Le réalisateur franc-comtois est en tournée dans toute le région pour présenter son dernier film, un road trip halluciné sur les routes du Far Est. Une tournée en forme d’hommage à Zoo Project, son binôme dans le film, disparu depuis…

Capture d’écran du film « C’est assez bien d’être fou »

Antoine Page (aucun lien avec Jimmy) est un réalisateur ultra indépendant au CV déjà long comme le bras. Après quelques films expérimentaux, il réalise des documentaires pour le cirque Plume, puis sur la vie dans une maison de retraite (Yvonne, Maria, Berthe et les autres…), sur les néo-ruraux post 68 dans les Cévennes et leurs idéaux cassés (Chalap), sur des jeunes dans le Pas-de-Calais qu’il accompagne pendant plusieurs années (Wesh gros). Enfin bref, Antoine n’a plus rien à prouver en ce qui concerne le documentaire. Les siens sont très mis en scène, assez contemplatifs… Et beaux. Il choisit la forme en fonction du sujet. Les images sont posées, composées, « elles parlent d’elles même ». Antoine se trimballe rarement la caméra à l’épaule.

« De Franche Comté jusqu’à…Vladivostok…en Russie, le long du pacifique…Quand le gars te dis qu’il va à l’est, il ne s’arrête pas à Strasbourg. »

Après une vie parisienne agitée, il a décidé il y a des années de monter sa propre boite de production, « la Maison du Directeur », rapport à la maison du directeur d’une ancienne usine, qu’il a acheté et où il s’est installé à Arbois, dans le Jura, pour être indépendant. Ce qui paraît essentiel pour ce trentenaire qui n’a jamais « voulu se mettre dans les réseaux ».

Capture d’écran du film « C’est assez bien d’être fou »

Ce 28 mars dernier, Antoine Page sortait dans les salles C’est assez bien d’être fou, son dernier long métrage. Un road trip dingue entre la Franche Comté et… Vladivostock, en Russie, le long du pacifique. Quand le gars te dit qu’il va à l’est, il ne s’arrête pas à Strasbourg. Un road trip zinzin en image et en dessin, car pendant toute la durée du film, les images d’Antoine répondent aux dessins de Bilal aka Zoo Project, street artist et acolyte de voyage d’Antoine. » »

Billal est mort peu après le tournage du film, à 23 ans… Une sale embrouille aux USA. C’est aussi pour ça qu’Antoine Page a tenu à sortir le film en salle. « C’est une forme d’hommage pour le boulot de Bilal, qui était un mec sans concession. Un street artist, mais pas seulement, c’était bien plus ».

« L’asso des cinéma indépendants de BFC fédère 30 salles indépendantes en Région, car il y a encore pas mal de cinoches indés dans le coin qui s’en sortent face aux multiplexes. »

Les deux lascars se rencontrent à Paris en 2009 et deviennent instantanément très proche. « On se comprenait tout de suite, on avait les mêmes envies. L’idée du road trip, du voyage à travers l’Europe et la Russie, ça a dû venir en une demi heure au plus ». Par contre, le temps d’écriture et de production sera bien plus long.

Ils achètent un vieux camion Mercedes de teuffeurs datant des années 70 (le 3e protagoniste du film) et taillent la route. Au fur et à mesure des rencontres, des pannes et des envie de Zoo Project, ils s’arrêtent. En Suisse, Autriche, Ukraine, Russie, Kazakstan… La route est marquée par les œuvres de Bilal qui griffonne son cahier aussi bien que les murs et les palissades qu’il croise, au gré de ses envies : les escaliers Potemkine d’Odessa, les cimetières à bateaux de la mer d’Aral, le Transsibérien… Les paysages sont austères, les gens rencontrés simples et rudes. L’est quoi… « Si tu veux tailler la route en camion sans prendre l’avion ou le bateau, c’est la seule direction possible. En plus je parle un peu Russe, alors ça a été plus simple pour les rencontres ». Le film file au rythme du voyage (1h40 pour 4 mois de trip) et va tourner en BFC autant que le camion d’Antoine et Bilal sur les routes d’Europe de l’est.

« Cette sortie, c’est une forme d’hommage pour le boulot de Bilal, qui était un mec sans concession ».

Du 6 au 13 avril, Antoine Page sillonnera la région pour présenter C’est assez bien d’être fou et rencontrer le public. C’est l’association des cinémas indépendants de Bourgogne-Franche-Comté (CIBFC) qui a organisé ce grand raout, en partenariat avec l’APARR, l’asso des pros du ciné et de l’audiovisuel. Le CIBFC fédère 30 salles indépendantes en région, car il y a encore pas mal de cinoches indés dans le coin qui s’en sortent face aux multiplexes. Ils mettent en place des outils, montent des formations et des tournées de réalisateurs, des prévisionnages de films, etc. Va donc jeter un œil à ce qu’ils font.

  • Chablis Winston. 

Photos : Raphaël Helle. 

Les dates de la tournée mondiale de BFC du film d’Antoine Page :

Vendredi 6 avril : au cinéma L’Arletty à Autun (71), dans le cadre de la 21ème fête du livre d’Autun.

Samedi 7 avril : au cinéma L’Étoile à Château-Chinon (58)

Dimanche 8 avril : au cinéma Le Rio Borvo à Bourbon-Lancy (71)

+ Lundi 9 avril à 14h30 : Projection de Yolande, Maria, Berthe et les autres à l’Ehpad

de l’hôpital de Bourbon-Lancy

Lundi 9 avril : au cinéma Le Vox à Luzy (58)

Mardi 10 avril : au cinéma L’Étoile à Saulieu (21)

Mercredi 11 avril : au cinéma La Palette à Tournus (71)

+ Mercredi 11 avril à 15h : Projection de Yolande, Maria, Berthe et les autres au Musée Greuze

Jeudi 12 avril : au cinéma Les 2 Scènes à Besançon (25)

Vendredi 13 avril : au cinéma La Maison du Peuple à Saint-Claude (39)