La médiation culturelle, c’est le processus mis en place pour permettre à un contenu culturel et un public de se rencontrer. Que ce soit pour un public qui a l’habitude de ça, ou non. Parce que c’est pas évident pour tout le monde de se pointer sur un lieu de spectacle ou d’expo quand t’as pas les codes. Les médiateurs mettent en place des outils pour avoir ces codes et amener la culture autrement. Ces prochaines semaines, sur Sparse, on va tenter de vous montrer comment les structures travaillent sur ces questions et sont inventives. Étape 1 : le Frac Franche-Comté.

Un Frac c’est quoi ? C’est un Fonds régional d’art contemporain. Il en existe dans chaque région. Celui de Franche-Comté est basé à Besançon. Dans sa collection, on retrouve des photos, peintures, sculptures, dessins, vidéos, installations. La mission principale que s’est donnée le Frac est de diffuser les œuvres de sa collection. Pour ça, les médiateurs font découvrir l’art contemporain et le désacralise à travers des outils qu’ils ont créés. 

Le Frac organise des actions hors-les-murs. Sylvie Zavatta, directrice du Frac de Franche-Comté explique que leur objectif « n’est pas d’imposer le savoir mais de le propager. » Pour ça, ils ont élaboré plusieurs outils.

« Les œuvres du Frac se font la belle »

Le dernier en date, c’est la Mallette. Deux valises. L’une contient l’œuvre d’art : une photographie d’une ancienne vitrine de magasin de Frédéric Lefever intitulée Harnes (62). L’autre contient des aspects pédagogiques et des outils de médiation. Les enseignants de Franche-Comté peuvent emprunter la Mallette et proposer à leurs élèves différents angles de travail en lien avec leurs programmes à partir des outils proposés par les médiateurs (jeux, idées d’atelier, fiches thématiques). Avant son lancement, trois lycées du secteur ont pu la tester. Nathalie Francesconi, enseignante missionnée par la Délégation académique à l’action culturelle (DAAC) du Rectorat de Besançon a emprunté la mallette pendant 1 mois. Elle note « la facilité du prêt des œuvres dans une époque où on a de plus en plus de mal à faire sortir les élèves des établissements à cause du Plan Vigipirate et plus récemment de la COVID. » L’objectif serait de décliner plusieurs mallettes. D’ailleurs, un projet de mallette pour les personnes en situation d’handicap visuel est en cours de construction. 

Pour aller à la rencontre d’un public éloigné du Frac et des pôles culturels, ils ont mis en place en 2015 le Satellite : une petite camionnette transformée en véritable musée itinérant. Depuis 5 ans, le Satellite se déplace pour faire découvrir l’art contemporain à ceux qui en font la demande comme des établissements scolaires, des collectivités, des associations, des structures culturelles… Il cumule déjà plus de 1.500 visiteurs !

Des actions au sein du Frac

Le nouveau bâtiment du Frac, inauguré en 2013, se situe dans la Cité des Arts avec le conservatoire. Il a été conçu en répondant aux normes PMR pour que le bâtiment soit accessible à tous. « L’équipe a pensé dès le départ dans ce sens là » pour accueillir et intégrer tout le monde dans les projets du Frac, nous explique Élène Laurent médiatrice au Frac. Par exemple, pour accueillir les personnes en situation d’handicap auditif, « les salariés sont formés aux bases de langue des signes pour l’accueil et des visites sont organisées en langue des signes à chaque exposition grâce à l’association Sort les mains d’tes poches ». 

Les médiateurs au sein du Frac font un gros travail pour « désacraliser, rendre accessible et transmettre » l’art contemporain comme le précise Stéphanie Barbier, déléguée académique à l’éducation artistique et à l’action culturelle au service régional. Des livrets, des « Frac-Box » sont prêtés au public pour leur faire vivre « une expérience qui va permettre l’assimilation de certaines choses et faire comprendre à ceux qui viennent voir une exposition que l’art, c’est aussi la façon dont ils le voient à travers leur subjectivité » développe Élène. Les médiateurs « questionnent, interrogent sur la perception, sur ce que l’œuvre évoque tout en amenant le public sur le travail de l’artiste en essayant de montrer par quelles idées il est passé. »

Trop forts, ces médiateurs ! 

  • Florentine Colliat // Photos : Nicolas Waltefaugle