Le confinement c’est des monuments du cinéma matables gratos sur des plateformes culturelles et c’est aussi quelques bons navets qui font plaisir. Car ne faisons pas les snobs : il y a un moment pour mater Le Cuirassé Potemkine, et un autre pour Steven Seagal. La Roll’s de la virilité 90’s.

Légende des légendes du film d’action, Steven, c’est un cran au dessus de ce ringard de Chuck Norris, un brin moins mainstream que Stalone, moins classe que Bruce Willis, moins grossier que Dolf Lungren, plus cynique que The Rock. En fait Steven Seagal est une niche du 7e art à lui tout seul.

D’abord, c’est un champion de karaté et d’aïkido respecté, parti vivre au Japon pendant près de 10 ans. Il revient et ouvre une école aux States, mais se fait vite repérer pour monter un film, Nico. On est à la fin des années 80. Époque Karaté Kid. Les USA attendent un nouveau Chuck Norris, le voilà. Steven. Il est grand, beau, mince, très balaise en arts martiaux, donc tu n’as pas besoin de tricher à la réalisation. Il a une queue de cheval caractéristique, de la blagounette à revendre à chaque pain dans la gueule, et une seule expression à son panel d’acteur, qui plaît tant outre-atlantique.

Ça va très vite. En 2, 3 ans, Steven sort des films qui marchent avec du budget et de gros castings.  Ça dure 10 petites années, et puis ça s’effondre. À partir de la fin des 90’s, après quelques échecs commerciaux, Steven, qui produit presque tous ses films, ne sort presque plus que des films direct en vidéo. Plus simple, moins cher. Il va tourner dans les pays de l’est pour 2 francs 50, avec des équipes techniques et des acteurs de là-bas.

De plus, comme Steven est devenu un gros sac adipeux, il ne peut plus lever la jambe. Il est en survet’ XXXL, se contente de faire des moulinets avec les bras, c’est une honte. Alors que nous, ce qu’on aimait, c’est clairement qu’il casse des articulations. Maintenant il est juste bon à coller des gifles. Ce qui reste drôle, mais moins sexy. En fait, en 2020, Steven, il suffit de le frapper et de s’en aller en courant, jamais il te rattrapera… Donc pour l’authenticité, privilégiez un Seagal des années 90.

Mais que ce soit en pleine gloire ou pas, un film de Steven Seagal, c’est toujours le même scénar’, à 2 ou 3 films près. Une seule histoire pour une bonne cinquantaine de films.

Steven est un ancien flic, ou un ancien des forces spéciales. Il veut vivre tranquillement avec sa famille et ses amis… Problème : y’a un méchant en ville qui ne rend pas compte au début du film qu’il fait du mal à quelqu’un que Steven aime. Sa sœur, son vieux pote, son coéquipier… Il n’aurait pas dû, car Steven n’attendais que ça : une justification objective pour être violent. Donc, pendant 1h30, il va désosser des types en leur demandant le nom de leur supérieurs jusqu’au boss de fin, qu’il désosse aussi, haché menu, de préférence sans armes à feu, à mains nues. Steven, lui, ne prend pas un coup. Pas une droite qui pourrait nous laisser penser que ça va pas être facile sur ce coup-là, non. Lui, il arrive, il dit au mec qu’il va le déglinguer, il le déglingue, et on passe au mec suivant. Un inventaire de fractures et de sentiments de Républicains américains : la famille qu’on protège, la justice qu’on peut faire soi-même, les fiottes qui n’osent pas se battre.

En plus, pour te faire aimer encore plus le personnage, sache que dans la vraie vie, il a sorti des albums de country blues, il est un des meilleurs potes de Vladimir Poutine, et qu’il a été Shérif dans les années 2000 (il a eu sa propre émission de télé réalité à ce moment-là).

Petit top 5 de ce que tu peux perdre ton temps à voir pendant le confinement, facilement trouvable en streaming. Admirez les titres traduits en français, de la poésie.

Désigné pour mourir (Marked for death) – 1990

Le must de la belle période Hollywood. Steven doit combattre des Jamaïcains fous qui veulent remplacer les Italiens à Los Angeles au niveau du deal de drogue. Les Italiens, c’est une tradition dans la mafia bordel ! On n’y touche pas. Enfin c’est surtout que le super-méchant (ils sont deux, des jumeaux, idée géniale et originale !) a fait tabasser la sœur de Steven. Ça passe pas. La scène de la bijouterie est un concentré de ce que peut faire de mieux notre héros, à savoir plier des articulations dans le mauvais sens. 9 en 3 minutes : le top.

Échec et mort (Hard to kill) – 1991

Même période, mais là le pitch est digne d’un prix Nobel de littérature. Steven est flic. Il se fait agresser par des gens pas cools, type gangsters. Il tombe dans le coma pendant 7 ans, pas moins. Il se réveille. On lui raconte l’histoire. Il est vénère. Il se lève (pas besoin de rééducation avec Steven) et il tue pendant 1h20. Il ne blesse pas, il n’accorde pas sa pitié au mec qui le supplie. Il tue. Une boucherie.

Piège en haute mer (Under siege) – 1992

Le plus mainstream de ses films. Celui qui a fait connaître le catogan de Steve au grand public. Il se paie même Tommy Lee Jones dans le rôle du méchant. Steven est cuisinier sur un porte-avion (huis clos mon pote !), mais en fait, avant, il était dans les forces spéciales ma gueule ! Chef Casey Ryback, son plus grand rôle. Y’a eu un n°2 avec Piège à grande vitesse, dans un train, mais il est moins bien. Privilégiez l’original, ne serait-ce que pour la scène ou Erika Eleniak (Alerte à Malibu) sort torse nu du gâteau…

Ultime décision (Executive decision) – 1996

Celui-là il faut le voir car c’est une anomalie. Kurt Russel joue le rôle du président des USA qui a un problème dans son avion (oui, c’est le même scénar’ que Air Force One avec Harrisson Ford). Steven Seagal joue le rôle du commandant des commandos marines. Il s’infiltre dans l’avion et… se fait fumer par les terroristes ! Il meurt en 20 minutes ! Steven Seagal ! Refroidi comme un vulgaire second rôle… Historique.

Machete – 2010

Le seul film où il joue un méchant. Il apparaît peu, mais c’est un régal de le voir manier le sabre, surtout réalisé par le compère de Tarantino. Il est déjà bien dégueulasse en 2010. Obèse avec un bouc. Bel hommage.

Je le répète, évitez tout ce qui sort après 1998 en général.

  • Chablis Winston