TRIBUNE – Bordel, je mate le foot depuis vingt ans. J’ai rempli tous mes albums Panini jusqu’en 2004. Ça s’est arrêté brutalement du jour au lendemain, j’avais plus de pognon pour acheter les vignettes les plus rares, comme celles de la légende du jeu Michael Pagis du FC Sochaux-Montbéliard. Bah ouais, 2004,  je rentrais à la fac, fallait manger des cannellonis en boite à la Cité U. Et garder le peu de thunes qu’il y a dans la poche d’un étudiant pour gratter une « date » avec une meuf à la pizzeria Marco Polo. Bon je m’égare, mais ce que je voulais dire au départ, comme l’amoureux du football que je suis, c’est qu’il est compliqué, mais vraiment compliqué de ne pas pioncer ou rager devant les derniers matchs du DFCO.

Deux matchs nuls arrachés dans la douleur, deux points en sept matchs. Lanterne rouge de la Ligue 1 Conforama. Seule équipe à ne pas avoir gagné un match. Bon, dans le board dijonnais, on commence à avoir les oreilles qui chauffent un peu. Ce début de championnat est coton, et par bien des aspects, catastrophique. Faut bien l’avouer. Mais ce début d’exercice est aussi énigmatique. La vérité est ailleurs. Salut Dana Scully.

Le DFCO est maladroit devant le but. C’est ce serveur du Buffalo Grill de Marsannay qui envoie ta pièce du boucher sauce américaine sur tes pompes. Ils raterait un éléphant dans un corridor comme on dit. Seulement deux « cachous » depuis la reprise. Une stat folle relayée par les médias et le site Opta vient corroborer cette incapacité chronique à marquer, le DFCO a frappé 96 fois au but après 7 journées, et c’est un quasi record, le club se place, si l’on prend les 5 grands championnats, juste derrière Liverpool et Manchester City. Un truc de ouf ! Prenez le match contre Marseille, Dijon a donner le tempo, fait le jeu, s’est montré offensif et là encore 16 frappes, aucune ne fera mouche. Toutes les tentatives Dijonnaises sont des coups pour rien. Les joueurs tirent à blanc. Avec eux, on est loin de l’équipe qui joue un jeu clinique, voire létal, comme peut l’être Angers, une équipe de même calibre. Pourquoi ? Les joueurs sont-ils pétrifiés quand il faut mettre un plat du pied sécurité ? Sont-ils maraboutés par un gars qui est capable de te ramener ta femme sous deux semaines alors que t’es en plein divorce ? Bref, je ne me déplace plus à Gérard les samedis, je préfère définitivement regarder une connerie comme Pékin Express ou des vieux épisodes de Columbo sur TMC. Parce que quoiqu’il arrive l’affaire est cousue d’or, le DFCO perdra.

Alors, le supporter de base, le douzième homme se frustre. Non, mais sans déconner, un ticket pour la tribune Dijon Céréales s’échange contre un ticket resto en ce moment. C’est flippant. C’est difficile de diagnostiquer la maladie DFCO. Ce qui est fou, c’est que l’équipe n’est pas mauvaise, ça court des deux côtés du terrain, ça fait circuler le ballon. Mais quand tu plantes pas et que ta défense Aguerd et Ecuele Manga prend l’eau, ça devient hardos de gagner un match.        

Marquer plus de buts que l’adversaire

On rappelle les principes du football : MARQUER PLUS DE BUTS QUE L’ADVERSAIRE. Le point culminant de cette poisse étant ce déplacement à Angers et ce CSC venu de l’espace de Ngonda. Minable. Bon, historiquement, on a toujours été assez nul à Dijon, il y a eu vaguement un mec comme Benjamin Corgnet qui jouissait d’un fort crédit à l’époque en Ligue 1. Mais depuis qu’elle s’appelle Conforama, la vie du supporter à Dijon, c’est trois comprimés de Temesta, un espoir, et une désillusion.

