Simon Henner parcourt le monde avec son alias électro French 79. Des nappes de synthés, des kicks, une façon de ménager le chaud et le froid qui rend fou tous les dancefloors. On l’a vu pendant le festival Génériq, à la Vapeur de Dijon, où il a embrasé la salle. Il est passé nous voir pour boire un Pontarlier juste avant son live.

(Simon arrive) Pas trop fort le Pontarlier ! Vous savez recevoir…

Dernièrement y’a un de tes titres dans une publicité Nike pour un joueur parisien, Mbappé. Ça fait quoi pour un Marseillais comme toi ?

Non, mais c’est pour une pub Nike, c’est pas une pub Mbappé !

C’est quand même lui qui est mis en avant.

Je savais pas que c’était lui en fait…

On te présente comme un Marseillais, mais en fait, t’es Vosgien, non ?

Ouais, je suis né à Epinal.

Ça se passait bien à Epinal ?

Ça se passait très bien jusqu’à 18 ans… Mais franchement Marseille, c’est pas mal aussi !

Vous vous êtes monté une petite mafia à Marseille : t’es aussi dans le groupe Nasser, vous jouez souvent avec Oh ! Tiger Mountain ou Kid Francescoli qui vous accompagnent. Il y a tout une petite bande qui s’est créée là-bas ces dernières années…

Ouais, ouais, on aime bien faire des trucs ensemble et c’est vrai qu’on partage un studio qui est cool. Du coup, on s’échange plein de trucs naturellement. Mais après c’est plus le fait que Kid, c’est mon meilleur ami que je vois tout le temps. Donc forcément, au bout d’un moment…

Les énergies communiquent…

Ouais, voilà… On commence à se faire écouter les même choses, donc y’a des convergences qui se font.

Et d’ailleurs tu as produit son dernier album, à Kid Francescoli, qui est sorti tout récemment, non ?

Ses 3 derniers albums, je suis à la production. C’est un plaisir.

Dernièrement, Bertrand Belin disait dans Society qu’on avait besoin d’autres choses que les concerts pour gagner un peu d’argent dans la musique parce que même un concert finalement, ça rapporte pas beaucoup.

Bah je sais pas trop… On va pas parler de politique mais oui, 120, 150 euros par concert, ça représente une intermittence. Donc si on fait assez de concerts, ça représente entre 1500 et 2500 euros par mois… Selon les cachets. C’est quand même ce qui nous permet de vivre, et après quand t’es musicien, tu as d’autres revenus complémentaires : la Sacem, les pubs, ces choses là.. Après, moi, je me plains pas parce que j’ai jamais connu l’âge d’or des ventes de CD. Donc je ne peux pas comparer à une autre époque.

Il était dur à accoucher ce dernier album (Joshua), parce que c’est le fameux deuxième album… ? Surtout quand le premier a bien marché. Un petit coup de pression ?

Non, je l’ai fait quand j’étais en train de tourner avec Nasser, sans pression, la tournée se passait bien…

T’es à l’hôtel en fin de journée, tu écris pour toi ?

Ouais, c’est ça, j’écris 3 conneries ou je chante 2 trucs sur le dictaphone. Ou j’écris une suite d’accords. Et je la pose au studio. Donc, non, j’avais pas spécialement la pression… C’est quand tu fais rien que tu as la pression.

L’album, tu l’as fait sans t’en rendre compte, en fait.

Ouais j’avais pas besoin d’un super album pour vivre, donc pas trop de pression. C’est comme ça que tu fais des trucs bien.

Est-ce que tu as besoin d’être « aéré » pour composer ? J’ai lu que tu écrivais beaucoup sur un bateau.

Ouais, j’ai besoin de faire du sport. D’aller à la montagne. Et mes grands-parents sont de Chamonix. J’y vais souvent. Voilà j’ai besoin de faire autre chose, de m’évader, de me prendre un peu plein de trucs dans la tête, comme de l’adrénaline. Plutôt que de m’enfermer pendant des heures et des heures en studio.

On est obligé de revenir sur toutes ces rumeurs dernièrement. On a vu ton nom circuler, tu serais en featuring sur un titre du prochain album de Daft Punk, ça aurait fuité, mais en fait on a appris ensuite que c’était juste un fake… Comment tu te retrouves au milieu de ça toi ?

C’est juste un truc qu’est sorti comme ça sur Internet.. Je vois mon nom apparaitre dans la presse, Le Monde m’a appelé… c’est un peu fou. Désolé mais non, j’ai jamais rien eu à faire avec eux. Donc, voilà je pense que ça arrive des fuites comme ça avec Daft Punk, peut-être qu’un mec m’aimait bien et il s’est dit « je vais balancer son nom ».

Par contre, être cité là-dedans, ça te fait une bonne pub, c’est plutôt pas mal.

Ouais c’est sûr.

Et il parait par contre que les Daft Punk vont être en featuring sur ton prochain album ?

Ben oui, bien sûr !

Daft Punk, et d’autres, ce sont eux qui ont ouvert la porte à l’étranger avec la musique électronique. Pour ta génération à toi, c’est peut-être plus facile de dire “je suis français” ?

Je pense qu’aujourd’hui, c’est le seul style musical où tu peux t’exporter dans le monde entier. Si tu fais du rap français, bah aux Etats-Unis, tout le monde s’en fout, clairement. Si tu fais du rock, tu vas jouer à Londres, t’arrives avec une guitare électrique, ils vont te dire “qu’est-ce que tu fous ?”, c’est dur.

Mais toi tu sens que ça te sert d’être estampillé french touch ? Cette étiquette-là, on te la colle, ça te va à toi ?

Qu’on me dise ça, ça me fait plaisir. Même si je ne me revendique pas french touch, parce que j’ai pas cette prétention là. Pour moi, c’est les pionniers : Air, Daft Punk… Par contre, c’est quand même hyper bien pour partir à l’étranger. Par exemple là, je vais partir aux Etats-Unis, je reviens du Canada, ça c’est des choses que j’ai pas pu faire avec d’autres projets. Parce que c’était trop pop, rock, tout ça. Là, c’est musique électronique et j’hallucine parce que c’est toujours complet dans les salles. A Montreal, à Québec…

Si on parle un petit peu de ton logo, c’est un hommage à Air France ? Tu veux avoir des billets gratuits chez eux ?

Alors figure-toi que c’est pas vraiment Air France, mais c’est un peu dans cette direction. Le logo, c’est des amis d’enfance qui sont de Nancy, et l’un est fan des compagnies aériennes allemandes des années 70.

Husband, ton goupe avec Kid Fransescoli et Oh ! Tiger Mountain, c’est entre parenthèse en ce moment ?

On se voit tout le temps, mais il faut que ça se coordonne bien niveau planning. Après, c’est vrai, c’est de la pure pop-music et ça c’est un truc qui est intemporel en fait. Avec couplet, refrain, donc, si c’est pour faire un album tous les 15 ans, on a le droit. Le jour où on sera ensemble, on en fera un.

La suite ? T’es déjà sur le prochain album ?

Oui j’écris toujours.  je suis toujours en train de composer, aller au studio et faire des trucs. Mais envisager de sortir un album… Faut laisser le temps à celui là de vivre un peu. La principale chose, c’est la tournée qui commence seulement et l’étranger. Là je pars aux Etats-Unis au mois d’avril. Puis les festivals cet été, et beaucoup de concerts.

  • Mister B et Chablis Winston // Photo de couverture : Ben Pi

Entretien réalisé en collaboration avec Radio Dijon Campus