Pour terminer cette série d’articles sur la médiation culturelle dans les structures de la région, on se concentre cette fois-ci sur la danse. Et on a jeté un coup d’œil du côté du Centre Chorégraphique National (CCN) de BFC, VIADANSE à Belfort pour voir ce qu’ils mettaient place.
« Éducation artistique et culturelle, transmission, pédagogie, et sensibilisation. » C’est comme ça que Géraldine Bouvry, responsable de l’action culturelle, décrit les actions de médiation chez VIADANSE. Depuis 1984 ils sont labellisé « CCN ». Pour l’obtenir, la structure doit avoir une partie création et diffusion, mais aussi un volet action culturelle. Chez eux, ça s’appelle « Chemins vers la danse », dans l’idée de permettre aux gens de croiser la danse sur l’autoroute du kiff de la vie. Leur objectif premier, c’est de transmettre le savoir sur la danse. « Au risque d’être ‘cucul’, avec la danse on travaille sur la confiance en soi et l’estime de soi. Il y a aussi l’idée du faire ensemble, de faire groupe », continue Géraldine. Du coup, plusieurs dispositifs sont mis en place pour permettre ça.
Avec le covid, que ce soit pour les projets participatifs ouverts à tous pour construire un projet sur une période avec un artiste ou pour les ateliers amateurs plus ponctuels, ça n’a pas été toujours fastoche de poursuivre ces dispositifs sur cette période. Seulement 2 ateliers amateurs sur 6 auront lieu cette année. « Normalement on lance une invitation aux amateurs du territoire. Ces événements ponctuels permettent à une vingtaine de personnes de découvrir durant 3h un chorégraphe et sa création, mais on n’avait plus le droit d’accueillir des publics adultes (…) Là ça commence seulement à se rouvrir un petit peu », reprend Géraldine.
Heureusement, durant toute cette période reloue, les interventions en milieu scolaire ont pu se poursuivre. Ces temps au bahut, c’est l’occasion pour eux de déconstruire tout un tas de clichés autour de la danse. « Quand on intervient dans des classes notamment Segpa ou Ulis, au début ils ont beaucoup de préjugés comme « la danse c’est les tutus, c’est pour les filles », mais très vite ils oublient tout ça et ils font ensemble. Ils trouvent dans la danse un autres biais d’expression qui sort du cadre traditionnel », se félicite quant à elle Angélique Pichon, chargée de projet au pôle action culturelle de VIADANSE. Des enseignants leur font même remarquer que ces projets améliorent parfois le climat de classe et le rapport garçon-fille. Une victoire pour l’équipe.
Belfort, c’est aussi pas très loin de la Suisse. Alors plutôt que de faire chacun de son côté de la frontière, ils ont créé Territoires Dansés en Commun (TDC) en featuring avec des Suisses. Ce projet, porté par VIADANSE, l’Association Interjurassienne des Centres Culturels (AICC) et ÉVIDANSE, a commencé en janvier 2018 et se terminera en décembre 2021. Il s’en est passé des choses en quatre ans. La force de ce projet, c’est vraiment l’échange transfrontalier. Les Suisses et les Français peuvent partager leurs différentes cultures et façons d’enseigner mais aussi partager des activités ensemble autour de la danse. Autant te dire qu’on parle pas d’échanger autour de la tecktonik (petit ange partit trop tôt… ou pas) mais plutôt autour de la danse contemporaine.
Une grosse partie de TDC s’attarde sur la formation des professionnels. Ils proposent de former « des enseignants, des médiateurs, des éducateurs, des artistes pour les amener à mener des ateliers et des projets pour leurs structures », intervient Angélique, chargée du projet TDC. Au programme : 30 heures de formation pour leur permettre de mener des ateliers en autonomie dans leurs structures. « On vise énormément de cibles : des instituts médico-éducatifs, des écoles au premier et second degré, des maisons de quartiers... », poursuit-elle. Généralement, tous les projets de VIADANSE sont gratuits et accessibles à partir de 10 ans. Ces projets ont pour ambition de toucher un max de personnes qui ne sont pas forcément familiers avec la danse contemporaine. Et tout ça à destination du territoire dans lequel ils sont implantés. Bref, ils sont chauds.
- Florentine Colliat // Photo de Une : Projet participatif HOURRA ©Laurent Philippe/VIADANSE