Depuis le 17 juin, un collectif occupe le terrain vague situé 63 avenue de Langres à Dijon, à 2 pas de l’arrêt de tram « Nation ». En s’appropriant les lieux, ils s’opposent à la construction d’immeubles sur des terres historiquement agricoles.

On s’est rendu sur place et on a pu discuter avec ceux qui y ont établi domicile, une dizaine de jeunes. L’héritage du quartier libre des Lentillères est palpable : jardin partagé, organisation de marchés à prix libre, de débats politiques, etc. L’idée est de faire de ce bout de terrain, coincé entre de grands immeubles, un lieu de « respiration », accessible à tous, pour jardiner ou simplement se poser. Pour le moment, ils n’ont pas reçu de visite de la police mais les passants et voisins s’arrêtent. Les plus anciens, qui ont vu le quartier évoluer très rapidement, se bétonniser à grande échelle, leur apporte leur soutien. Il n’y a pas si longtemps que ça, avant la LiNo et la Toison d’or, cette zone de Dijon était un vaste champ. Un gros travail a déjà été effectué pour défricher le terrain, réaliser des chemins, retourner la terre, planter les premières plantes, arroser grâce à l’eau d’un puit qui est sur place et même délimiter un terrain de pétanque… Sur place, ils ne savent pas combien de temps pourra durer l’aventure mais ils s’investissent pour s’inscrire dans la durée. Si l’aventure vous tente, avant de résilier votre bail, on vous fait visiter les lieux.

Vous ne risquez pas de vous perdre, tous les chemins mènent au jardin partagé.
Les propriétaires des lieux ont tout prévu pour accueillir du monde. Enfin non, vu que le proprio c’est un promoteur immobilier qui aimerait construire une barre d’immeubles. Pour accueillir du monde. Bon bah il est où le problème ?
Le Bar La Serfouette est ouvert 24h/24. Service au comptoir.
Au loin, on peut apercevoir la dizaine de résidents qui préparent le repas…
… mais dès qu’on s’approche avec l’appareil photo, ils déguerpissent ! (patates + bières pour le repas de ce midi)
Le collectif n’est pas le seul à refuser de quitter les lieux : deux irréductibles grand-mères résistent encore et toujours à l’envahisseur immobilier.
Il faut savoir renoncer au confort pour défendre ses convictions : pas d’eau courante, pas d’électricité et des toilettes sèches à l’écart.
La cabane au fond du jardin, j’y vais quand j’ai besoin.
« On est le plus civil possible, on ne fait pas de grosses fêtes »… Le voisinage, avec une vue imprenable sur les lieux, est là pour s’en assurer. Ambiance hitchcockienne de Fenêtre sur cour.
  • Texte et photos : Matthieu Fort