Lee Fields sera en concert à La Vapeur samedi 19 octobre. Vrai portait d’un Lee Fields fantasmé, ou faux portrait d’un Lee Fields trop grand pour les peintures écrites. À vous de voir.

Le petit Elmer Lee Fields naît en Caroline du Nord en 1951. Très vite, il se fait appeler Lee car il sent que Elmer, ça va pas trop le faire dans le milieu. Avoir le même nom qu’un éléphant de toutes les couleurs, c’est ringard. Ce sera Lee tout seul. Petit, il est toujours en train de chanter du Ray Charles, du Sam Cook ou du Big Joe Turner en livrant le journal.

Repéré dans les radio crochets de sa région, il commence à tourner à la fin des années 60 grâce à sa voix de velours. On l’appelle «Little JB». Forcément, regardez-le, on dirait James Brown qu’on aurait tassé en lui appuyant sur la tête. Lee en joue en l’imitant sur scène jusqu’au moindre geste, y compris le fameux grand écart facial, ce qui coûta à Lee plusieurs pantalons de scène et un problème aux adducteurs qui l’a suivi pendant longtemps. En effet, à l’époque, imiter James Brown, ça rapporte. Et Lee a toujours assumé l’imitation, pas comme Gad Elmaleh. Il a ce côté sosie vocal et physique du Godfather of Funk qui le suit. Mais Lee Fields n’est pas qu’un ersatz de James Brown, loin de là.

À partir de la fin des années 70, tout part en vrille. Lee se fait une coupe mulet permanentée pendant que le disco et les synthétiseurs envahissent le monde de la musique. Les chanteurs soul deviennent has-been, la décennie est un grand passage à vide dans sa carrière (comme dans celle de l’histoire de la musique d’ailleurs, un avis qui n’engage que l’auteur de ces lignes, mais quand même, une décennie qui nous a donné Indoc… ok, pas de nom).

Il en profite pour bosser un peu dans l’immobilier, le malin. Ça rapporte plus que l’intermittence… Mais il en profite surtout pour rencontrer Dieu. Alors je vous vois venir. Pas en personne. Il n’a pas fait de selfie avec Dieu. C’est une expression. Lee est extrêmement bigot. Il y croit dur comme fer, un «born again christian» comme on dit aux USA. Fini la saoule, retour de la soul. Ne le lancez pas là-dessus ça peut durer toute la nuit, à base d’apocalypse et d’esprit saint.

À la fin des années 90, il enregistre des titres tout seul avec son vieil ordi et tourne dans des vieux rades du sud. Il se fait repérer par les tout jeune créateurs du label Daptone, ceux-là même qui ont relancé Sharon Jones ou Charles Bradley à l’époque. Depuis, Sharon et Charles sont partis, mais Lee est toujours là. Six albums plus tard, à jouer dans le monde entier avec le groupe monté autour de lui, de sa gueule burinée, de sa voix et de son charisme: The Expressions. Une bande de petits blancs new-yorkais qui n’ont rien à envier à la fine fleur de la Motown de l’époque. Sur scène, Lee fait revivre les plus belles heures de sa musique, mais réinvente aussi une soul et un funk moderne et sexy, en costard à paillettes.

  • Chablis Winston

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