Jusqu’au 26 janvier 2020, le foyer Urbanalis à Dijon expose dans ses murs les dessins cyniques de Roland Doussot, alias Mops Togom, lui-même résident du foyer. Comme des réactions enflammées à l’actualité. Rencontre.

Dans l’espace d’accueil du foyer Urbanalis à Dijon, entre la table de ping-pong, les canap’ et les bibliothèques de bouquins, 18 cadres habillent les murs et les colonnes du hall. À l’intérieur, des dessins enfantins soutenus par des phrases plus ou moins courtes, volontairement sarcastiques, composent ces feuilles de papier au format A4, apposées sur un fond de couleur pétante. Tout ça aux feutres et aux crayons de couleurs. « J’aime le contraste entre les visuels naïfs et les punchlines cyniques », explique Roland alias Mops Togom. Le Dijonnais avoue mettre 10 minutes à faire ses dessins, comme un travail impulsif. Il s’inspire et rebondit sur ce qu’il voit et entend dans les médias. L’ensemble est tantôt très drôle, tantôt tendre, parfois fin, parfois tristoune.

Un regard sur la jeunesse

L’expo s’appelle Frustration et le communiqué de présentation envoyé par Urbanalis est clair : « Nous entendons souvent parler des étudiants présentés comme « l’avenir de la nation » ou des jeunes de banlieues stéréotypés comme « les racailles qui brûlent les voitures ». Mais qu’en est-il de tous les autres ? » (…) « Cette jeunesse, c’est celle qui multiplie les missions d’intérim et les boulots difficiles faute d’obtenir un CDI, celle qui se fait exploiter par ses employeurs par méconnaissance du droit du travail, celle sur qui les banquiers ne parient pas un centime mais en prélèvent des milliers, celle qui sera la première impactée par les dernières réformes gouvernementales (nouveau calcul des indemnités chômage et des aides au logement) sans aucune mesure spécifique liée à leurs situations particulières… Lucide sur sa situation, elle continue pourtant d’avancer, pleine d’espoir. »

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« Je préfère quand le message est direct »

À 29 ans, Roland fait dans la provoc’ et ne se prend pas au sérieux. Copain de lycée à Chaumont de Yannick Grossetête (Fluide Glacial, Sparse), il a déjà diffusé ses dessins dans la revue participative Fantôme. Roland est aujourd’hui résident au foyer Urbanalis depuis 2 ans, structure qui accueille, loge et accompagne les jeunes à Dijon. « Les personnes en charges de l’animation ont plusieurs compétences afin de proposer des services aux jeunes résidents, comme du soutien administratif par exemple », rebondit Anouk Doussot, animatrice, chargée de communication et d’accueil. Urbanalis propose également des formations, de la rédaction de son CV à la gestion du budget. Tout ça pour être mieux armé dans la vie.

C’est Anne Millot, la directrice, qui a proposé à Roland d’exposer ses dessins lorsqu’il lui a présentés. Les références et inspirations de Mops Togom s’appellent Moon (« il a vraiment un super coup de crayons ») et Dran, plutôt à ranger dans la catégorie graff et street art. « Je suis moins sensible à l’art contemporain, même s’il y a des choses très belles, je préfère quand le message est direct ». Roland aimerait profiter de cette expo pour se faire connaître, lui qui dessine depuis tout petit et se souvient d’un stage BD à Longvic avec l’auteur Laurent Battistini. Ses dessins seront visibles jusqu’à la quasi fin du mois de janvier à Urbanalis. Et surtout, en janvier, Roland devrait s’installer dans son propre appart’.

  • Pierre-Olivier Bobo // Photos : POB // Illustrations : Mops Togom

Exposition « Frustration » par l’artiste Roland Doussot, alias Mops Togom
Jusqu’au 26 janvier 2020, entrée libre de 10h à 20h tous les jours
Urbanalis, 4 rue du Pont des Tanneries (Dijon)
Un vernissage de l’exposition est organisé vendredi 20 décembre à 19h

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