Mais bordel, qu’est ce qui s’est passé vendredi dernier dans les tribunes du stade Gaston Gérard, ou pas ?

Une onde de choc. Toute la presse française, voire internationale, en parle. Dijon dans l’œil du cyclone… Et pas en bien. Des cris de singes ont été entendus dans la tribune nord. Des cris racistes très sales.

Prince Gouano, le capitaine d’Amiens, a été la cible de ces cris venant d’un spectateur dijonnais pendant la 2e mi-temps du match. Il décide de quitter le terrain avec son équipe. Une première en Europe. Les joueurs dijonnais embrayent aussi. Le match est arrêté quelques minutes. Prince est devenu un symbole. Le stade Gaston Gérard aussi… La machine médiatique s’emballe.

Le club de Dijon a aussitôt porté plainte. Forcément, ne voulant pas passer pour un club complaisant envers ce genre de choses, c’était la chose à faire.

Que toute la presse s’en empare ne parait pas anormal. Quoi de plus odieux que des cris de singe pour interpeller un joueur noir ? Une putain de honte. Tout le monde condamne. Y compris les Lingon’s Boys, le club de supporter du DFCO, qui, dans un communiqué réaffirment leur côté antiraciste, et disent ne rien avoir entendu, alors que le fautif serait un des leurs…

Côté club, Alexandre Synordzki, le monsieur sécurité du club, nous informe qu’un stadier, en plus de Prince Gouano, affirme avoir entendu ces cris de singe, répétés. Les infos ont été transmises à la police, le suspect a été arrêté, mis en garde à vue, et relâché sans être mis en examen ni sous contrôle judiciaire. L’enquête continue…

Le suspect (désormais simple témoin assisté) est défavorablement connu du club… Il s’est déjà battu dans l’enceinte et a déjà été interdit de stade en 2017. Le mec n’est peut être pas un enfant de chœur.

Pour couronner le tout, pendant la première mi-temps de ce même match, un spectateur, toujours recherché à l’heure où on écrit ces lignes, a poussé un stadier dans le dos devant nos yeux alors qu’il empêchait les ultras de déployer une banderole (interdite par le club). N’importe quoi. Dangereux… Et c’est vrai aussi que certains types dans le kop (je dis bien certains) aiment bien boire de l’alcool au stade, certains aiment carrément se battre avec les supporters adverses… pas malin… Et ça pose forcément problème au club, on peut le comprendre. Mais est-ce que ça en fait pour autant des racistes qui poussent des cris de singe ? Non. Et c’est bien ça le problème… On était dans le stade ce soir-là. Justement en tribune nord, et à 10 mètres maximum des événements. On n’a rien entendu, du tout. Les Lingon’s n’ont rien entendu, personne en tribune n’a rien entendu, même les voisins du mec interpellé. Qu’ils soient ses potes ou pas… Et je dois dire que ce côté-là du stade était outré que les joueurs d’Amiens nous fassent passer pour des racistes (même si on sait maintenant qu’ils ne désignaient qu’une seule personne).

Le fait est que le groupe des Lingon’s est réputé pour être proche des milieux Antifas.Jean-Jean, taulier de l’asso Maloka, qui gère les Tanneries, squat historique de Dijon et rendez-vous bien connu des Antifas de France, et le Black Market, librairie disquaire alternative en centre ville de Dijon, était présent également au stade ce soir là. Il est abonné en tribune nord et se trouvait à quelques mètres derrière le désormais ex-suspect : « Le gars qu’ils accusent, il était au Black Market le jour même pour acheter des disques ». En plus, les Lingon’s organisent leurs soirées de soutient aux Tanneries, « C’est quand même pas anodin d’organiser ses soirées avec des groupes de punk aux Tanneries… La dernière fois ils on chanté Antifa! Antifa! pendant une demi heure à la fin du concert. On a aussi organisé avec eux des conférences autour du mouvement ultra. Ces accusations, ça n’a pas de sens. Franchement, c’est impossible qu’il ait crié des trucs comme ça, je suis à 3 mètres. D’ailleurs je ne sais pas comment le joueur a pu entendre de la pelouse, il était bien plus loin que nous et nous, on n’a rien entendu, ni moi ni les blacks qui étaient assis juste devant moi. »

Même si c’est pas parce qu’on a des amis antifas qu’on l’est forcément, entendre des insultes de ce genre sortir de leur bouche semble totalement improbable.

L’enquête n’est pas finie. Mais rien de nouveau depuis qu’on sait que le suspect n’en est plus un. Les Lingon’s, qui font vivre le stade, marchent sur des œufs. Ils jouent gros et ne veulent pas en dire plus pour le moment. Le club ne voit pas de raison de douter du témoignage de Prince Gouano et de son stadier. La tribune nord n’a elle, rien entendu… Alors que des saletés, on en a entendu ce soir là. La meilleure restant « Amiens, va sucer ta mère ! » ce qui est a priori impossible, hein, mais rien de raciste.

Loin de moi l’idée de dire que Prince Gouano (qui n’a, lui, pas porté plainte) a menti pour réussir à interrompre un match. Il est certainement de bonne foi. Il a certainement dû entendre quelque chose. Et certainement des insultes. On est dans un stade de foot. Y’a du bruit et des noms d’oiseaux qui fusent. C’est pas malin mais c’est comme ça. Faut faire attention, faut pas s’emballer. C’est sensible, et très facile de dire que le racisme c’est pas bien. Mais encore faut-il que ça en soit.

Si il s’avère, au bout de l’enquête, qu’un mec a vraiment craqué en poussant des cris de singe, qu’il dégage, et prenne cher. Et que les Lingon’s fassent le ménage chez eux. Mais si ce n’est pas avéré ? Parce que, bon, le soit-disant coupable était au premier rang, donc facilement visible des caméras dont les images ont déjà été épluchées, et il a été relâché… Imaginons qu’il n’y ait pas eu de cris racistes ? Comment on règle ça ? On n’aura malheureusement pas d’excuses et moins de gros titres pour laver l’honneur de la tribune… et c’est dommage.

  • Chablis Winston