On continue de prendre des nouvelles des salles de concerts avec Radio Dijon Campus et, pour notre deuxième rencontre, on est allé voir comment se porte Le Moulin, la SMAC (scène de musiques actuelles) à Brainans, dans le Jura. Amandine Laurent, sa chargée de communication, fait le point.

Quelle est la température, en ce moment, dans l’équipe ? Il y a eu quelques annulations ou des reports par rapport à la programmation du Moulin...

Nous, on a pris la décision pour ce début d’année d’annoncer les évènements qu’on avait travaillés et réfléchis à l’automne. On a voulu partager au public les évènements qu’on avait envisagés pour eux. Mais notre optimisme petit à petit se dégrade. Au fil de la situation, on s’est mis à annuler quelques dates. On a encore des évènements en mars qui sont programmés mais on est de moins en moins sûr que ça va se faire. Surtout, on programme sur le printemps des choses en extérieur qui s’envisagent un peu plus avec ce Covid. Pour le moment Le Moulin est froid et fermé, il ne se passe pas grand-chose en termes de diffusion de concerts mais on s’active au niveau des actions culturelles. On fait pas mal de choses en milieu scolaire, dans des médiathèques, on essaye d’exploiter les lieux où le public est encore présent.

L’avenir, vous le voyez comment ?

On envisageait en mai, par exemple, une tournée chez nos producteurs.

Vos producteurs de quoi ? De fromage, de vin ?

De bière, de produits locaux , on essaye de travailler en circuit court au maximum, en bio. Le but, c’est aussi de les mettre en avant à travers des actions, d’amener le public chez eux aussi, trouver des formules un peu plus légères sur l’artistique parce qu’on est évidemment dans la musique. Donc c’est aussi l’idée d’amener des concerts dans des lieux où il n’y en a pas forcément. C’est un peu le challenge, trouver des passerelles. On a des évènements qui se dessinent, comme aussi faire un lien avec le tourisme. Le Jura est fait de lacs et de rivières, donc des évènements pour pouvoir faire raisonner la musique sur le territoire.

Au niveau de la scène locale, il y a des salles qui se proposent d’accueillir des résidences, qui font du développement, ou des vidéos. C’est quoi la politique du Moulin ? Le Moulin est fermé donc il ne peut rien s’y passer ?

Pas tout à fait. Mais Le Moulin, l’hiver, est difficilement chauffable. Le bâtiment est mal isolé et avec des grands espaces…

C’est un vrai moulin, vieux, tout en pierre.

Il y a un projet de réhabilitation qui voit le jour. Pour l’hiver, accueillir des groupes en résidence, c’est pas cadeau pour eux donc on a écarté cette activité mais on a tout un volet d’actions qu’on a mis en place suite au premier confinement, qu’on a appelé « De la musique à la scène ». On a fait un appel public pour des groupes, des artistes amateurs du Jura qui se réunissent depuis septembre en visio ou en physique pour une création musicale originale. C’est deux groupes de six personnes, tous les instruments sont représentés et le but c’est de faire une création musicale, initialement pour une restitution publique sur un de nos évènements. Mais la situation fait qu’on va faire une restitution vidéo. C’est un petit peu le projet d’accompagnement qui est en cours là, sur 2020 – 2021. Les résidences se programment aux beaux jours, dès avril, on a un planning.

Avec des artistes locaux ?

Essentiellement locaux.

Depuis le premier confinement, les lieux de concerts vivent au rythme des annonces gouvernementales à essayer de faire des choses et à annuler, à s’adapter… J’ai l’impression que dans les salles il y a un mouvement inverse. C’est-à-dire qu’on va essayer de faire des choses sans attendre auprès du ministère de la Culture et du gouvernement. Est-ce que vous êtes dans cet état d’esprit ? Tu parlais d’un optimisme un petit peu érodé tout à l’heure…

On essaye d’anticiper au maximum, d’essayer d’éviter de faire pour défaire, c’est pas très motivant. C’est toujours un peu difficile avec la visibilité qu’on nous donne. On essaye d’envisager des projets sur la durée, on a des projets qui se mettent en place, de captation vidéo notamment. Je parlais de lien avec le tourisme, l’idée c’est d’aller dans des lieux un peu atypiques du Jura, dans des caves, dans des fromageries, des lieux qui sublimeraient le territoire. Et de capter des groupes locaux dans ces spots.

  • Propos recueillis par Martial Ratel et Martin Caye, retranscrits par Amélie Bobo // Photos : Fab Mat / Le Moulin