Création portée par le Théâtre Dijon Bourgogne, How deep is your usage de l’art ? ausculte notre comportement avec l’art, notre rapport à lui, et sa façon de nous changer. C’est au Parvis Saint Jean, à Dijon, encore ce soir et demain. 

Il y a une dizaine d’années, le trio Antoine Franchet, Benoît Lambert, Jean-Charles Massera traitait dans trois pièces les constructions politiques. Ici, il est question d’un truc qui change vraiment la vie : l’art. 

Oui mais alors comment ? On sent qu’on est en questionnement. Mais quelle question. Les questions sont posées par une forme aboutie de conférencier à la dérive. Il se fait lui même surprendre par l’oeuvre. Les grandes tirades sur l’art forment rapidement un bruit de fond assez confortable. Une affirmation s’impose à nous. Je prends le risque de la noter à l’aveugle dans mon carnet : l’art, c’est ce qui se passe en nous quand on regarde. Les comédiens s’appliquent alors à dérouler des interprétations assez libérées des sens, des prises de l’art sur la vie. Des interprétations qu’on imagine intimes.

La pièce forme alors une succession de tableaux. On se promène, on aime une séquence et on est happé, facile, par sa grâce. On peut aussi souffler devant une séquence moins rythmée. En fait, la pièce est assez représentative de ce que peut être l’art. Une proposition. Tu prends ou pas, avec toute la dimension casse-gueule qu’on devine parfois.

Et l’art sous toutes ses formes. Une séquence très proche de la grâce avec un solo de sifflements. Puis, Thomas Bernhard qui fait un procès aux grands maîtres vendus à l’église. Des grands écarts qui ressemblent précisément aux propositions de l’art.

J’ai toujours trouvé étranges les photos de théâtre. Or là, pendant toute la pièce, je me disais : “Tiens, ça ferait une belle photo ça.” La pièce est portée par de très beaux décors. Et leur dévoilement partiel en cours de pièce est un grand moment.

Et ces lettres néons rouges qui surplombent tout : How deep is your usage de l’art ? La pièce est l’antichambre d’un musée d’art qui couvre les chasseurs cueilleurs aussi bien que les performeurs. Même si on ne rentre pas avec des certitudes, on ressort avec des questions, et des réponses intimes.

  • Arthur Guillaumot / photos : Vincent Arbelet