Rouge à lèvre en viande, tartine de chewing-gums et brosse à chiottes en brocolis… Beurkmagazine, c’est la série de photos zinzins de Pauline et Nicolas, deux photographes dont une dijonnaise, qui réconcilie art contemporain et humour avec des images pop et glamour. Entre sortie d’un premier magazine et bientôt expo au Grand Salon d’Art Abordable de la Bellevilloise, les 11, 12 et 13 mai prochains, on a discuté avec les deux têtes pensantes de Beurkmagazine.
Pauline et Nicolas, les cuisiniers de Beukmagazine, sont deux photographes qui ont tous deux décidé de plaquer leurs jobs respectifs en juin-juillet dernier pour se consacrer pleinement à un nouveau projet : Beurkmagazine. Une série de photos, et bientôt un magazine qui devrait sortir en version PDF dans le courant de l’année, qui illustre des créations de nourriture détournée de son usage pour former des objets du quotidien.
D’où leur est venue l’idée ? Ils aimaient jouer avec la bouffe petits ? Pauline explique : « L’idée de la première photo est venue d’Instagram. Il y a quelques années, tout le monde commençait à prendre des photos de sa nourriture et les poster. Du coup, on a eu envie de détourner ça : reprendre les codes du beau, mais en les photographiant avec des choses laides. » Et en effet, à l’heure où le foodporn est partout, dans les campagnes, les villes, sur les réseaux sociaux… où chacun y va de sa photo de burger dégoulinant ou sa salade aux graines de chia healthy, le contenu est plutôt à-propos.
Au menu ? Des photos de chocolat au dentifrice, livre en jambon, et autre fouet en bonbons. Grrr… Autant de mises en scènes d’aliments industriels détournés pour donner naissance à des objets du quotidien peu ragoutants. Mais le tout, ultra aseptisé et sur fond coloré bien pop. Comment fabriquent-ils leurs mises en scènes ? Ils trouvent l’inspi chez Carrouf ? « On se nourrit un peu de tout. On se balade pas mal dans les supermarchés, les épiceries, les magasins, oui. Mais ça peut venir d’autres trucs aussi : on va voir un documentaire sur la mode par exemple et ça va nous donner des idées. » Le point de départ de leur mise en scène, c’est le titre. Un titre drôle, accrocheur, provocant, qui fait passer un message, d’ « Insert Coin » à « Tartine à mâcher ». Critique de la consommation, critique des canons de beauté, des tendances.. tout y passe. Mais le tout, sur un ton résolument drôle. « On fait un premier shoot, on voit si ça marche. Parfois la couleur n’est pas bonne et il faut tout recommencer. […] On a pas mal de sujets en stock, mais on a pas forcément trouvé comment les faire. Là, par exemple, on doit avoir 15-20 idées en stock. »
Partout où ils ont exposé, de Paris à la Affordable Art Fair de Milan, et bientôt au Grand Salon d’Art Abordable de la Bellevilloise à Paris les 11, 12 et 13 mai prochains, leur travail a été bien accueilli. Il fait sourire les gens. Et c’est un peu ça leur but, décoincer l’art un art contemporain qui se prend parfois bien trop au sérieux.
Avec tous ces projets à droite à gauche, est-ce qu’ils pensent encore à la BFC dans tout ça ? « Même si on vit tous les deux à Paris avec Nicolas, je reviens souvent en BFC. » explique Pauline. « J’ai ma famille ici. Il y a un client à nous aussi. » Et puis si tout continue à rouler, il y aurait bien moyen qu’ils organisent une expo à Dijon sous peu.
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- Nathalie Eyraud.
Photos : Beurkmagazine.