Journaliste, grand reporter, productrice d’émission radio… Marie-Hélène Fraïssé a toujours baigné dans les arts et la culture. On a taillé une petite bavette avec celle qui est également en parallèle, conseillère littéraire du festival Clameur(s) qui se tiendra à Dijon du 14 au 16 juin. Rencontre.

Clameur(s), qu’est-ce que ça représente pour le public ? Et pour vous ?

C’est la 7e édition, et nous sommes tous très fiers de cet évènement ! C’est un engagement annuel, très important pour moi, et dans lequel j’investis beaucoup d’énergie. C’est un beau moment que ces 3 jours ! Chaque année, on essaie de créer un moment chaleureux, un moment « d’intelligence », de partage, préparé avec beaucoup de soin par les équipes des bibliothèques de Dijon ! On se retrouve et on essaye d’affiner les choix, de se signaler des choses… c’est un travail très collégial, et gratifiant.

Après les migrations, la gastronomie, le thème de cette année est l’art. Hasard du calendrier avec la réouverture du Musée des Beaux-Arts ou prévu depuis longue date ?

Les deux !  Ce n’est pas un mariage de raison, mais plutôt un mariage d’amour ! Dans un premier temps, dans le « grand thème » de la littérature, on trouve un florilège d’œuvres littéraires directement en lien avec la préoccupation artistique visuelle, de la peinture en passant par la sculpture, la photo, le cinéma… Ça va de la biographie d’artistes, aux romans avec des problématiques ou personnages en lien avec l’art… Et cette année on célèbre, si je puis dire, les 500 ans de la mort de Léonard De Vinci (1452-1519 ndlr). Je ne saurais pas dire le nombre de romans à propos de lui, sa vie, ou ses œuvres ! La littérature se nourrit bien évidemment des autres arts, et inversement.

Dans un second temps, effectivement ça fait un bout de temps que ça nous trottait en tête. Et il s’avère que c’est une très bonne occasion, très cohérente. Introduire de très bons écrivains dans ce dispositif de la réouverture du musée est très positif ! Tant pour le public, que les auteurs présents, et la ville de Dijon (le Consortium est également associé au dispositif). Ca créé une ambiance, une préoccupation commune autour de l’art en utilisant la qualité du regard et d’expression de l’écrivain. Il y a une nécessité réelle à être en contact avec l’art, et les écrivains nous y aident.

Un des rendez-vous principaux de Clameur(s), depuis plusieurs éditions maintenant, ce sont les « Plaidoiries pour un polar », qui changent de créneau cette année..

En effet, elles passent de l’après-midi au samedi soir. Pour ces plaidoiries délirantes autour des bouquins, le public est en général très enthousiaste et les avocats très marrants ! Ces avocats du barreau de Dijon, qui devront défendre du mieux qu’ils peuvent les auteurs présents dans un faux procès ! Ça se passera le 15 juin dans la Cour de Bar, au pied du musée des Beaux-Arts. C’est un cadre très ouvert, chaleureux, et l’entrée est libre et gratuite dans la mesure des places disponibles bien sûr.

Avec l’avènement du multimédia et de l’informatique, est-ce que la littérature a perdu sa place d’antan dans le paysage médiatique ?

Certes il y a beaucoup plus de littérature populaire, « issue » des séries TV, mais il y a plus de lecteurs. La Littérature est devenue plus exigeante, qui a d’autres objectifs plus élevés que le simple divertissement. Elle cherche effectivement à promouvoir le livre en tant que tel, mais aussi et surtout la lecture !

Je suis née dans les livres, mon père était imprimeur. Donc la personne en moi qui aime la lecture et la littérature, vous dira qu’elle est maintenant beaucoup plus accessible notamment via internet, les liseuses etc. En revanche, le livre papier a un peu plus de difficultés sur le plan économique. Les livres passent de mains en mains, s’échangent.. il n’y a qu’à voir ces petites « boîtes à livres » qui fleurissent un peu partout. Donc on lit toujours, pas d’inquiétude. Et il faut continuer ! C’est ce qui nous donne une meilleure compréhension du monde, qui nous fait nous sentir moins seuls, nous donne des clés pour avancer… Pour résumer, la scène générale s’est beaucoup modifié depuis une vingtaine d’années, mais le rapport au texte n’a pas changé et reste toujours « guérisseur ».

Vos moments les plus attendus de cette édition ?

La soirée du 13 juin au Consortium, un préambule avec l’artiste Yan Pei-Ming et Bernard Marcadé, critique d’art. Un beau moment en perspective, quand on sait la complicité entre ces deux-là !

Le lendemain, j’échangerai avec Pascal Quignard Cour de Flore. Pascal est un grand amoureux des arts. Écrivain, musicien (violoncelliste et pianiste), c’est quelqu’un de très intéressant. Nous échangerons autour de sa passion pour la peinture, et il jouera quelques pièces au piano. Un moment très intimiste, très joli.

L’évènement et les différents ateliers sont entièrement gratuits, ce qui se fait de plus en plus rare. La connaissance littéraire ne se monnaie pas ?

Vous savez, je reste accrochée à cette idée que la culture se doit d’être accessible au plus grand nombre. Dans la mesure du possible, l’aspect financier ne doit en aucun cas être une barrière à la culture, à son accès. C’est le cas pour Clameur(s), mais malheureusement tous n’ont pas cette chance.

  • Propos recueillis par Cyrille Pichenot

Crédit photo : Isabelle Lévy-Lehmann