Installée initialement en octobre 2020 au musée Nicephore Niépce de Chalon-sur-Saône, l’exposition Azimut proposée par le collectif Tendance Floue s’offre une prolongation du 19 mai au 19 septembre prochain, Covid oblige. Une bonne raison de (re)chausser ses chaussures de rando et d’admirer ce carnet de voyage façon La Carte et le Territoire de Houellebecq.

C’est article a été écrit à la veille du confinement d’octobre 2020, en atteste l’ambiance crépusculaire des prochaines lignes.

C’est un musée quasiment vide de public que je découvre au lendemain des annonces du gouvernement, en octobre 2020. Ce n’est pas vraiment un branle-bas de combat, mais plutôt un inertie totale qui prévaut. La réceptionniste m’invite à aller découvrir l’exposition en me précisant bien que c’est sans doute le dernier jour avant la fermeture du lieu, sans informations supplémentaires toutefois. Je traverse les pièces des expositions permanentes sans m’attarder sur la pourtant excellente collection de Daguerréotypes et autre Kodaks instantanés du musée. 

© Léa Habourdin

Bien qu’instigué il y a quelques temps pendant une autre campagne électorale, cette fois-ci en France en 2017, l’exposition a une résonance toute particulière avec l’actualité de ces jours-ci, entre élections américaines et confinement.

Cette marche photographique, c’est d’abord un travail collectif, une marche relais composée de 32 photographes qui ont couvert 4.267 km sur notre territoire, durant 6 mois de temps. De quoi sillonner la France en y capturant ce qu’il y a de meilleur et de plus déprimant. Une sorte de cartographie d’un autre temps, comme si la mission héliographique (des photographes qui sillonnaient le territoire au XIXème siècle en commande pour le gouvernement, ndlr) était revenue faire un pied de nez aux voitures Google que l’on croise d’ici et là dans les villes modernes. 

Cependant, il ne faut pas y voir une éloge retrograde du « c’était mieux avant » puisque les photographes ont également alimenté leurs réseaux sociaux avec une photo par jour, preuve de leur avancée. D’ailleurs, il y a quelques croquis de photos prévues initialement sur Instagram pour les jours « sans batteries » sur le chemin dans l’expo). Au delà du travail de cartographie, il s’agit donc plus d’un fantasme : celui de reconnecter le collectif qui fête ses 25 ans, et passer à l’âge adulte en prenant la clef des champs.

On ne sait jamais avec Azimut si les photographes ont trouvé leur bonheur dans ces pèlerinages erratiques souvent frustrés par le temps et la monotonie de la ligne droite ou s’il subissent les éléments (probablement les deux). Pour ma part, en tant que spectateur et marcheur occasionnel, je retrouve une fraîcheur à parcourir cette exposition, une bise vivifiante à me retrouver moi aussi perdu au milieu de nulle part, espérant retrouver un chemin inattendu et inexploré. J’espère que ce chemin pourra vous aussi vous amener jusqu’au Musée Niépce bientôt. Et ce, sans attestation de sortie.

  • Frank le Tank // Photos : Mat Jacob / Tendance Floue