Installée depuis 2018 à Toucy dans l’Yonne, l’association La Californie possède une recyclerie, un vestiaire solidaire et des ateliers pour apprendre à faire soi-même. Un lieu d’échange et de réflexion qui n’a pas fini de se développer.

On oublie Los Angeles, les cocotiers, les plages et les surfers. Ici, c’est une toute autre ambiance au cœur de la Puisaye, pleine campagne, dans l’Yonne, mais qui n’en est pas moins chouette. Une friche de 5.000 m2 qui fait office de tiers-lieu, « un espace qui est entre l’espace public et l’espace privé, qui est co-construit avec les citoyens, qui crée du lien social et de la rencontre » nous explique Juliette Six, designer à Bonjour Cascade, une des trois associations fondatrices de la Californie.

Sur place, Toucy Entraide, la recyclerie de Toucy et Bonjour Cascade cohabitent. La première asso donne des colis alimentaires aux familles qui en ont besoin et propose des ateliers jardinages. En 2018, c’est plus de 1.500 colis qui ont été distribués. Cette action est en partie financée grâce à son vestiaire collectif qui vend des vêtements, chaussures, maroquinerie, enfin une fripe quoi. La deuxième asso est, comme son nom l’indique, une recyclerie. Ils recyclent, réparent, et remettent en circuit tous types d’objets. L’association possède un comptoir numérique, ils récupèrent « des vieilles machines, remettent en circuit une partie de la flotte qui équipe beaucoup de scolaires avec le confinement, des enfants, des lycéens, des écoles, mais aussi des associations qui en ont besoin » développe Juliette. Le tout gratuitement. « Certains ordis sont revendus à petit prix dans le magasin avec l’idée d’accompagner et de former sur ces machines » poursuit-elle. Dans la même optique, ils ont un atelier vélo qui permet de réparer sa bécane en récupérant des pièces sur d’autres vélos. La dernière asso, Bonjour Cascade font du design qui a un impact social et environnemental. Ils animent et construisent le site, entre autres.

Tous ces volets d’actions attirent chaque semaine en moyenne 300 visiteurs de divers milieux sociaux. « Il y a un public hyper hétérogène qui fréquente le site que ce soit par goût pour la recyclerie ou pas nécessité, peu importe en fait » observe Juliette. Public fragile, écolos, artistes, lycéens, et habitants du coin gravitent grâce aux magasins, aux ateliers mais aussi aux conférences qu’ils organisent et à la programmation culturelle de leur guinguette. « En 2019 on a fait plus de 20 événements, et quand même 3 en 2020. On a fait des plateaux radios, des théâtres, du cirque, des débats… » détaille-t-elle. Au total c’est un noyau dur d’une cinquantaine de personnes qui fait tourner la baraque. Une vraie fourmilière.

« Une pépinière qui correspond aux besoins du territoire »

Le plan de ce tiers-lieu n’est pas figé. « On construit un cadre, on teste des ouvertures, des choses, des modèles avec l’idée que le projet va être amené à évoluer, donc qu’il ne faut pas trop le brider. Pour nous, c’est important comme notion parce que ça permet de comprendre les envies des habitants du territoire en tant que tel, et ça demande du temps et d’expérimenter », note Juliette. Niveau expérimentation, un bâtiment va bientôt sortir de terre et loger un coin de cuisine partagée. Un joli projet qui permettra à des maraîchers par exemple de venir proposer des dingueries culinaires lors des événements sur le site.

Toutes ces activités fonctionnent grâce aux nombreux bénévoles mais créent aussi de l’emploi. Le vestiaire a permis d’embaucher en contrat aidé des personnes en insertion, la recyclerie va prochainement signer plusieurs postes et des animateurs professionnels vont être recrutés bientôt. Ce site regroupe des rêveurs prêts à inventer un futur qui leur correspond tout en favorisant l’économie solidaire et circulaire. Un projet à surveiller de près pour les prochaines années. C’est certain, La Californie n’a rien à envier à son homonyme américain.

  • Florentine Colliat // Photos de une : P. Cibille / Autres photos : La Californie