La grande enseigne commercialise une moutarde de Dijon « fabriquée en Côte-d’Or », avec des graines cultivées au Canada. Un joli tour de passe-passe pour embrumer l’esprit du consommateur.

Certains ne le savent pas forcément, mais la moutarde de Dijon n’est pas une appellation d’origine contrôlée, c’est à dire que tout le monde peut en faire depuis n’importe où, de Gueugnon à Roubaix, et l’appeler « moutarde de Dijon » si tant est que la méthode de fabrication soit respectée. Parce que les graines de moutarde, elles ne sont pas du tout cultivées – en majeure partie – en Bourgogne, mais au Canada.

Carrefour ne ment pas sur l’étiquette du pot : « La moutarde de Dijon Carrefour bio est fabriquée en Côte-d’Or à partir de moutarde cultivée au Canada et de vinaigre d’alcool d’origine européenne ». L’usine de fabrication est bien ici. On peut simplement dire que Carrefour veut se la jouer authentique avec cette belle illustration « Fabriquée en Côte-d’Or » sur le devant de l’étiquette. Vieille technique marketing pour… ? Pour vendre plus. Alors ok, ce n’est pas la première ni la dernière enseigne à abuser de ce genre de technique pour filouter le consommateur, mais c’est toujours bien de l’exposer.

Oui, la graine de moutarde se cultive à nouveau dans le coin

Pour les puristes, vous pouvez aussi consommer de la moutarde de Dijon fabriquée à partir de graines de moutarde cultivées en Bourgogne. Un article complet de Reporterre.net en faisait l’écho il y a deux ans : « Depuis les années 1990, la graine de moutarde pousse à nouveau en Côte-d’Or et, plus récemment, dans d’autres départements de France. C’est le résultat d’une dynamique lancée par la moutarderie Fallot, à Beaune. Elle a créé à cette époque l’Association moutarde de Bourgogne (AMB), composée de l’Association des producteurs de graines de moutarde de Bourgogne et d’autres moutardiers, dont Amora-Maille, Européenne de condiments, Reine de Dijon et les Établissements Fallot. Ensemble, ils ont œuvré à la création de l’indication géographique protégée (IGP) Moutarde de Bourgogne. »

Bref, pour ne pas se tromper, l’astuce Sparse : ben… regardez sur l’étiquette lorsque vous êtes au supermarché ou chez le commerçant.

  • Pierre-Olivier Bobo / Photo : @gaetan