La ville de Dole lance à partir du 5 et pour tout le mois de février « Y’a plus de saison ». L’idée est de faire renaitre la culture partout dans la ville en attendant que les lieux culturels ré-ouvrent. On y trouvera des expositions, des contes, des crieurs de rue, des lectures théâtralisées dans les rues mais aussi chez les gens. 

À Dole, ils en ont marre d’attendre la réouverture des lieux de culture. Ils en ont marre aussi de rester derrière un écran. « On veut en finir avec la culture Zoom, la culture ne peut pas être que digitale », explique Jean-Philippe Lefèvre, chargé des politiques culturelles, patrimoniales et des relations internationales à la ville de Dole. Pour sortir de cette attente d’un futur à nouveau normal, qui ne sera sans doute pas possible avant un bon moment, ils se sont demandé comment faire pour jongler entre le covid et le retour de l’art dans la vie des habitants.

C’est la première fois que tous les acteurs de la culture de Dole bossent en même temps main dans la main. « En se retrouvant tous ensemble, on s’est rendu compte qu’on avait de l’énergie », glisse Amélie Lavin, directrice du musée des Beaux-Arts de Dole. La ville de Dole, la MJC, les Scènes du Jura (la scène nationale), le Conservatoire, le musée des Beaux-Arts, le service patrimoine et les médiathèques se sont réinventés pour proposer aux habitants de Dole le un come-back de l’art dans l’espace public.

« Il n’y a pas eu de saison culturelle. Il y a le printemps des poètes qui est au mois de mars normalement. On s’est dit : et bah on s’en fout, on va faire le printemps des poètes en février », s’amuse Jean-Philippe. Alors vu qu’Y’a plus de saison, ils sont prêts et ont un plan d’attaque pour relancer la culture. Et c’est pas juste deux affiches collées dans la ville.

Trois volets d’actions concrètes

Peu importe ce que le gouvernement annonce pour le mois de février : la ville sera habillée avec tout un tas de reproductions d’œuvres. Les grilles des bâtiments comme celles de la préfecture ou du lycée, les vitrines des commerçants et les sucettes (panneaux publicitaires de ville) hébergeront photos et affiches entre autre pour pimper le centre-ville. Puisqu’en cas de confinement les commerces dits ‘essentiels’ resteront à coup sûr ouverts, la ville et les acteurs culturels ont investi ces lieux. « On a proposé à des commerçants de devenir parrains et marraines de certaines œuvres du musées », indique Amélie Lavin. Les commerçants ont choisi une œuvre qu’ils aiment pour afficher sa représentation dans leur boutique. Ça décore, et en plus il y a une histoire à raconter dessus. Leur rôle est de continuer à faire vivre l’œuvre qu’ils accueillent en poursuivant la médiation, c’est-à-dire d’expliquer à leur client ce que c’est, et pourquoi ils l’ont choisie. 25 commerçants sont déjà prêts à jouer le jeu pour le moment. 

Exposition extérieure

Ensuite, si les annonces gouvernementales le permettent, des « capsules artistiques » vont voir le jour. Il s’agit en fait d’animations éphémères qui auront lieu le mercredi et vendredi aprem’ et le samedi. Ni le lieu, ni la date ne seront communiquées, « ça sera rapide pour éviter tout rassemblement », ajoute Jean-Philippe Lefèvre. En mode fast and furious

La médiathèque, elle, se charge de faire des lectures, les ados de la MJC proposeront des contes, des crieurs de rue feront apparition, et des massages sonores (poésie, musique) seront disponibles avec un casque depuis un transat. « Les artistes feront irruption de façon inopinée et ils seront habillés de façon à interpeller les gens », poursuit le chargé des politiques culturelles. Ces interventions n’ont pas pour objectif de remplacer la culture dans des lieux propres comme on la connait en temps normal, mais de montrer aux habitants que la culture est partout et qu’elle se réinvente. « Plutôt que de laisser la ville vide, on veut créer de l’envie et ajouter des secondes de poésies dans la vie des gens », ajoute-t-il. De la musique quand tu vas acheter ta baguette, sympa. 

Danseuse Désir © Roxanne Gauthier

Pour offrir encore plus de poésie, la ville mettra aussi en place des brigades d’intervention culturelle. Sur réservation, les artistes s’invitent chez les gens. Mettre la table en chantant avec un artiste venu spécialement pour toi : c’est pas commun mais c’est possible à Dole. Pendant une petite dizaine de minutes, les artistes amèneront musique, poésie, art ou encore du chant à domicile. « Ce genre de trucs complètement délirants aujourd’hui, on est capable de le faire », plaisante Jean-Philippe Lefèvre. Cet espèce de drive de la culture sera proposé toutes les semaines de février, du lundi au vendredi. 

Le fait que ces interventions se fasse en vrai permet aussi de les rendre accessible à toutes et tous et pas seulement aux adeptes des nouvelles technologies. Pour l’instant, ça se passe qu’en février, mais si le public accroche, ça pourrait sûrement continuer. En clair, si la crise sanitaire se poursuit, ne vous étonnez pas de voir à Dole des bars de Noël en juin puisque Y’a plus de saison. 

  • Florentine Colliat // Photo de Une: Rosa Mercedes / Photo Danseuse Désir: Roxanne Gauthier / DR (Ville de Dole)