Exclusivité, chronique du futur. Avant tout le monde, notre chroniqueur mondain Mister B, vous fait vivre l’inauguration de la Vapeur. Parmi l’infinité des futurs possibles, il en a vécu un et nous raconte…

Il est 19h ce mercredi 7 février 2018 et la ville de Dijon se plonge dans un noir total. Seule la place de la Libération et l’avenue de Stalingrad s’illuminent de mille feux pendant plusieurs minutes. Geste fort, écologique, démago, courageux de notre maire de Dijon pour fêter la réouverture de la nouvelle Vapeur. M. Rebsamen enfourche alors son Vélodi avec ses conseillers et se dirige vers la Vapeur, tel un final du Tour de France sur les Champs. Les Dijonnais, quant à eux, font exploser le central téléphonique des pompiers à qui l’info « Ville de Dijon noir complet – ville de lumière à toute Vapeur » n’était pas parvenue.

Arrivé sur place face à la nouvelle Vapeur, on est envahi par une grande émotion, une grande fierté… Enfin, surtout, on cherche une place car le parking a été réduit à 37 places. (NDLR : tout doux, calmos. Oui, ceci est une fiction). Une vue d’artiste, vous pourrez venir avec votre tacot et vous garer à 30 euros la ½ heure pour laisser place à un jardin bio diversité des cheminots TER en colère.

On gare donc sa voiture dans une rue adjacente et nous sommes accueillis tout sourire par la police municipale qui nous indique que « non ça va pas être possible ici », bulletin amende de 50 euros en main. Après avoir marché depuis la Toison d’Or, pour garer sa voiture, à la Vapeur, un nouveau challenge nous attend. Désirant rendre plus ludique la file d’attente pour entrer dans le Graal, on nous invite dans un labyrinthe-barrières qui, si on trouve son chemin, nous permettra d’arriver devant le vigile. On est alors dans l’entrée, vestiaire, bar, salle, wc (on sait plus trop) de la Vapeur, accueillis par un jeu de lumière fête foraine, triangle, carré, rectangle, triangle. On nous indique que, faute d’avoir en vrai Vitalic ce soir, ce dernier a bien voulu louer son système de jeu de lumière. Alors que les premières vraies questions fusent : « Mais il est où le bar, c’est où les petits fours ? J’espère qu’ils ont du champagne, qu’ils nous fassent pas le coup du blanc limé. » On nous invite dans la grande salle majestueuse, superbe, immense, grandiose… (j’ai plus d’adjectifs). Un ami de la Haute-Saône me demande s’il n’aurait pas tout copié à la salle des fêtes de Gray niveau disposition !

« Tu as vu, toi, les plateaux de fruits de mer ? »

Il est 20h, M. le Maire prend la parole pour un discours fleuve citant Léon Blum, Jean Jaurès, Mitterrand, Baptiste Reynet et Pedro le plaquiste. Un discours fort, poignant, de plus d’une heure, très inspiré Macron-Davos, mais n’ayant pas les mêmes retombées niveau public car au bout de 8 minutes de prise de parole, les deuxièmes questions fusent : « Mais c’est quand bordel le vernissage ? Tu as vu, toi, les plateaux de fruits de mer ? On m’a dit qu’il y aurait des gâteaux de chez Gillotte. Mais bordel c’est qui la grande blonde ? » Alors que la grande salle se vide au grand désespoir des conseillers de la mairie, qui expliquent à François Rebsamen que le passage sur la nécessité du nucléaire dans une culture participative éco-solidaire dans une France d’avenir et responsable, c’était pas nécessaire.

Il est 21h. On se glisse alors dans le cortège de fidèles pour une visite express de la nouvelle Vapeur. Après avoir salué la Vaness’, responsable des fûts de bière au bar -elle a bien fait du chemin depuis son doctorat en chimie-, on suit donc le convoi de petits fours-crémant pour découvrir les nouvelles loges. C’est bruyant, fumant et déjà des hurlements. Patrick, responsable artistes casse-couilles, vient de choper un des membres des Nada Surf en train de taguer le nouveau mur couleur cassis des loges (hommage à Divia ?). M. le Maire demande qui sont ces jeunes ? Et sait-on quand Nicoletta et Sardou arrivent ? On explique discrètement à M. le Maire que N et S, c’est pour Nada Surf. Il demande alors, un brin énervé : « Le P c’est pas pour Pagny ? C’est pour lequel que vous m’avez fait signer pour beaucoup de ‘0000’ ? » Euh non, M. le Maire, c’est pour un groupe qui s’appelle Pépite, susurre un conseiller rouge-cassis. Il ouvre alors une porte pour présenter le jacuzzi-piscine-terrain de ping pong (exigence Loge Artiste 2018) et tombe nez à nez avec Pedro, Plaquiste, qui demande gentiment si on n’aurait pas vu sa visseuse rouge et verte, et nous glisse que cette pièce sera finie avant demain.

« Gérard, le responsable système son, a les yeux en larmes

Il est 22h et on explique au groupe Pépite qu’ils ne pourront jouer que 2 morceaux car la Vapeur a pris trop de retard dans le planning de la soirée et qu’on n’a pas l’autorisation dérogation bruit de 1h17. Vaness’ arrive alors toute paniquée, demandant à Pedro si elle peut lui racheter sa réserve personnelle de bières Superbock car les pompes 1, 2 et 3 sont HS. Malin, le plaquiste portugais négocie en échange un plateau petit four foie de morue et, pour les travaux, s’il pouvait avoir un délai de 7 semaines supplémentaires pour la pièce du directeur car son histoire de bureau ovale, face au coucher de soleil avec un bar italien en bois breton, c’est un brin complexe.

Il est 23h, Pépite vient de finir son set de 2 morceaux sans rappel face à un public médusé. Gérard, le responsable système son, a les yeux en larmes : c’était trop fort trop bon trop court. Il demande les mains tremblantes quand débute le prochain concert pour jouer de nouveau avec sa table de mixage, prêt Codevi sur 20 ans.

La responsable presse café chocolat arrive alors en courant car Kem (programmateur GéNéRiQ, DJ, président de Saucisse Montbéliard en folie) vient d’arriver en Peugeot 406 couleur jaune Sochaux et s’est trouvé nez à nez avec 3 ultras du DFCO. Des chants hooligans résonnent dans la salle de la Vapeur face au DJ. Liberté aux Ultras/ Liberté aux Ultras/ Liberté à la Moutarde, ici c’est Dijonnnnnnnn. La tension est à son maximum lorsque que les Nada Surf découvrent qu’ils se sont ruinés les chemises blanches en s’appuyant sur les murs pas encore secs de la grande salle, demandant qu’on appelle immédiatement « Allo Mairie » pour dépêcher d’urgence un pressing express. Il est minuit, Kemical Kem prend les platines dans les toilettes de la Vapeur, on lui explique gentiment que l’after se déroule maintenant dans une mezzanine construite à l’étage, et que les toilettes c’est là, maintenant.

Tout finit dans une magnifique allégresse : Vaness’ danse avec Pedro sur les musiques caliente de Kem, les standardistes de la mairie qui ont terminé leur service déboulent dans la salle et s’arrachent sur le dancefloor, au même moment M. le Maire a fini de repeindre les loges et les Nada Surf ont retrouvé des chemises blanches. Tout le monde est heureux. Vivement jeudi pour la première soirée GéNéRiQ !

  • Mister B.