Le campus universitaire de Dijon a vécu une dernière semaine agitée avec notamment le blocage du bâtiment droit-lettres, puis son déblocage…. par d’autres étudiants. Ce qui déjà est assez fou en soi. Parmi le florilège d’articles relayant les faits chez les médias dijonnais, un article du Bien Public nous a quand même assez surpris, nous qui nous sommes justement intéressés à ces événements.

Publié le 4 avril 2018 à 14h42, cet article – vu plus de 30.000 fois – retrace la journée sous la forme d’une timeline, avec plusieurs mises à jour au fil du temps (quatre, en tout et pour tout). Le texte est repris presque entièrement pour l’édition papier du lendemain. Outre une explication vidéo de Sylvain Comparot (Directeur de cabinet d’Alain Bonnin, président de l’uB) et un communiqué de presse de l’UNI Bourgogne, l’article indique que la faculté a été « libérée » par des étudiants.

Enfin, le papier reprend un tweet posté par la twitta @LéaFrct, pour illustrer ces infos. Léa n’est pas du genre à se cacher. Sur le net, elle relaie les tweets de Marine Le Pen, fait des commentaires sans équivoque, fréquente le beau linge du FN et de la fachosphère. On ne peut pas lui reprocher de nous tromper sur la marchandise. Son avatar sur Twitter, jusqu’à mercredi dernier, était tout simplement une photo d’elle en compagnie de Marion Maréchal-Le Pen. Une fière patriote, comme on dit.

Alors, relayer des tweets pour donner une impression d’immersion, pourquoi pas. Relayer un tweet du Front National, à la limite, si c’est identifié comme tel, pourquoi pas. Mais pourquoi ne relayer que celui-là ? Qui, bien sûr, montre quelques étudiants chanter « Les anars dehors ». Laissant penser que c’était le mot d’ordre des étudiants « libérateurs ». Dans le même ordre d’idée, pourquoi ne relayer que la parole de l’UNI, la droite universitaire, clairement opposée au blocage, et pas celle des autres syndicats étudiants ?

« C’est pas la peine de te présenter comme un journaliste »

Du côté du Bien Public, on nous répond que les communiqués de presse publiés sont ceux qu’on leur envoie. Pas plus, relax. Si le camp d’en face n’a pas envoyé son communiqué, tant pis.

Concernant le tweet, le journal local dit ne pas remonter les historiques des comptes Twitter qu’ils relaient. Relax, alors que ça aurait pris 2 secondes de se rendre compte que c’est une militante FN qu’on relaie. Pour ce genre d’article, le BP envoie généralement quelqu’un sur place, qui bosse en binôme avec quelqu’un qui peut mettre en page et trouver des infos sur le net (le desk).

Euh, comment dire… C’est pas cool. Ça laisse penser des choses. Parce que c’est très lu le Bien Public. Alors il ne faudrait pas laisser penser aux gens que ceux qui occupent la fac sont juste les vilains, et les autres les courageux. C’est plus compliqué que ça quand même. Sans oublier que rien ne rappelle les raisons du blocage de la fac dans ledit article.

Surtout venant de la part d’un journal qui nous accueille au téléphone en nous disant : « C’est pas la peine de te présenter comme un journaliste ». Là, j’ai l’impression que pour le coup, c’est toi…

  • Sparse Club
    Photo : capture écran du site du Bien Public