Enfin, il faut parler de ce mercato estival. Notre cher président Olivier Delcourt est un visionnaire. Un président ventripotent, et virevoltent. Qui a également une grande gueule et des idées. Je m’explique, Olivier voulait une révolution de palais, il l’a eu ! Mais une interrogation subsiste : comment peux-tu filer des bons de sortie à deux joueurs majeurs de ton effectif : Naïm Sliti et Wesley Saïd ? Laisser filer ton facteur X, le chouchou de Gaston Gérard, Chang-Hoon Kwon à Fribourg ? Le plan de restructuration est complètement absurde. Et puis, il y a eu l’épisode Benjamin Jeannot. A la fin du mois d’août, on entendait dans les coursives du club que Benji (Monsieur Praline des 30 mètres contre le PSG en 2017) voulait également partir. Il a tellement peu d’égard pour le DFCO, qu’il est parti en Ligue 2 à Caen. Bref, c’est la bérézina totale.

Ou comment te faire « schlasser tout un été ». Et pour enfoncer le clou, mais là, c’est la faute à « pas de chance » comme dirait Florian Maurice sur OL TV, tu perds sur blessure ton meilleur buteur et ta plus fine gâchette : Julio Tavares. Et ça te plombe ton début de championnat. Mais Olivier et ses scouts, niveau commerce, ils sont bétons. A l’intersaison, on voit arriver deux jeunes joueurs de la Juve, pas des contender, hein, mais des jeunes espoirs : Mavididi et Perreira. Mavididi est prometteur, il s’intègre progressivement au groupe. On ajoute à ça deux gars de Ligue 2 péchés au RC Lens : Chouaiar et Keita. Pas mal. Mais l’équation n’est pas bonne. Offensivement, il manque à Dijon, un finisseur. Un mec capable de te planter 15 buts par saison. À la Ribas. On mérite, comme le Stade Brestois, d’avoir notre Gaëtan Charbonnier à nous .

Un coach à la hauteur ?

Après ces états de faits. Il faut parler du coach. Car l’homme qui a les fesses qui font bravo en ce moment se nomme Stéphane Jobard. Steph, c’est un éternel optimiste. Il doit être témoin de Jéhovah. J’ai rarement vu un mec avec une banane jusqu’aux oreilles après une défaite. Steph, c’est un historique du club, et un amateur de bon pinard. Ancien joueur du DFCO, il a été dans le staff longtemps comme entraîneur adjoint, et a même fait une pige à Marseille aux côtés de Rudy Garcia. Mais voilà, le mec n’a pour l’instant pas su inculquer un esprit de gagneur à son équipe. Et ça n’engage que moi, mais Steph’ s’y connaît autant en mise en place tactique que Nelson Montfort en MMA. À chaque conférence de presse, on sent un gars un peu dans le déni, « mes joueurs sont solidaires, jouent bien, font le jeu, et on est mal payé », « ce qu’il nous manque, c’est l’efficacité », tu m’étonnes mec ! Ton équipe n’a scoré que 2 buts en sept matchs ! Ce qui me déplaît chez Steph Jobard, c’est son manque d’ambition, sa trouille de pousser une gueulante et de faire bouger les lignes au club. On avait le droit deuxième partie de saison dernière à un homme en tout point opposé : Antoine Kambouaré, un gueulard, une vraie tête de pioche qui a fait le taff même si c’était pas reluisant. Mais il s’est cassé. Maintenant il nous reste monsieur tout sourire.

Il y a bien une satisfaction côté terrain, on a un Bryan Soumaré ultra prometteur, un meneur de jeu solide, titulaire pour la première fois contre l’OM cette semaine. Mais dans les deux zones de vérité, le DFCO est ric-rac. Derrière, la hiérarchie des gardiens n’est pas résolu, les latéraux se font prendre dans leurs dos. Et devant, bah on a pas un mec qui cadre, les frappes sont molles ou écrasées, cette équipe manque cruellement de caractère et de personnalité.

Et puis, mince, quand tu as pas un effectif pour jouer les premiers rôles, tu joues sur l’aspect défensif, regroupé, tu suis les préceptes de Pablo Correa,  tu mets « l’autobus » devant ton but. Tu resserres les lignes, mais non ! Ce DFCO cuvée 2019/2020, ça n’attaque pas avec efficacité et ça ne défend pas avec envie. Faut-il regarder le bateau couler ? Je propose au capitaine Stéphane Jobard de quitter le Titanic et d’embarquer les musiciens avec lui. Et on formera avec les trois ou quatre supporters qui restent une chorale funéraire pour accompagner le club à sa date de péremption. La 38ème journée gros, soir de relégation. Ou alors miracle pour paralytique à Lourdes, Dijon prend feu dès le prochain match. Et se fait prêter Cavani contre 500 boutanches de Romanée Conti.

  • Julian-Pietro Giorgeri