Le Silex, c’est la SMAC de l’Yonne flanquée sur les rives du cours d’eau du même nom à Auxerre. On a demandé à Sylvain Briand, son directeur, comment la salle se porte.

Sur quoi vous vous êtes mis à travailler avec cette situation bien emmerdante ?

C’est quand même une période compliquée. Depuis mars 2020 on a été les premiers à fermer et d’ailleurs on sera sans doute les derniers à rouvrir en tous cas pour les concerts debout. On a eu plusieurs phases dans cette période parce qu’il y a ce « stop and go » qui nous court après depuis maintenant 14 mois. On a eu plusieurs étapes. Dans un premier temps, maintenir un maximum de concerts ou les retrouver dans des propositions un peu dégradées, assis avec port du masque obligatoire. Ça s’est révélé un peu difficile à mettre en œuvre évidemment. On s’est replié sur le streaming avec notamment en juin dernier le Catalpa festival en version numérique. Et puis après on a multiplié toutes les opérations que ce soit la résidence ou la répétition accompagnée. On a fait beaucoup de formations, beaucoup de travaux aussi dans le Silex puisqu’après 10 ans d’ouverture on avait besoin de faire un grand clean qu’on n’avait jamais le temps de faire dans le déroulé habituel des saisons. Donc on n’a pas perdu notre temps, je pense qu’on a travaillé pour l’avenir, pour la réouverture à savoir pour les groupes locaux un petit peu plus armés pour faire des propositions de concerts bien ficelés. On est prêts à rouvrir dès que le feu vert nous sera donné. 

Oui parce que dans les résidences accueillis par le silex récemment, il avait The Huile, groupe de Sens, la semaine prochaine vous accueillez Loman…

C’est un artiste très intéressant, un Tonnerrois d’origine, donc dans le sud de l’Yonne, qui est monté à Paris comme beaucoup de jeunes dans l’Yonne. Il est revenu sur Tonnerre au premier confinement, il est franco-japonais, il a un artwork hyper intéressant et il propose une pop électro très moderne et sympa. Donc là on va découvrir le projet un peu en live et on va travailler un petit peu avec lui pour essayer de l’accompagner tout au long de l’année prochaine. Ça c’est le « bénéfice » du covid, il y a aussi des points positifs : c’est de voir revenir dans l’Yonne des artistes qui produisaient des choses plutôt sur Paris et qui maintenant profitent de la campagne icaunaise pour travailler et qui nous font directement bénéficier de nouveaux projets donc c’est super intéressant. Et tu évoquais The Huile, alors ça c’est toujours la frange rock garage qu’on a dans l’Yonne et qui marche très fort avec les émules de Johnny Mafia. C’est aussi un projet super intéressant qu’on a suivi depuis presque 1 an et qu’on a fait aboutir en résidence. Et ça c’est un groupe dont on va entendre parler en BFC. Il y a toutes les bonnes raisons pour que ça circule très bien dans notre région. 

Évidemment la programmation du Silex est fortement impactée par la crise mais le 27 mai prochain vous avez programmé une conférence sur l’histoire du rap par Sapritch qui est un habitué des formes de conférence un petit peu décalée. Cette conférence s’appelle « Yo ! ». Est-ce que vous avez bon espoir que cette forme-là arrive à être maintenue malgré le fait qu’on ne sache pas à quelle sauce on va être mangé ? 

