Dans le numéro 16 de Sparse, sorti en septembre 2016, nous vous proposions un portfolio 100 % planche à roulettes. Dans la banlieue dijonnaise, à Longvic, des modules en béton poussaient sur un ancien terrain de tennis. Le DIY (son p’tit nom) était le projet un peu zinzin de skateurs qui en avaient marre d’attendre un hypothétique skatepark digne de ce nom dans la cité de la moutarde. Ils s’étaient cotisés et avaient commencé à construire leur paradis dans un no man’s land. Mais la semaine dernière, la pelleteuse est passée. On a recontacté Charlot, le moteur de cette aventure.

« On s’en doutait plus ou moins. On est dégouté mais c’est comme ça. C’est la suite de choses. La cantine pirate « La Carotterie » a bien été expulsée aussi…».  Un marquage au sol avait été fait quelques jours avant annonçant la destruction. Depuis notre reportage, le park avait sacrément grandi. Sa taille lui permettait accueillir une quarantaine de riders. Le terrain, propriété de la ville, était en vente depuis 2017 et vient de trouver acheteur. « Je suis allé sur place mardi midi et j’ai vu le gars dans sa pelleteuse. Lui aussi, il était dégoutté : il se rendait bien compte de tout le travail qui avait été fait ». Selon ses comptes, les skateurs ont passé 9 tonnes de béton, 2 tonnes de parpaings et « 50 à 60 tonnes de remblais, à la brouette ! ».

Charlot avait bien contacté la marie pour essayer de nouer un dialogue avec les autorités. « En 2016, je devais avoir un rendez-vous avec le maire ou un adjoint. Finalement, au dernier moment, on m’a dit que je ne pourrais pas être reçu. » Pour être totalement honnête, Charlot nous précise qu’il a eu un entretien téléphonique, officieux, avec un adjoint qui lui avait assuré que la mairie ne voyait pas d‘un mauvais œil leur occupation mais que le terrain risquait d’être mis en vente.

Un projet secret de skatepark à Dijon ?

Derrière le fatalisme et la lutte entre le légal et l’illégal se pose à nouveau au grand jour l’accueil des riders dans l’agglomération. Longvic peut se targuer d’avoir fait pousser une mini rampe à quelques encablures du DIY. Problème, le spot est mal fait. La ville serait même en procès avec la boite qui fait la rampe. Hormis le skatepark vieillissant de Dijon, nul espace ne peut les accueillir. Le dernier park ouvert, dans le quartier de la Fontaine d’Ouche, a été partiellement rasé mais surtout, contrairement à des promesses faites sur le moment, jamais remplacé.

Un « projet secret de skatepark », dont on nous en parle depuis deux ans sous couvert d’anonymat par peur de griller le projet, de précipiter les choses, de vexer, devrait voir le jour à Dijon. Arlésienne ou réalité ? En attendant (Godot?), vous risquez cet été de voir quelques troupes de skateurs manifester ici ou là pour réclamer un lieu d’accueil et faute de mieux rider les places du centre-ville avec à leur trousse la maréchaussée tentant de les verbaliser.

  • Martial Ratel

Photos : Vincent Arbelet