Il était en février au Festival GéNéRiQ à Dijon, à la Vapeur. Malik Djoudi et sa voix androgyne, un album en poche, est allé au grand rendez-vous des musicos. Sparse l’a rencontré au Printemps de Bourges, sur la scène des iNOUïS. Retour sur une carrière qui décolle entre pop rock et électro.

Ça explose, on te voit partout, t’as un véritable parcours, comment t’en es arrivé là ?

C’est un vrai parcours, une recherche, j’ai fait des groupes en anglais, j’ai fait de la musique à l’image quand j’étais plus jeune, j’ai commencé à gagner ma vie assez tôt, vers 20 ans, avec la musique. J’ai aussi fait des spectacles qui m’ont fait voyager un peu partout dans le monde. J’avais toujours en tête cette idée : “qu’est-ce que je voudrais faire, quel pourrait être mon projet musical ?” Aujourd’hui je pense avoir trouvé un axe, mon projet actuel, et j’en suis très heureux.

Tu le mènes de plein fouet, un album, une tournée, t’es en plein dedans ?

On est en plein dedans ouais, il y a cet album qu’on joue, qu’on défend, qui fait son petit bonhomme de chemin mais je pense toujours à la suite, je suis sur la construction du prochain album.

Bien ! Quand tu es en tournée, tu rencontres des mecs pour la promo mais il y a aussi le moment où tu joues, où tu voyages de scène en scène, tu te sens créatif dans ces moments-là ou t’es épuisé par la scène ? 

Quand on est en tournée, je suis avec mes potes, on avance mais c’est pas un moment de création. Ça arrive que j’écrive dans le camion, mais je préfère avoir ce moment de création chez moi.

Pour le projet, comment ça se passe, tu bosses en solitaire ?

Le premier album, je l’ai fait tout seul, chez moi. Le deuxième pareil et par la suite j’ai demandé à deux personnes de m’aider dont une pour mixer l’album.

Parle-nous de cet électro : cette chanson française mêlée à l’électro, c’est quelque chose de frais, qui se place bien aujourd’hui ?

J’ai fait avec les outils que j’avais, synthé, guitare et mon ordi pour composer. J’ai fait cette musique sans réfléchir à “Tiens je vais faire de la pop, synth pop, vraiment”. À l’avenir, je pense que je serai amené à aller voir d’autres horizons comme la folk, des choses plus orchestrales.

On est à Bourges, est-ce que tu ressens que c’est un festival professionnel, t’as une certaine pression avant de jouer ?

Malik Djoudi par Ph Lebruman

Pour moi, c’est un concert, les concerts je les vis à peu près tous pareils, c’est vrai que je me dis “Tiens il y a beaucoup de professionnels, faut vraiment assurer” mais ça passe vite !

Malik Djoudi, ses hobbies c’est quoi ? Le foot, la lecture, le théâtre… ?

Le spectacle vivant pas mal, j’ai travaillé dans la danse, j’ai écrit des musiques pour des spectacles auparavant, j’étais sur le plateau, je jouais aussi en tant que danseur-comédien. Parfois le sport aussi, mais pas le foot non. Je fais de la méditation aussi, et il y a le voyage surtout ! Je voyage dès que je peux.

C’est ce qui construit le Malik Djoudi d’aujourd’hui et de demain, ces voyages ?

Complètement. L’album est né après un voyage vers mes racines, le Vietnam. C’est le pays de ma grand-mère, ça a changé ma vie et quand je suis revenu, je me suis mis à écrire en français. Quand je voyage, je repars toujours avec quelque chose, peut-être en moi, mais c’est vraiment quelque chose d’important. Avant j’étais persuadé que jamais je ne chanterais en français, ma voix est très différente de l’anglais, j’étais très surpris.

As-tu des inspirations, des mecs qui sont ton fil rouge et qui te poussent à avancer ?

Les premiers albums de Blonde Redhead depuis toujours, oui ! Connan Mockasin, King Krule, James Blake, Bob Marley, Michaël Jackson, des artistes qui n’ont rien à voir. Gainsbourg aussi, mais pas dans ses textes, plutôt lui pour ce qu’il était.

T’es plutôt du genre à écouter les musiques du passé ou bien, comme t’es aux iNOUïS  t’en as profité pour écouter les nouveautés. La musique de demain t’intéresse ?

Ah oui complètement, c’est inspirant, certaines mises en scène par exemple, mais quoi qu’il se passe, si demain on entend que du hip-hop je ne me dirais pas “tiens je vais faire du hip-hop du coup”. Je ne fais pas ma musique en fonction de ce qu’il se fait, d’une mode. Je trouve que sur la scène française, beaucoup ne suivent pas forcément la mode aujourd’hui.

 

  • Interview réalisée par Benjamin Moreux

Crédits photos : Vincent Arbelet pour l’image à la une, Ph Lebruman pour la photo d’illustration