C’est difficile, c’est incertain. On essaie d’occuper tous les espaces laissés encore vides ou même s’il y a un espoir, on essaie de maintenir un maximum mais on voit que les statistiques sanitaires ne sont pas bonnes. Depuis 12 mois on a annulé presque 90 opérations, ça me semble utopique de pouvoir affirmer que ça aura lieu mais on essaie. On verra bien, on sait aussi les contraintes qu’il y a dans le milieu scolaire, les contraintes qui interviennent dans les espaces comme les lycées et les collèges donc pour l’instant on maintient mais je ne m’engage pas. On maintient aussi The Brooks en diffusion le 15 mai, c’est un groupe du Canada. Pour les groupes étrangers on devine bien la complexité. On essaie de maintenir la date quand même parce que c’est toute une tournée qui s’effondre pour eux… C’est une incertitude pour tout le mois de mai. On a beaucoup entendu parler d’une réouverture par phase à partir du 15 mais mais j’y crois de moins en moins et il faut être conscient des difficultés qui vont être devant nous encore jusqu’au mois de juillet. (ndlr : depuis cette interview, voici les annonces faites pour les réouvertures d’établissements)

Catalpa Festival en 2019 avec La P’tite Fumée

Il y a peut-être une toute petite éventualité de faire des concerts en extérieurs cet été. Vous organisez le festival Catalpa au parc de l’Arbre Sec à Auxerre. Est-ce que l’été c’est une opportunité sur laquelle vous dites allez « on va essayer quelque chose » ? 

Oui oui tout à fait, Catalpa on va tenter quelque chose de manière un peu dégradée, on peut pas accueillir 40.000 spectateurs au parc de l’Arbre-Sec évidemment. En plus avec les mesures que Roselyne Bachelot avait décrétées concernant les festivals de l’été c’est mission impossible. Il n’y a pas de modèle économique qui peut fonctionner avec 5.000 personnes sans bars ni restaurants notamment sur un festival gratuit comme le Catalpa. Il a fallu réinventer une copie en accord avec nos partenaires, comme la ville d’Auxerre mais aussi le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté puisque Catalpa c’est quand même LE premier événement en terme de fréquentation de l’ancienne région Bourgogne. Là on réinvente quelque chose, sur 4 jours le dernier week-end de juin. Du 24 au 27 juin. On va utiliser des espaces clos mais aussi en plein air comme nous l’indique fortement la préfecture. Donc ça sera des espaces patrimoniaux comme on l’a déjà fait comme l’Abbaye St Germain ou le parc Paul-Bert qui sont des lieux emblématiques du centre d’Auxerre mais avec des jauges vraiment réduites à 300 ou 400 personnes, assis, port du masque obligatoire sans bars ni restaurants. Donc voilà, ce sera une ambiance moins conviviale mais notre idée à nous c’est vraiment d’occuper le terrain et petit à petit de proposer au public Auxerrois des rendez-vous et occuper le paysage, faire nos métiers qui nous manquent tant depuis 12 mois. Retrouver notre public aussi même si c’est de manière très limité. Mais l’idée c’est vraiment de remettre la machine en route, de refaire de la com, de la musique pour pouvoir repartir sur le mois de septembre dans les meilleures dispositions possibles. 

Pour terminer, il y a un festival qui a lieu sur Auxerre, festival soutenu par la communication du Silex qui s’appelle Les Féminines à La Scène des Quais à partir du 21 mai. C’est des spectacles et des concerts montés par des comédiennes, des chanteuses des musiciennes. Est-ce qu’il y a une chance que ce truc se fasse du coup ? 

Qui ne tente rien n’a rien. Notre idée à nous c’est de quand même s’associer avec toutes les énergies positives culturelles qu’il y a sur Auxerre. La Scène des Quais, c’est un partenaire à l’année donc c’est précieux pour nous d’être un relai de com pour leur projet. On perdra rien à essayer de tenter et puis c’est des petites jauges, c’est un outil super, c’est une péniche sur les quais. Il y a plein de vertus notamment cette terrasse qui peut être exploitée en extérieur sur les quais. Il y a plein de petits espoirs pour que ça puisse aboutir. Nous, on s’associe à cette énergie…

  • Propos recueillis par Martin Caye et Martial Ratel, retranscrits par Florentine Colliat // Photos : ©Elisabeth Sazerat

Interview réalisée mardi 20 avril.