Le 15 mai, la Dijonnaise Aurélie Gonet a pris la route à bord de son bolide Raymond pour son 4ème voyage à vélo. Pour ce «Tour des savoirs» en partenariat avec les universités de Bourgogne (uB) et de Franche-Comté (UFC), et dans le cadre du programme de la biennale « Réseaux! Partout tu tisses », elle partira pendant 2 semaines à la rencontre des chercheurs de la région. Mais pas que.

Comment s’est monté ce voyage ?

Le programme voulait quelqu’un pour aller à la rencontre des chercheurs, directement sur leur lieu de recherche à la campagne, et que ça fasse comme un trajet. Les organisateurs du Tour des savoirs avait suivi mon trajet Dijon-Pékin. La 1ère fois qu’ils m’ont écrit, j’étais au Tadjikistan. Ce qu’ils aimaient bien c’était l’approche humaine : les rencontres que j’ai l’habitude de faire, les liens qui se nouent avec les gens. Et comme la thématique c’est le réseau, ça collait bien avec mon approche du voyage : rencontrer une personne qui me dit d’aller à droite, à gauche, d’en rencontrer une autre…

Ça t’a pris combien de temps pour organiser ce projet ?

J’aurais dû le faire l’année dernière. Là c’est vraiment depuis 15 jours qu’on recontacte tout le monde. Les rencontres avec les chercheurs sont calées en fonction de leur emploi du temps. Mais en dehors de celles-ci, j’imagine qu’il y en aura des fortuites qui me mèneront à d’autres personnes et qu’on va collecter des savoirs de gens qui habitent dans notre région. C’est comme une expérience, c’est ça qui me plaît : on voyage et on test un truc.

Comment le trajet Nevers-Morteau s’est dessiné ?

Ça aurait pu être un autre trajet. Ils m’avaient proposé des thématiques de recherche, et j’ai choisi celles qui me plaisaient bien. On s’est rendu compte que ça allait d’un bout à l’autre de la BFC.

Et quels genres de savoirs tu vas aller chercher ?

Ce qui m’intéressait, c’était d’aller rencontrer des chercheurs en milieu rural afin de faire découvrir aux gens une recherche qu’ils ne soupçonnaient pas. Par exemple, il y a une chercheuse qui travaille dans le domaine viticole… Moi, quand je me promène dans les vignes, je me dis « les vignerons, ils savent faire ça de génération en génération », mais en fait la recherche entre aussi en jeu : quand les vignes sont malades, quand il y a des choses à anticiper, quand les climats changent, ce sont en partie les chercheurs qui travaillent dessus. Ces savoirs-là seront publiés dans mes stories que l’uB va relayer. Je vais publier des textes, photos et vidéos du voyage sur mes réseaux sociaux. J’ai aussi l’habitude de rédiger un peu plus sur Facebook, où je raconte mes rencontres.

Tu vas pioncer où ? Chez les chercheurs ?

Ça fait aussi partie du hasard : si j’en rencontre un le soir, je ne sais pas si je vais dormir chez lui, dans son jardin ou chez quelqu’un d’autre. Ce projet est fait aussi pour laisser un maximum de liberté…

Avoue, c’est la saucisse de Morteau qui te motive à arriver à la destination finale ?

Le but ultime, c’est d’arriver au camping de Morteau qui s’appelle Le Cul de la Lune. C’est presque comme Tintin : objectif Cul de la Lune. Il y a 2 ans j’ai roulé jusqu’à Pékin pour courir le marathon et là je roule jusqu’à Morteau pour dormir au Cul de la Lune… Blague à part, ce qui est intéressant dans ce voyage c’est que je ne connais vraiment pas ma région. Quand je partais pour Pékin, j’avais roulé à travers la BFC et je m’étais dit: « c’est trop beau tout ce que je vois ». Je portais un nouveau regard, j’étais déjà en mode découverte. Et je me suis dit qu’à mon retour j’aimerais découvrir ce qu’il y a autour de chez moi. On a des paysages magnifiques.

Ces 2 semaines, c’est une balade digestive comparé à ton précédent périple Dijon-Pékin, nan ?

J’en sais rien, parce que là je commence un peu à flipper. Je suis rentrée il y a un 1 an et demi, je n’ai quasiment pas fait de sport depuis. On me dit autour de moi « Nevers ça monte ça descend, tu vas en baver » ou bien « Ah oui ! vous venez dans les montagnes du Jura ». Je me suis dit « ah tiens ! c’est marrant qu’ils disent le mot montagne ». Je vais prendre montemps mais physiquement, je ne pense pas que ça va être facile. En plus je crois qu’ils annoncent de la pluie, ça va me réveiller.

Au fait, pourquoi le vélo et pas un autre moyen de transport ?

Parce que c’est entre la marche et la voiture. Ça me permet d’aller assez vite et ça m’offre la liberté de pouvoir m’arrêter quand je veux. Et puis on n’est pas dans un habitacle, c’est pas comme si je prenais le train, je me prends le vent dans la tête. Je suis en contact direct avec la nature, la météo et les gens. C’est une approche très frontale. Ce que j’aime bien aussi avec le vélo c’est que je peux remplir mes sacoches. Je peux emmener tout mon matériel de bivouac et mon ordinateur. Je peux aussi rajouter une sacoche devant pour mettre suffisamment de bouffe. J’y trouve mon petit confort, je suis dans mon petit 4 étoiles. Et puis je pense qu’avec le vélo il y a un côté sympathique : je rencontre facilement des gens. Comme on a tous fait du vélo, il y a quelque chose d’universel qui facilite la rencontre. Les gens aiment bien me demander des trucs sur mon vélo : combien de kilos ? quelle vitesse ? combien de km par jour?

Ton prochain grand périple est déjà acté ?

Le prochain à l’étranger, ça sera le sud du Maroc, j’aimerais bien m’approcher du Sahara et puis remonter dans le haut de l’Atlas. J’avais expérimenté le désert au Kazakhstan et en Ouzbékistan, et c’est une partie que j’ai adorée. Les moments où je me suis retrouvée toute seule, qu’il n’y avait pas de pollution lumineuse, le ciel était incroyable ! Ce sont des moments qui peuvent paraître effrayants si on manque d’eau, si on a faim, si y’a un pépin. Mais moi je ressens énormément de choses près du désert.

  • Emma Lahalle

Suivez Aurélie sur Facebook et Instagram