Jusqu’au 19 avril, le 19, Crac, le Centre régional d’art contemporain de Montbéliard accueille entre ses murs une exposition signée Aurélie Ferruel et Florentine Guédon : La suée du dindon. Une histoire de tradition, de collectif et… de bécane en foin.
Lorsqu’on entre au 19 de l’avenue des Alliés, en plein centre-ville de Montbéliard, il y en a un peu partout. Aurélie et Florentine s’activent pour terminer l’installation de leur expo où il est question… du dindon. L’animal de la ferme est au cœur de leur travail de sculpture : une bestiole qui prête son nom à une expression magnifique et désuète à la fois (« être le dindon de la farce »), et dont le choix n’est pas anodin pour nos deux artistes.
À travers les différentes sculptures -parfois très grandes-, réalisées à partir de tissus, de bois, de céramique, de foin, de pierre ou d’osier, les deux artistes convoquent le terroir, les groupes sociaux, la manière dont les gens se lient entre eux, les rites traditionnels et les émotions.
Ici, une Harley Davidson reproduite en foin, inspirée de la rencontre d’Aurélie et Florentine avec une communauté de motards dans la Meuse et toute l’imagerie rituelle qui va avec. Là, une tenture qui évoque les travaux manuels, agricoles, artisanaux dans leurs familles d’origine, en Vendée et en Normandie, avec la production de cidre et d’Oberlin, un cépage aujourd’hui interdit. Une tenture qui parle surtout de la fête, ce moment de liesse après la récolte.
Là encore, des sculptures en torchis, ces terres argileuses mêlées à de la paille formant des corps généreux s’étalant du sol au plafond, et d’où apparaissent des anguilles, ces animaux insaisissables dont on maîtrise pas la reproduction. Tout l’inverse du dindon qui, lorsqu’il est devenu trop gras, ne peut plus se reproduire sans l’intervention de l’homme. Parce que oui, finalement, être le dindon de la farce, c’est se faire avoir par les autres.
- Pierre-Olivier Bobo // Photos : le 19, Crac, Michel Petit
À noter que notre duo d’artistes proposera une performance, samedi 18 avril, pour marquer la fin de l’exposition lors de la fameuse C Party du Crac, qui fête en 2020 ses 25 ans.