Dijon vu par c’est une expo, un espace de parole délivré à un artiste chaque année. Un œil qui se pose sur sa ville avec une sensibilité propre. Cette année, c’est la photographe Elodie Régnier qui s’essaye à cet exercice périlleux.

Délivrer une vision personnelle de sa ville n’est pas chose aisée. L’exposer l’est encore moins. Dijon vu par est aujourd’hui une institution dans le paysage dijonnais ; photographes et artistes se succèdent pour donner leur vision de Dijon. Parfois avec pragmatisme, parfois avec onirisme mais jamais dénué de sens. Ici Elodie Régnier nous montre une vision de Dijon ultra personnelle en créant un lien entre un passé conté en photos et un regard quasi documentaire en vidéo. On fait le bilan, calmement, avec Elodie en lui posant quelques questions alors que l’on rentre dans le money time de l’expo, visible jusqu’au 19 septembre 2021.

En marge du salon Apollon, on trouve aussi les photos d’Elodie place de la Sainte Chapelle, devant les fenêtres du Musée des Beaux Arts

C’était quoi ton postulat de départ pour ton Dijon vu par et cette expo Corollaire ?

Elodie Régnier : Étant donné la période de pandémie et de confinement dans laquelle nous étions quand j’ai commencé à travailler sur l’exposition, j’ai voulu me mettre en immersion dans des endroits fermés au public, comme les musées par exemple. Notamment les beaux-arts, le musée de la Vie bourguignonne et le muséum d’histoire naturelle. J’ai voulu raconter l’histoire de Dijon à travers ces endroits chargés d’histoire. En arpentant ces musées, j’ai commencé à imaginer le Dijon vu par comme un conte que j’allais raconter en photos avec des ambiances, des scènes, des animaux, des personnages mystiques.

On a l’impression que les photos sont extraites de plusieurs séries différentes : les plantes, les animaux, les portraits… Pourquoi avoir choisi ces différentes séries ? Quel est le liant qui les rassemble ?

E.R : L’idée c’est de raconter l’histoire de Dijon par une histoire, comme lorsque l’on lit un conte avec de belles images. J’ai voulu accentuer le côté patrimonial de Dijon en mettant en avant les ducs de bourgogne par exemple. Le lévrier peut paraître hors de propos au premier abord, mais il a un liant direct avec la chasse à courre, pratique phare des ducs. Les photos en costume place de la sainte chapelle (au-dessus du musée des beaux-arts) font références à ces portraits fabuleux d’antan, un peu à la manière de la peinture flamande.

Bête de soirée costumée au musée de la Vie Bourguignonne

Tu as choisi une impression textile pour les photographies. Pourquoi ce choix ?

E.R : C’était pour donner un côté léger à cet endroit (le salon Apollon ndlr) hyper grand et spacieux tout en étant chargé par la pierre , très imposante. Il fallait que les photos apparaissent de façon aérienne et légère dans l’espace tout en s’intégrant aux statuts et à l’espace sans le vampiriser. En réalisant l’accrochage et en essayant de respecter au mieux le lieu, on s’est rendu compte qu’il y avait des jeux de regards intéressant entre les animaux sur les photos et les statuts.

La vidéo est littéralement au centre du projet, c’est pour toi le moyen d’opposer passé et modernité ?

E.R : Ça dépend, il y a cette opposition qui est présente mais par exemple il y a aussi cette dualité avec des éléments de photographie que l’on retrouve en vidéo. C’est le cas avec le bar du grand théâtre ou encore avec les réserves du muséum d’histoire naturelles. Il y a des rappels des instants photographiés. La vidéo c’est quand même la pièce majeure de cette expo, puisque c’est le témoin de ces quatre saisons passé à Dijon entre octobre 2020 et mai 2021.

À ce propos, on ressent l’actualité un peu plombante de 2020-2021 dans ton travail vidéo : notamment le COVID, l’occupation du théâtre, les manifs… Ça n’a pas un peu biaisé ton travail dans Dijon vu par ?

E.R : Oui exactement, ça a changé le contenu, mais pas le format. Car je suis attaché au fait d’intégrer des éléments de mon quotidien en vidéo. Effectivement s’il n’y avait pas eu ces événements à Dijon cette année, la vidéo aurait eu un autre aspect mais j’ai fait avec ce qu’il y avait. Et tant pis pour les personnes qui n’ont pas trouvé cela assez gai !

Justement, les détracteurs, notamment les haters qui se sont manifestés dans le livre d’or disent que l’on n’y voit pas beaucoup Dijon dans ton Dijon vu par, ou que la vision est parfois trop morose. Qu’est-ce que tu peux leur répondre ?

Elodie Régnier : Le titre Dijon vu par, annonce bien les choses ; il s’agit d’une vision et d’une interprétation propre. Si les gens veulent voir une carte postale de Dijon, ils peuvent aller à l’office de tourisme ! J’ai juste donné une vision de Dijon la plus objective possible, je n’ai pas cherché à embellir ou cacher la vérité. Cette année a été faite également de moments d’ennuis, de doutes avec les confinements. Ce sont des choses que l’on retrouve aussi dans l’expo.

Dijon vu par est visible au salon Apollon et place de la Sainte Chapelle, accessible par la cour de la mairie, et devant le parvis du musée des Beaux-Arts. C’est visible jusqu’au 19 septembre 2021, tous les après-midi de 14 heures à 18 heures.

Propos recueillis par : Frank Le Tank // Photos : Elodie Régnier

La loge du Maire au grand théâtre
Le bar du grand théâtre