Depuis plus de 20 ans, Les Passagers du Zinc à Besançon, c’est un lieu où on peut boire des coups et assister à des concerts en même temps. Un café-concert quoi. On a pris de leurs nouvelles à quelques jours de la réouverture des terrasses avec Méghane Schevènement, programmatrice et chargée de diffusion du lieu.

Est-ce que Les Passagers du Zinc sont menacés par la situation qu’on traverse en ce moment ?

On n’est pas spécialement menacés pour l’instant, on a de la chance d’être aidé par l’État comme beaucoup de collègues du milieu. Ça va rester fragile, j’imagine, à la réouverture sachant que les protocoles n’ont pas l’air super-super. C’est une affaire à suivre, normalement on ouvre très prochainement (cette interview a été réalisée mardi 11 mai 2021, ndlr).

Est-ce que ça a pu rouvrir pendant la mi-temps de l’épidémie entre l’été et la reprise au mois de novembre l’année dernière ?

Oui on a rouvert et le mot mi-temps est super bien choisi, on était partis comme pour la Coupe du monde 2018 en mode diffusion des matchs de foot, ce qui nous anime toujours bien l’été. Mais résultat des courses, on s’est contenté de la terrasse de juin à fin juillet, on a rouvert l’intérieur fin août jusqu’à la fermeture fin octobre avec des événements de type blind test, ou apéritif de trucs qui se mangent. En tout, on a fait que deux concerts assis, donc ça n’était pas bien folichon, mais c’était mieux que rien. 

Vous êtes un café-concert, on sait que pour certains événements, c’est peut-être compliqué d’avoir à la fois un bar et d’être diffuseur de musique. Est-ce que vous avez peur qu’on vous demande de choisir de faire l’un ou l’autre, mais pas les deux en même temps dans la soirée ? 

Oui, c’est une crainte parce qu’on ne sait pas encore comment vont se passer les diffusions de concert. Ça pose des questions, savoir si le public sera assis, s’il sera masqué, s’il aura le droit de consommer, comment il aura le droit de circuler. Sachant que notre salle de concert est dans une cave et que le lieu n’est pas non plus gigantesque… C’est très compliqué d’avoir à choisir parce que quand on est en concert, on aime bien boire un coup, mais nous on n’est pas là juste pour boire des bières, on a quelque chose en plus qui fait qu’on n’est pas un simple bar. J’avoue que choisir entre les deux, c’est quand même hyper raide. 

Sachant qu’en plus, le bar, dans certains endroits, paie le cachet de l’artiste donc c’est compliqué d’avoir l’un sans l’autre… 

Oui, en plus. Le concert attire le monde, sans concert est-ce qu’il y aura autant de gens ? C’est une gymnastique un peu pénible dont on se serait bien passé.

Vous êtes un acteur essentiel de la survie de la scène locale et notamment de la scène alternative. Est-ce qu’en temps que programmatrice/diffuseuse de concerts, tu as des nouvelles des groupes qui avaient l’habitude de passer au PDZ ? 

Au niveau des répétitions, tous les groupes professionnels, émergents ou en tous cas qui ont du pain sur la planche de type enregistrement d’album, résidence ou clip, peuvent répéter sous forme de résidence avec le statut de salarié pour que ça puisse être légal. Mais la pratique amateure, c’est compliqué, je n’ai pas trop l’impression que ça ait pu continuer comme avant. Je ne sais pas trop s’il y a des groupes qui sont découragés ou pas. Ceux que j’ai croisés ont peut-être eu la chance de tourner des clips ou de faire des résidences à La Rodia. 

Vous êtes en train de sortir de la cave des vieilleries du PDZ comme des affiches de Bénabar ou des FalshFacon. Étant donné que le lieu a ouvert en 1998, vous avez du trouver quelques trésors.. 

Oui quelques trésors hallucinants même. On avait sorti une malle à un nouvel an pour faire une surprise à mes deux anciennes patronnes, on avait commencé à tapisser une partie des toilettes avec des affiches qu’on a trouvé cool. Il y avait plein d’affiches de groupes que je ne connaissais pas et qui avaient joué il y a bien longtemps. On a remis ça sur le tapis en ressortant cette malle et on a continué notre travail de collage d’affiche. Il y a des choses complètement « scandale » notamment des trucs de chansons françaises complètement extrêmes avec des affiches clairement moches donc j’ai vraiment beaucoup ri. La moitié des trucs, je ne sais pas du tout ce que c’est. Mais il y a des trucs de théâtres d’impro bizarre qui date du moment où le lieu avait un créneau très théâtre barré. 

C’est quoi la suite immédiate pour les Passagers du Zinc ? 

Si ce qu’a annoncé le gouvernement se tient, on a déjà calé un concert le 11 juin et ça c’est fou. On recevra notre pote complètement barré Seb And The Rhaa Dicks de Lyon qui a un set bien drôle. Donc pour remettre le pied à l’étrier, ça va être très cool. Si ça a lieu…

  • Propos recueillis par Martin Caye et Martial Ratel, retranscrits par Florentine Colliat // Photos : Passagers du Zinc