Depuis jeudi dernier, le centre dramatique national (CDN) de Besançon est occupé. Pour rejoindre le mouvement national initié par l’occupation du théâtre de l’Odéon à Paris (et maintenant dans 30 théâtres de France), la coordination des intermittents et précaires (CIP) de Franche-Comté a décidé de passer à l’action. Sans armes ni violences. On n’est pas au Capitole.
« Depuis la décision d’occuper le lieu en assemblée générale, ça prend bien, il y a beaucoup de monde qui participe et qui se montre solidaire. On a mis des banderoles dans tout Besançon. Au théâtre Ledoux, au Kursaal, à la Cité des arts », annonce Pedro Theuriet, intermittent et membre de la CIP sur place.
La vie s’organise au CDN. Tous les jours à 14h, c’est l’Agora sur le parvis. Tout le monde est convié, les occupants de la CIP, mais aussi les voisins, les curieux, ceux qui auraient envie de se renseigner ou de s’investir. « On discute, on débat, on informe, et surtout on essaie de trouver de nouveaux moyens d’action ensemble ». Une contre expertise a été lancée face à l’expertise sur les intermittents du gouvernement. On essaie de recenser les situations et les besoins de tous les intermittents du coin », confirme Pedro.
Apparemment, les intermittents ne sont pas prêts de lâcher. « Pour la nuit, on a un tableau d’inscription. Ceux qui veulent prendre leur tour s’y inscrivent. Il est plein pour 10 jours. Donc on n’est pas prêt de partir. Mais bon, va falloir qu’on trouve d’autres choses que cette occupation pour se faire entendre. C’est un bon début mais ça ne fait pas chier assez de monde pour être vraiment efficace ».
Côté revendications de la CIP, c’est simple :
- Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous les travailleurs précaires, extras et saisonniers entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et les politiques patronales, ainsi que la baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo entrants et/ou intermittents en rupture de droits.
- De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à tous les travailleurs à l’emploi discontinu et auteurs aux congés maternité et maladies indemnisées.
- Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage.
- Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salariés de la culture.
- Des moyens pour garantir les droits sociaux – retraite, formation, médecine du travail, congés payés etc. – dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations.
- La remise en route de toutes les manifestations culturelles dans le respect des consignes sanitaires.
Et bien sûr, un rendez vous avec Jean Castex, parce que selon Pedro, « on est dans une merde sans nom ». On se tient au jus. Vous pouvez passez au CDN tous les jours à 14h.
- Chablis Winston / Photos : Raphaël Helle