Depuis quelques semaines, des habitants de BFC font face à la suppression de leur train. Un véritable problème pour les usagers, travailleurs, étudiants, et apprentis qui se retrouvent à prendre d’autres trains, bondés, à des horaires pas forcément propices. Une situation qui devient de plus en plus compliquée à vivre pour eux, en pleine crise sanitaire.

Sous prétexte de Covid et d’une baisse de fréquentation, depuis octobre/novembre 2020, le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a décidé de supprimer de nombreux TER circulant dans la région (presque une centaine sur environ 600). La ligne Les Laumes-Dijon et la ligne Auxerre-Dijon sont deux cas concrets illustrant cette galère.

Les lycéens qui se rendent à Dijon impactés

Sur la ligne Les Laumes-Dijon, c’est le train de 6h39 avec une arrivée à Dijon à 7h22 qui a été supprimé. Un casse tête pour les travailleurs et étudiants qui doivent se rendre à Dijon pour 8 heures. Soit le train arrive vers 7h40, mais en ajoutant le temps de transport en commun, ça fait un peu short pour être à l’heure, soit le TER suivant arrive à 8h30. « Ma fille prend le train pour aller au lycée à Dijon et elle est régulièrement en retard », témoigne Nicolas, père de famille habitant à Ancey, un village proche de Malain qui est habituellement desservie. Les habitués de ce TER se retrouvent désormais à prendre un train en provenance d’Auxerre, qui a vu sa ligne modifiée afin de récupérer les passagers et satisfaire un plus grand nombre. Cependant, comme nous le souligne Dorothée, la mère de cette lycéenne, « ce train était normalement direct, du coup il prend du retard, et les passagers habituels sont eux aussi impactés… ». Gros bordel qui éclabousse tout le monde.

Mais le problème se déplace au-delà de ça. « Sur le site de la SNCF, le train est annoncé à une certaine heure, mais il aura régulièrement du retard. Parfois il est annoncé en retard, mais il passe à la bonne heure… C’est vraiment difficile de s’organiser », rétorque Nicolas. La communication, c‘est pourtant la base dans une relation.

Même combat dans l’Yonne

Un peu plus loin de là, entre Dijon et Auxerre, la problématique est presque similaire. Ce n’est plus un souci de retard au travail, mais un retard sur le chemin du retour pour certains. Comme nous l’explique Lucie, usagère quotidienne du train Dijon-Auxerre, de nombreux Côte-d’Oriens travaillent tous les jours dans l’Yonne et rencontrent des soucis. Depuis 3 mois, le seul TER du soir a été supprimé. Un départ de 15h30 d’Auxerre, mais plus il avance direction Dijon, plus il arrive aux heures de sorties de boulot ou d’école. « Ce train nous faisait arriver à 17h30 à la maison, ce qui est raisonnable en partant à 6h30 le matin », raconte Lucie. Les usagers se retrouvent donc à prendre un train en provenance de Paris, souvent en retard, plein à craquer et qui arrive plus tard à Dijon. « On a des attestations mais on ne peut même pas respecter le couvre-feu, et cela nous plombe le moral », explique la dijonnaise. Elle n’est pas seule dans ce cas-là bien sûr, et quand il faut jongler entre le couvre-feu, les courses, le quotidien… c’est un beau merdier.

Ces suppressions de train sont délicates d’une part pour l’organisation de sa vie, mais également d’un point de vue sanitaire. En effet, en pleine période de pandémie, avec sans cesse de nouvelles règles, se retrouver dans un train bondé collé à son voisin n’est pas la meilleure solution. « Les gens sont collés les uns aux autres. Ça nous fait doucement rigoler quand, en période de distanciation sociale, on ose entasser les gens comme ça », décrit Dorothée. Même son de cloche chez Lucie, qui souligne que les règles de distanciation et d’hygiène ne peuvent être respectées, et que les trains ne sont presque plus nettoyés…

Les questions subsistent

Sur quoi se base la région pour décider de ces suppressions de train ? Jusqu’à quand ? Quelles sont les règles sanitaires appliquées ?

Joint par téléphone, Michel Neugnot, premier vice-président au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté notamment en charge des transports, avance des baisses de fréquentation : « Nous avons aujourd’hui entre 50 et 60% de voyageurs en moins, donc nous avons décidé de réduire le nombre de trains pour une période temporaire… ». Et ajoute : « Habituellement, il y a un train à 6h11, 7h11, 8h11 je crois, donc vous voyez, c’est quand même beaucoup desservi. On a supprimé le 7h11, parce que le 6h11 permet de ramener des gens à Dijon avant 8h. On répartit équitablement la charge des trains supprimés ».

Quid des trains surchargés ? Michel Neugnot fait dans l’humour : « Maintenant, il peut arriver que sur une fin de parcours, des gens se retrouvent debout dans le train. Mais ce sera sur une durée de 10 min. Et 10 min avec le masque et les mesures d’hygiène dans un train, c’est acceptable ». Tous les usagers rencontrés invitent le vice-président de la région à venir prendre un train le matin pour se rendre compte de lui-même. 

Des collectifs se montent

Mécontents de ces nouvelles décisions, des usagers n’hésitent pas à créer des collectifs. Des pétitions circulent, en ligne ou dans les villages, pour essayer de faire bouger les choses ou au moins, avoir des explications. Celles-ci ont déjà récolté de nombreuses signatures, ce qui montre que le sujet ne concerne pas que trois ou quatre grincheux. Celle de la ligne Les Laumes-Dijon a reçu environ 360 signatures et celle d’Auxerre-Dijon presque 200.

Ces pétitions, au-delà des suppressions de train, dénoncent l’absence de mission de service public. Normalement le conseil régional a une obligation d’organiser le transport scolaire. Ici, dans les cas énoncés, cette obligation n’est pas réellement remplie.

Enfin, lors d’une récente rencontre avec un collectif d’usagers, le vice-président de la région déclarait assumer la responsabilité des retards des uns et des autres. Et se disait prêt à prendre contact avec les employeurs et responsables d’établissements scolaires mécontents. Il invite les usagers à le contacter directement sur sa boîte mail personnelle. « Dès lors que vous êtes en retard, nous vous proposons d’envoyer sur la boite mail personnelle de M. Neugnot (neugnot-michel@wanadoo.fr) ainsi qu’au service responsable de la gestion des transports scolaires de la région (transports21@bourgognefranchecomte.fr), les lettres, billets de retard, défauts de réalisation du temps de travail », indique le collectif.

D’après Michel Neugnot, tous les désagréments rentreront en ordre à la fin de l’épidémie. On reste attentif.

  • Julian Marras / Photos : J.M.