Pendant que Dijon botte pas mal de culs en Ligue 1 et roule sur la gloire, ses aînés du coin : Sochaux et Auxerre patinent dans la semoule, à leur manière. On parle là de deux institutions du foot français qui errent en Ligue 2 depuis beaucoup trop de temps déjà. Mais que se passe-t-il vraiment cette année ? Eléments de réponse, sans Pierre Ménès.

Le fan de foot que tu es a le cœur qui saigne quand il ouvre son journal et constate que l’A.J.Auxerre et le F.C Sochaux Montbéliard pointent à des rangs peu honorables de la Ligue 2. Cette souffrance journalière ravive la nostalgie des années dorées. Auxerre et Sochaux, c’est deux immenses clubs avec des épopées européennes inoubliables, des championnats de France, des coupes nationales et beaucoup de rêves vendus. Historiquement, le DFCO pèse pas grand chose à côté et peut regarder ses pompes. Ces deux équipes cassaient encore la baraque dans les années 2000, Sochaux tapait le grand Inter de Milan, Auxerre mangeait Dortmund ou Arsenal. L’AJA, c’est Guy Roux, la frappe de mule de Djibril Cissé, la classe de Yann Lachuer, Cantona, Ferreri ou Cocard… Le FCSM, c’est Bonal, la moustache de Guy Lacombe ou de Bernard Genghini, les pieds de soie de Pagis et Isabey, le patator Franck Sauzée, le pif de Pierre-Alain Frau et les yeux azurs de Benoît Pedretti, sans oublier ce maillot jaune et noire trop large griffé Champion. Les frissons. Si Auxerre et Sochaux ont le point commun d’avoir des propriétaires chinois plus ou moins impliqués, on peut dire aussi que leurs horizons respectifs restent bien bridés pour le moment. Tu l’as ?

 

La descentada de l’AJA

On est à la moitié du championnat. Pile. L’AJA est 16ème, oui 16ème avec 19 points. Comme le R.C Lens, une autre légende, Auxerre fait de la bonne daube. Mais comment c’est possible d’en être arrivé là en dépit d’un début d’été qui annonçait le beau temps avec des gros investissements consentis et un recrutement de poids. Philippoteaux, Adeoti, Polomat, des joueurs pas trop dégueu pour de la Ligue 2. On sentait quelque chose de positif à l’été, comme si l’AJA entrait dans une dimension qui allait l’éloigner de la torpeur à laquelle elle était assignée depuis 2012 et la descente. Les gens sont venus en masse au stade pour la première journée à l’Abbé-Deschamps face à Lens. Mais le projet manié par le président Francis Graille et les investisseurs chinois est vite tombé à la renverse. Depuis, c’est la merde. 10 défaites en 19 matchs dont un mois d’août catastrophique ont vite tout plombé comme il faut. Un stade pas mal vidé avec les hauts des virages qui ne sont même plus ouverts pour certains matchs. Y’a toujours les Blues Angels pour faire du bruit. L’entraîneur Francis Gillot, qui avait coaché Sochaux à l’époque où Marvin Martin et Ryad Boudebouz faisaient du sale, a démissionné et a rendu les clés du camion. Les rumeurs circulent pas mal quant à la désignation de son successeur, on a même parlé de Domenech ! Imagine à quel point c’est la galère… L’A.J.A est en pleine crise sportive et la Ligue 1 va encore lui filer sous le nez cette année. L’élite se situe vraiment à Pétaouchnok pour le moment, Guy Roux en pleure des larmes de Chablis et cauchemarde pendant la sieste. C’est sur.

Sochaux needs dollars

A Sochaux, c’est bien différent. le FCSM est 8ème, à 4 points de la 3ème place, synonyme de barrage pour l’accession en Ligue 1. Si y’a pas le feu à la baraque au niveau sportif, loin de là, ça chauffe plutôt au niveau de la gestion et des finances du club. Sochaux est en manque sévère de pognon. Comme tu le sais, l’Asie aime la BFC comme il faut. Entre les chinois qui investissent à Auxerre, ceux qui boivent des coups à Chablis, les cars de japonais qui déferlent sur Dijon ou encore le Sushi King place Emile Zola, Sochaux a lui aussi attiré les capitaux asiatiques avec la venue de l’homme d’affaires chinois Wing-sang Li. Tout s’est fait à l’été 2014, juste après la relégation de Sochaux en Ligue 2 quand Peugeot a osé lâcher son bien historique. Wing-sang Li est le boss du groupe Tech Pro, qui “fait son bonheur” dans le domaine de l’immobilier et des technologies LED. Il a acquis le club par sa filiale située en France : Ledus. Mais y’a comme un problème, Sochaux n’a pas toujours vu la couleur de ses investissements. Mais que se passe-t-il ? Il nous ferait pas une fourberie du style Mammadov à Lens ou Jack Kachkar à Marseille. Visiblement, ce Monsieur Li, est une belle enflure et un imposteur 5 étoiles. Son groupe Tech pro aurait tout simplement un chiffre d’affaires plus faible que celui de Sochaux en Ligue 1 … On parle quand même d’une gigantesque escroquerie. “Tech Pro, c’est du vent, Aujourd’hui, le FCSM représente 40% de leur chiffre d’affaire ! L’action a chuté de 86% pour atteindre sept centimes de dollars de Hong-Kong, avant d’avoir été suspendue à la bourse locale pour des comptes considérés comme insincères.” comme le dit Sébastien Michaux, journaliste de l’Est-Républicain à SoFoot. 

En plus de ça, Ledus doit 300.000 euros de sponsoring impayé au club. La DNCG, l’organe qui surveille les comptes des clubs pro, a déjà sanctionné Sochaux, en leur interdisant notamment de recruter à titre onéreux et en leur demandant d’encadrer la masse salariale. Alors même que le club avait pour réputation d’être clean. Faut que Mr Li se casse et aille foutre sa merde ailleurs qu’à Sochaux, on lui pardonnera jamais. Ça peut mal finir cette affaire. La colère monte, l’avenir est bien incertain. Courage mes lionceaux.

 

 

  • Mhedi Merini

Photos : D.R