On a rencontré les deux petits génies pendant GéNéRiQ.

Un revival du meilleur de la Pop Turque des 70’s, de la pop psyché anglaise, et de soundtrack à la française. 

On a découvert le groupe Kit Sebastian pendant Génériq et ils nous nous ont charmés comme un serpent sur un marché en Inde, avec des titres groove et aériens. Du vintage ultra-moderne joué par des petits vingtenaires qui maîtrisent leur sujet sur le bout des doigts.

On a rencontré Merv Erdem, la chanteuse turque du groupe, lors de leur passage sur le festival à Dijon, à la Coursive. Elle nous parle de Kit Martin (K), son complice, et de musiques turques et françaises. 

Kit Sebastian, c’est un duo, même si vous êtes 5 sur scène. Comment ça a commencé cette histoire ? Qui vous a présenté ?

Notre musique ainsi que tous les éléments visuels ont été crée en tant que duo. Nous sommes également autonomes en studio. Nous aimons d’ailleurs cette intimité et cet isolement que cela provoque. Cependant nous avons un ‘live band’ depuis que nous avons signé chez MR Bongo. La musique live sonne mieux, avec un son plus riche et plus gros avec d’autres musiciens plutôt qu’avec des bandes enregistrées. James Collymore, qui joue du piano, du synthé ainsi que du saxophone sur scène (parfois en même temps d’ailleurs !) est un vieil ami de K. Il nous a présenté Davd Richardson, notre bassiste. Notre batteur, Theo Guttenplan, quant à lui, est un jeune homme très énergique avec qui ont a commencé à jouer très récemment. Nous avons également un 6ème membre, un autre joueur de sax, Rich Muscat, c’est un aussi un très bon musicien.

On vous présente comme un groupe Franco-Turc de Londres. C’est quoi votre côté français ?

Aucun de nous n’est français, je suis Turque et K est anglais. Cependant, notre album Manthra Moderne a été écrit en France. K a passé la moitié d’une année en France et a cultivé ces goûts musicaux grâce aux petits magasins de disques dans les villes françaises. Nous sommes tous les deux très inspirés par la culture française, que cela soit en terme de musique, littérature ou cinéma. Des noms tel que Brigitte Fontaine, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Michel Polnareff, Jacqueline Taieb, Michel Legrand, François Truffaut, Jean-Pierre Melville ou encore Louis Malle sont autant de personnalités très importantes dans notre musique et notre esthétique.

La patine (l’ambiance) de votre musique et de vos vidéos est très vintage 60’s-70’s, vous aimez vous inspirer de cette période là?

Certains éléments de cette période nous paraissent encore très modernes, parfois plus moderne que ce que nous vivons aujourd’hui. 

On dirait un peu une B.O. (soundtrack) d’un film d’espionnage de l’époque…Vous travaillez ce côté cinématographique dans la musique ?

Une moitié d’entre nous réalise des films, et l’autre compose des musiques pour des courts-métrages. Le film noir est une grande source d’inspiration pour nous.

D’où ça vous vient cette passion pour la pop turque des 70’s et pour les vieux instruments ?

En Turquie, la pop seventies et le rock Turc ont été une source d’inspiration très importante pour plusieurs générations. La musicalité et les paroles vont au-delà des spécificités historiques et touchent quelques choses de plus universel. Des figures charismatiques comme Cem Karaca, Erkin Koray, Baris Manco, Sezen Aksu, Ajda Pekkan, restent des musiciens actifs. La musique Turque des années 70 a une approche très moderne et même visionnaire de la musique. Nous trouvons le moyen de fusionner des éléments de la musique occidentale avec des mélodies turques et cela donne des choses très intéressantes et très inspirantes. Nous aimons aussi le fait que les artistes turcs ont réussi à ne pas faire une musique commerciale et conformiste tout en étant populaire et accessible. 

La musique occidentale a accepté son sort ; celle d’avoir une orchestration très pauvre avec peu d’instruments. La musique Turque de cette ère est très éclectique dans ses arrangements ; du synthétiseur au oud, des boîtes à rythmes au doumbeks. En s’inspirant de cela, nous arrivons à avoir des sons originaux et peu conventionnels qui amènent tout de même à une certaine forme, je l’espère, d’universalité.

Depuis 2 ans, le groupe Altin Gün marche bien, avec ce côté revival turkish pop. Vous marchez dans leurs pas ?

Nous aimons beaucoup Altin Gün ainsi que leur son. Cependant nous pensons que nous sommes assez différents en terme de sonorité même si nos chansons partagent le même langage, à savoir le Turc. Nous sommes content que le monde s’ouvre et apprécie finalement la musique chantée dans différents langages.

  • Chablis Winston / photos : Philippe Malet