La crise sanitaire a mis bon nombre d’acteurs culturels en PLS. C’est notamment le cas des festivals estivaux annulés les uns après les autres. Pour tenter de faire face à la situation, le No Logo, plus gros festival de reggae de France qui se déroule chaque année depuis 2013 à Fraisans dans le Jura, compte sur le soutien des festivaliers. Leur donner le pouvoir est dans l’ADN du festival.

Devoir annuler un festival au dernier moment est un coup dur pour les organisateurs. De nombreux frais sont déjà engagés comme les avances aux artistes mais aussi les frais de structure, les salaires des permanents (3 personnes à temps plein dans le cas du No Logo). Dans un premier temps, les festivaliers ont eu la possibilité de soutenir l’organisation en gardant leur billet déjà acheté, qui restait valable pour la prochaine édition. « On n’avait pas les thunes pour rembourser tous les billets vendus pour l’édition 2020 » explique Florent Sanseigne, directeur du No Logo festival. Au final, sur les 2.000 billets vendus, seuls 30% ont fait la demande remboursement. Les hippies ont bon cœur.

Sauf que cela ne suffit pas à combler les pertes et là, « l’urgence c’est de s’assurer qu’on puisse organiser une édition en 2021 dans de bonnes conditions ». Pour y parvenir, Florent ne souhaitait pas passer par un simple appel aux dons. Il propose donc aux festivaliers de prendre leur billet dès maintenant, pour l’été prochain, avec l’objectif de vendre 1.500 pass 3 jours. C’est un geste d’attachement fort au festival qui est demandé puisque la programmation reste inconnue à ce jour. « Dans ces moments-là, la solidarité est super importante ».

Un festival sans subvention ni mécénat privé

De son côté, l’organisation a décidé de ne pas augmenter les tarifs, « on se dit qu’il y aura un contre coup de cette crise avec du chômage et une baisse du pouvoir d’achat ». Les bienfaiteurs ont également la possibilité de bénéficier de contreparties en achetant leur billet. 12 choix sont possibles, allant du porte-clés, à la visite des backstages en passant par un repas partagé avec le staff. A ce stade, 265 préventes sont déjà parties, soit 18% de l’objectif. La contrepartie la plus en vogue pour le moment est la participation à un apéro géant privé qui sera organisé le samedi avant l’ouverture des portes du festival… on sent que certains vont louper le début des concerts ! Un classique en festoche.

Mettre l’avenir du festival entre les mains des participants est conforme à la philosophie qui l’anime depuis le début. Le festival est né et perdure depuis 2013 sans subvention ni mécénat privé, « on n’a pas eu besoin d’un fonds de pension pour y arriver. C’est chouette mais c’est un vrai challenge ! » reconnait Florent. Aujourd’hui, prendre sa place pour le No Logo c’est en partie pour planer sur des sons reggae en 2021, mais c’est aussi un geste politique, « il faut qu’on se batte tous ensemble pour cette économie alternative, sinon à l’avenir on n’aura plus que des grosses productions standardisées ».

  • Matthieu Fort / Saba Damas

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