, Romain Duris et José Garcia. Cinéphiles ou non, chacun peut y trouver son compte tant l’offre est plurielle : des projections en Réalité Virtuelle (avec le casque qui fout la honte), une rétrospective sur Charlie Chaplin (l’occasion de voir peut-être pour la première fois ses films sur grand écran), des projections de films hollywoodiens avant la censure présentées par des historiens, des séances pour les enfants…

Et si la vie de famille c’est pas trop pour toi, le festival organise même des afters Djs set à la Poudrière où tu pourras te la coller après des heures de visionnage intensif.

Le festival Entrevues, c’est du 25 novembre au 3 décembre 2017 et en plus ça coûte pas cher, alors vas-y. Si tu veux consulter le programme complet : clique ici

  • Nathalie Eyraud

Photo Une : Vincent Courtois.