Tous les mois, Sparse refait le portrait d’un artiste pour La Vapeur. Ce mois-ci : Bertrand Belin. Garanti sans gâteau apéro.

Je vous fais la vanne sur les crackers Belin ? Non ? Bon alors allons-y. Une veste cintrée, une chemise impeccable, des pompes cirées, une mèche parfaitement laquée, un bouquin sous le bras, une voix ronde et grave de fumeur de gitanes… Belin, c’est un style : la classe. Le dandy à la française. Le définition du dandy ? « Homme à l’allure précieuse, originale et recherchée, et au langage choisi ». Exactement Bertrand. Car Bertrand, ce n’est pas que des fringues et une coupe de cheveux, c’est aussi des mots : le langage choisi, les références, la poésie… Il nous raconte des belles histoires… auxquelles on ne comprend pas tout, mais c’est ça Bertrand Belin. Est-ce que tu comprends tout quand tu écoutes des chansons en anglais ? Non, arrête de faire croire que tu es parfaitement bilingue. Bertrand, c’est pareil, c’est la musique des mots qui les rend aussi beau, au-delà de leur sens.

Sur Persona, son dernier album, il nous livre une pop folk americana à la française, planante et bien épurée, mais il me dirait certainement que mes mots sont mal choisis… Parce que je vous colle des étiquettes grossières pour que vous vous repériez dans la jungle des styles musicaux, mais Bertrand n’a rien de vulgaire.

Il joue pour lui mais aussi pour les autres, comme un numéro 10 au foot. En fait, Belin, c’est le Zidane de la chanson française. Il distribue des passes à JP Nataf, les Liminanas, ou encore notre Bastien Lallemant, car le Dijonnais s’est fait réaliser son album Le Verger en 2012, par Bertrand Belin.

En plus, il compose des musiques de film, fait un peu le comédien, peut refaire les niveaux de la bagnole, pêcher à main nu dans l’océan en face de son Quiberon natal, et écrit des bouquins. Son derniers, Grands Carnivores, est sorti presque en même temps que Persona. Au sujet de l’écriture, il nous dit : « Les chansons, ça implique l’oral. Et donc l’oral implique mes obsessions et mes marottes. Alors que l’écriture au long cours d’un livre ne procède pas du tout en moi de la même trajectoire. Elle me permet d’être moins en contact avec le regard et de m’évader par la pensée. Ce sont deux géographies différentes pour un même voyageur ». T’as pas tout compris ? Normal. Béber n’a pas spécialement envie que tu comprennes tout. Ça lui laisse un côté mystérieux, c’est pour ça qu’on l’aime.

  • Chablis Winston

Bertrand Belin – Chevalrex, le 16 mars à La Vapeur

Crédit photo : Bastien Burger