La prochaine éclipse totale se produira en France en 2081. La coupe du Monde a lieu tous les 4 ans. Macron est président jusqu’en 2022. C’est long. Heureusement la Biennale d’art contemporain à Autun, c’est tous les 2 ans. Et en plus, ça tombe cet été et c’est jusqu’au 27 septembre.

En temps normal, on vient visiter Autun pour ses vestiges gallo-romains. Au musée Rolin, on se remémore les grandes heures de la ville pendant la Renaissance. Pour cette deuxième édition de la biennale d’art contemporain, pas question de regarder en arrière. L’idée n’est pas non plus de dénigrer le passé. L’exposition suit la célèbre devise d’Antoine Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » (RIP les cours de physique-chimie). L’idée est de proposer une « réinterprétation illustrée et figurative de cette citation. Ce qui est important c’est de montrer qu’il y a des porosités dans l’histoire de l’art, explique Laura Goeder, conservatrice adjointe au musée Rolin. Même dans l’art contemporain, il existe des filiations avec des artistes. On ne part pas de rien. »

Les confrontations entre art contemporain, art moderne et les collections permanentes du musée Rolin ont été pensées par les peintres belges Paul et Martine, aka Reniere & Depla, domiciliés à Autun. « La correspondance entre les différentes oeuvres est très importante. Mais il n’y en a pas une emblématique, prévient Martine. Ce sont des rencontres ». Les connections sont diverses. Elles peuvent être visuelles, comme par exemple, l’alliance de deux tableaux, l’un de James Ensor présentant des figures entourant une fleur et l’autre de Thomas Lerooy présentant des fleurs entourant… une figure. Elles peuvent également être plus imagées. Dans la plus petite salle du musée, les artistes belges ont choisi d’exposer des oeuvres représentant l’infiniment grand, comme « un zoom dans une autre réalité » raconte Martine.

Comme pour un feu d’artifice, ce que tout le monde attend, c’est le bouquet final. Et là, on n’est pas déçu. Une fois sorti du musée Rolin, la visite se poursuit dans la prison panoptique, à quelques pas, place Saint-Louis. Fermée depuis 1955, elle n’est normalement accessible que pendant les journées du patrimoine. L’architecture circulaire du lieu permettait au gardien, situé au centre, d’avoir un oeil sur l’ensemble des prisonniers. Et effectivement, le premier réflexe en entrant est de regarder en l’air et de tourner sur soi-même. On se perd dans un tourbillon de cellules éclairées pour l’occasion par des spots bleus.

Des oeuvres sont érigées au centre mais sont également disséminées dans les cellules. « Les artistes se réapproprient la notion d’enfermement » développe Laura Goeder.

L’art nous libère-t-il ? Vous avez 4 heures.

  • Matthieu Fort / Photos : M. F.