Clameur(s) ? C’est cet événement, organisé par les bibliothèques municipales de Dijon, où il est question de mots, de livres, de littérature. Après l’amour en 2017, cette année la gastronomie est à l’honneur !

Cette 6ème édition prendra place du 15 au 17 juin et ça parlera papilles gustatives, avec le thème “Les mots à la bouche”. Le but ? Créer un sas de sérénité, avec l’aide de la littérature, contre le brouhaha que nos vies suscitent, contre notre dépendance aux réseaux sociaux, qui saturent nos cerveaux de données paraît-il. La littérature comme calmant contre la connerie de l’humain du XXIème siècle ? On peut tenter non ? 

« Les mots, la littérature, sont essentiels à notre rapport au monde et permettent d’échapper à la dispersion, au syndrome hashtag » 

Cet événement est comme « un écho, voire une mise en bouche, à la Cité internationale de la gastronomie et du vin », qui ouvrira courant 2019, comme en témoigne Marie-Hélène Fraïssé, directrice littéraire chargée de la programmation de Clameur(s). Après les thèmes de l’amour en 2017 et la migration en 2016, elle a proposé ce thème car « dans une région éminemment gastronomique, les préoccupations que l’on peut avoir sur l’excellence du goût et enjeux de société, peuvent être enrichies par la littérature ».

Pour illustrer cette diversité, sur trois jours de festival, ce sont pas loin de 33 auteurs, 22 éditeurs et autres invités, qui sont conviés pour clamer leur amour des mots. Pour ouvrir le bal, c’est Jean-Luc Petitrenaud qui se déplace. Depuis ses Escapades sur France 5, il a sorti un livre, Bienvenu chez moi (Flammarion, 2016), où il livre l’autobiographie de son palais. Pour cette rencontre, vendredi, il reviendra sur l’origine de son amour de la bonne bouffe et des mots qui s’y réfèrent.

Ce qui est cool, c’est que ces trois jours mettent en avant une pluralité d’histoires, de formats ; fictions, essais, polars, revues, des auteurs et éditeurs locaux comme connus mondialement. L’échange et l’expression, sont, pour trois jours, ducs et duchesses de Bourgogne, et ouais magueule ! Okay, je m’emballe peut-être un peu mais samedi, à 11h et 12h30, des thèmes de société seront aussi abordés, comme nos habitudes alimentaires et les dérives de la consommation de masse, avec les auteurs Catherine Simon (Mangées, une histoire des mères lyonnaises, Sabine Wespieser Eds, 2018) et Véronique Richez-Lerouge (La vache qui pleure! retour au lait naturel, une question de santé, Nouveau monde éditions. Paris, 2016). 

Les libraires locaux sont aussi mis sur le devant de la scène avec des lieux, comme la Cour de flore, l’Hôtel de Vogue ou la Place des Cordeliers, qu’ils se réapproprient, le temps du festival, pour créer des librairies éphémères. Une sélection d’ouvrages est sortie de ses sombres étagères, pour se retrouve, le temps d’un week-end, au soleil (l’espoir fair vivre !).

Des invités spécialistes des sens, passionnés des papilles, seront là, comme vendredi, avec l’auteur Benoit Peeters (Comme un chef, Casterman, 2018), qui, avant d’être l’élève de Roland Barthes et écrivain de renom, a connu une brève carrière de cuisinier à domicile. Il y aura ensuite David Le Breton, sociologue des représentations du corps humain, qui analysa dans La saveur du monde (Editions Métailié, « Traversées », 2006) les bienfaits d’une attention portée aux sensations du goût. Ces rencontres sont conçues pour « mettre en conversation le débat d’idées concrètes, de l’ordre de l’analyse, avec le monde de la fiction, de l’ordre de l’imaginaire » ajoute Marie-Hélène Fraïssé.  

Entre des poèmes louants les grâces de plats élaborés, un roman sur les madeleines de Proust de la grand-mère, et un sociologue qui explique à quel point l’homme « éprouve son existence par des résonances sensorielles » (D.Le Breton), Clameur(s) fera voyager ses participants, même les moins lecteurs d’entre nous. 

 

  • Chloé Guillot 

Photos : Bibliothèque municipale de Dijon. 

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Clameur(s), du 14 au 17 juin 2018.