À l’occasion du festival Art & Rock organisé par One+One, Sparse est allé à la rencontre de Levitation Room, un groupe originaire de LA, pour discuter douceurs qui font tripper, sixties et voyages en Europe. On a donc retrouvé Julian et Gabriel pour l’interview. Ça se passait à l’Antonnoir, à Besançon.
C’est une nouvelle tournée européenne, vous avez sorti deux titres sous le label Greenway records il y a quelques mois, y a-t-il un nouvel album en vue ?
Julian : Oui on a un nouvel album, c’est presque fini et il sera sorti après la fin de notre tournée, à notre retour.
Levitation Room, la salle de lévitation, vous avez trouvé ce nom après que vous ayez pris des champignons, on peut connaître l’histoire ?
Julian : On a pris des champi’ un soir, on était au studio – Everydayzmusic (un ancien studio transformé en shop que le groupe possédait) – c’était la première fois qu’on en prenait tous ensemble. On a commencé à jouer de la musique, on s’éclatait. Ça a commencé à taper, je me tenais sur la scène, je me sentais vraiment bien, j’avais l’impression de flotter. Lorsqu’on a réfléchi à un nom, on a trouvé Levitation mais un groupe avait déjà ce nom alors on s’est demandé ce qu’on pouvait rajouter à Levitation et je me suis dit “hé on est dans une pièce, Levitation Room !”
Vous pensez que vous en êtes là grâce à ça, à cette soirée là ?
Julian : Personnellement, la première fois que j’ai pris des champi’ j’avais 16 ans, ça a changé ma vie. Aujourd’hui je vais sur mes 32ans et j’ai eu beaucoup d’expériences. Chaque fois que j’ai une nouvelle expérience c’est comme si je m’améliorais.
Everydayz music, c’est toujours ouvert ?
Gabriel : Non, en fait on s’est fait virés car ce n’était pas un deal officiel, le loyer augmentait chaque mois. C’était une bonne chose pour la communauté locale, pour les projets de musique mais ça n’a pas duré plus d’un an. Il y avait un studio dans le fond du magasin. C’était bien avant l’album Ethos.
« J’aime que la musique ait une âme, apporte des sentiments, et parfois l’électro emmène loin de ça. »
Vous êtes tous nés dans les années 80, ce que vous jouez et ce que raconte votre musique c’est plutôt les 60s, d’où est-ce que ça vient ? De vos parents ?
Julian : Pas pour moi non. J’ai découvert la musique par moi-même. Quand j’ai grandi, ma mère écoutait la station de radio Oldie, toutes les musiques des années 60. Ce qui est arrivé ensuite, c’est qu’on s’est dirigé vers la pop rock, on avait un groupe, j’étais le chanteur et les gars voulaient vraiment continuer dans le rock, un peu comme Johnny Thunders, Iggy Pop et moi je voulais plus aller vers les genres garage, 60s, blues, ce genre de choses et jouer de la guitare surtout !
Vous pensez aller de l’avant et peut-être changer de style par la suite ?
Julian : C’est difficile, on est dans les 60s mais on est nés dans les années 80 alors on connaît bien ces années là aussi, nos parents sont fans des années 80 et écoutaient beaucoup ces années là donc on ne peut être que des grands fans également, c’est difficile de choisir.
J’ai l’impression que beaucoup de groupes essaient de faire revivre cette période de la musique, et essaient de faire quelque chose de nouveau grâce à ce qui existe ?
Julian : J’aime la musique électronique et quand c’est intégré dans les chansons comme avec Pink Floyd mais ça s’est complètement perdu ensuite. J’aimerai bien en faire mais pas de trop non plus. J’aime que la musique ait une âme, apporte des sentiments, et parfois l’électro emmène loin de ça.
Burger Records est un gros label californien, vous avez un EP et un album sous ce label, mais pas le dernier EP, est-ce que c’est fini avec ?
Julian : On a jamais vraiment signé chez Burger. On s’est checké, et voilà. Ils voulaient qu’on signe, ils ont énormément de groupes sous leur label et c’est vraiment dur d’avoir de l’attention.
Gabriel : Ils ne se focalisent pas sur un groupe en particulier, c’est aussi des festivals. Ils nous ont beaucoup aidé cependant et c’est génial. Le prochain album sera sous le label Greenway Records, ils sont basés à New York, ils ont fait du bon boulot. Ils n’ont pas beaucoup de groupes et sont capables de se focaliser sur un en particulier.
« Je pense que j’ai une histoire pour chaque soirée durant notre tournée, quelqu’un que j’ai rencontré, un endroit où je suis allé, quelque chose que j’ai fait et on ramène ça avec nous, ça se sent dans nos chansons. »
Vous pensez que vous pourriez vous auto-produire, faire votre propre promotion etc ?
Julian : C’est beaucoup de responsabilités, on veut juste travailler avec des labels qu’on aime et qui peuvent nous aider.
À propos de l’Europe, c’est votre seconde tournée (première fois en 2016), est-ce que c’est différent ?
Gabriel : Etre en Europe c’est vraiment excitant, on est vraiment heureux d’être ici et même si on se retrouve avec 10 personnes au concert parfois, c’est sympa. Après, dans certaines villes, ça ressemble plus à eating, sleeping and waiting. Tu oublies vite toute la route que tu as fait, tu penses aux gens qui sont là, qui sont venus spécialement pour t’écouter, te voir, ça nous rend vivants, pleins d’énergie.
Vous dites qu’avoir pris des champi’ a changé quelque chose pour vous, est-ce que c’est tout aussi inspirant lorsque vous rencontrez de nouvelles personnes, lors de vos tournées et que vous découvrez de nouveaux lieux ?
Julian : Bien sûr, ça fait partie de l’expérience ! Aujourd’hui je suis capable de voyager et voir le monde tel qu’il est, rencontrer des gens tout le temps, c’est vraiment inspirant. Je pense que j’ai une histoire pour chaque soirée durant notre tournée, quelqu’un que j’ai rencontré, un endroit où je suis allé, quelque chose que j’ai fait et on ramène ça avec nous, ça se sent dans nos chansons.
Est-ce qu’on peut définir votre musique comme un été absolu et sans fin version amour et hippies ?
Julian : Totalement, c’est les 60s, 70s, une ambiance ensoleillée, c’est frais, et c’est le genre de musique que l’on veut jouer. Perso, je n’aime pas la musique sombre, mélancolique, je préfère rester loin de ça. J’aime la musique qui rend heureux, qui te fait te sentir bien, exactement comme les Beatles, où tu sais que tout ira bien même dans les pires moments, quelle que soit la merde que tu doives supporter.
Plutôt champignons ou du LSD (sachant que c’est la même substance active) ?
Julian : Les champi’ sont plus naturels, je préfère. J’aime la sensation, quand tu commences à “être dedans”.
Gabriel : Tu peux contrôler quand tu en prends et c’est cool, mais je n’en prends plus, je suis la réalité.
Hier vous étiez au Havre, vous pensez quoi de cette ville ?
Gabriel : C’est marrant, c’est une ville marrante ! Les gens étaient vraiment cool, super accueillants.
Julian : Ah c’était un peu bizarre car ils avaient des bâtiments et des routes vraiment droites, je sais pas comment ils ont construit ça.
- Interview réalisée par Célia Seramour et Sophie Brignoli
Crédits photos : Raphaël Helle – Signatures.