Depuis quelques années dans nos forêts comtoises, de plus en plus d’arbres deviennent malades, ils sont touchés par le bostryche. En 2019, la préfecture de la région Bourgogne-Franche-Comté avait ordonné aux propriétaires publics ou privés d’abattre ces épicéas malades. Un homme a décidé de replanter une mini-forêt native au cœur du Jura pour répondre à ce problème. Rencontre avec Xavier Dommange, initiateur du projet Jurassic Forest.
Xavier Dommange, ancien ingénieur industriel sur la captation de CO2 par la culture des microalgues avec Total et Airbus, est à l’origine du projet Jurassic Forest. « L’objectif est de replanter des espèces natives de l’endroit de façon à reconstituer sur une petite surface un écosystème très bien adapté au lieu de plantation », nous présente t-il.
Passionné par l’environnement et la biologie, Xavier a d’abord accompagné des start-up orientées dans le durable et le renouvelable à se structurer et développer leurs activités. Depuis un moment, il avait à cœur de monter son propre projet environnemental. C’est donc pendant son confinement dans le Jura (près de Champagnole), chez ses grands-parents, que l’idée de ce projet émerge.
En effet, des épicéas malades du bostryche se trouvaient sur son terrain. Après les avoir abattus, évacué les troncs et brûlé les branches… l’idée de réimplanter une petite forêt native a germé. Il a également réalisé que les épicéas étaient devenus plus vulnérables aux attaques du bostryche à cause des sécheresses répétées des dernières années. En plantant côte à côte une variété d’espèces d’arbres, d’arbustes et de buissons, tous natifs du lieu, cela va créer une zone qui a une biodiversité végétale plus importante que dans beaucoup de plantations traditionnelles. « Cette diversité est intéressante parce qu’on comprend de mieux en mieux que des arbres d’espèces différentes sont capables de favoriser la croissance les uns des autres », développe le porteur de projet.
La méthode Miyawaki
Afin de détailler ses propos, il explique par la même occasion que « par leurs racines et grâce aux réseaux de champignons qui les relient, les plantes échangent des sucres, des nutriments et des informations. Les arbres sont capables de mettre en commun leurs capacités. C’est pour ça qu’il y a beaucoup d’espoir que des plantations diversifiées soient plus résilientes et plus résistantes aux maladies que des plantations qui se reposent sur une, deux ou trois espèces. »
La méthode à laquelle Xavier a recours, comme d’autres l’ont déjà fait à Toulouse, La Rochelle ou encore en Belgique, s’appelle méthode Miyawaki. Cette méthode japonaise, conçue par le botaniste Akira Miyawaki, consiste à faire pousser une forêt native sur des terrains urbanisés ou dégradés par l’homme. Elle vise donc à préparer les sols en imitant la nature, à rétablir des essences natives et à les planter très serré afin de recréer un écosystème. « La méthode Miyawaki consiste d’abord à regarder ce qui pousse naturellement, quand on laisse la nature faire toute seule», précise le jurassien.
Il va donc utiliser cette méthode pour recréer tous les étages de la forêt et mettre en terre 900 plantes sur une surface de 300m2 (3 plantes au m2). C’est au bout de 3 ans que cette mini-forêt sera autonome. En attendant, elle aura besoin des services de l’homme : Xavier devra désherber environ tous les trois mois et également arroser en cas de grosses sécheresses.
Dans le futur, notre ingénieur à la volonté d’amener ce projet vers les municipalités et collectivités qui cherchent à rafraîchir leurs centre-ville, pour faire de la reforestation urbaine ou périurbaine. En effet, cette plantation pourra rendre de nombreux services, notamment absorber le CO2, absorber le bruit, drainer l’eau et abriter de la biodiversité… Toute une démarche environnementale. « Ce type de plantation pourra également être une inspiration pour les particuliers qui veulent replanter de petites surfaces dans le Grand Est et la Bourgogne-Franche-Comté », raconte Xavier.
Pour la réalisation de Jurassic Forest, une cagnotte participative a été mise en place pour financer le projet et le faire connaître. La collecte est toujours en cours pour les personnes qui seraient intéressées à soutenir le projet.
On suivra l’avancée du projet avec attention !
- Julian Marras / Photo : DR