« Les Vaîtes avant l’éco-quartier », une démarche éphémère, poétique et sensible portée par l’artiste Anaïs Florin, pour Bien Urbain. Le projet met en lumière le quartier des Vaîtes, véritable coin de campagne dans la ville, menacé par un projet d’urbanisation.

Des jardins, des arbres, des fleurs… Une série de 24 photos, 24 affiches, bucoliques et mélancoliques, comme témoins d’un passé qui n’est pourtant pas encore révolu. Une démarche artistique autour du quartier des Vaîtes, jusqu’alors préservé du béton, en proie à un projet d’éco-quartier porté par la Ville de Besançon. Pour David Demougeot, coordinateur du festival Bien Urbain, «cette démarche amène un discours sur les Vaîtes qu’on n’avait pas jusqu’alors. Il y a le discours de la Mairie, le discours des militants, là c’est une parole plus apaisée et sensible qui apporte une autre dimension, une autre vision». Une réappropriation artistique du sujet portée par l’artiste espagnole, Anaïs Florin, qui a choisi, dans son travail, de mêler art et activisme dans une dynamique d’écoute et de collaboration avec les personnes des territoires concernés : «Pour ce projet, j’ai rencontré et échangé avec les jardiniers des Vaîtes afin de comprendre ce qu’il se passait sur ce territoire, les enjeux de cette « bataille ». Ce projet avait pas mal de similitude avec les actions sur lesquelles je travaille habituellement, en lien avec les luttes de territoire ou des mémoires de territoire victime d’aménagement ».

ANAIS FLORIN_BIEN URBAIN

Pendant quelques jours, les bisontins ont donc pu découvrir ces affiches en lieu et place des traditionnelles publicités dans les arrêts de tram et de bus. Une réappropriation de l’espace public comme aime le défendre l’association Juste ici, organisatrice de Bien Urbain «Ce n’est pas la première fois qu’on utilise les panneaux publicitaires. Ça devient presque une habitude. On a la possibilité en tant qu’artiste, mais aussi en tant que citoyen, de s’approprier ces espaces d’expression qui ne sont pas du tout égalitaires dans la façon dont ils sont imposés, uniquement dans une logique commerciale, marchande. Là-dessus, il y avait déjà un vrai parti-pris de la part de Bien Urbain de se dire que l’espace public est aussi un espace de lutte et que le discours commercial pèse beaucoup trop dans la balance » détaille David Demougeot.

L’affaire est sensible et la démarche audacieuse de la part du festival au moment où les travaux du futur éco-quartier ont été suspendus par le tribunal administratif, le 2 mai dernier. « Dès le départ on savait que le sujet était sensible vis-à-vis de la Mairie mais en même temps, encore une fois, c’est une parole artistique. Les choses sont nuancées, cela met en valeur quelque chose qui est très factuel, je ne trouve pas cette action si coup de poing que cela, cette opération est poétique. Effectivement, ça fait davantage circuler une question, après ce n’est pas militant dans le sens ou ce n’est pas univoque. Le message n’est pas «Sauvez les Vaîtes!». Les gens sont libres de se faire leur idée. Nous sommes là pour assumer la parole de l’artiste ».

ANAIS FLORIN_BIEN URBAIN

Concernant l’affaire des Vaîtes, l’avenir nous le dira, d’ici là, tu peux déjà venir faire un tour à la Rodia ce week-end où se déroulera la clôture du festival Bien Urbain. L’occasion de récupérer des cartes des œuvres mises à jour, prendre part aux conférences, ateliers et débats (dont « Mais qui veut la peau de l’Art dans la rue?», de 19h à 20h30, animé en grande pompe par ton média préféré) et fêter comme il se doit la fin de cette 9e édition!

  • Audrey Poulsard

Crédit photos : Kristina Bohres