Le label Hands in the dark, basé à Besançon, fête ses 11 ans avec un festival intimiste de qualité. Les artistes du label, qui viennent de partout dans le monde, se retrouvent pour 4 jours à Besac, dans des lieux intimistes pour des concerts qui vont vous foutre des frissons. Ça commence ce jeudi, ça se passe au FRAC, aux Passagers du Zinc, ou encore à la Chapelle de la Citadelle… on y retrouve Mondkopf, Ben Shemie ou encore le Bisontin Mayerling et les Belges de Razen… Rencontre avec Morgan et Onito, les deux fondateurs d’un label aussi discret que passionnant.

Vous fêtez les 11 ans parce que les 10 ans c’était pas possible cause Covid ?

Morgan : Effectivement, en réalité l’idée de départ était de célébrer les 10 ans du label. Comme beaucoup d’évènements en 2020, nous n’avons malheureusement pu maintenir le festival et nous avons pris la décision de le reporter d’une année.

Onito : C’est l’anniversaire 10 + 1 comme on l’appelle ! On aurait préféré que les célébrations puissent se tenir l’année dernière pour diverses raisons mais l’essentiel est avant tout de pouvoir faire quelque chose. Il nous tient surtout à coeur de réunir les gens en chair et en os à un moment où c’est pas forcément évidement mais au combien nécessaire.

L’étiquette expérimentale est souvent utilisée pour nous décrire, mais bon nombre de nos disques sont assez lumineux et accessibles.

Pour decrire l’esthétique du label, tu dirais quoi ? dark ? musiques qui foutent des frissons ? tout simplement « expérimentales ?

Morgan : Cette question est toujours assez délicate. Le spectre musical d’Hands In The Dark est, je crois, vraiment large. En 11 ans, nous avons sorti aussi bien des disques d’ambient, d’avant-garde, de drone, de musique électronique, répétitive…mais il est vrai que l’étiquette expérimentale est celle qui est le plus souvent utilisée pour nous décrire. Ceci dit, je ne perçois pas notre label comme étant ‘dark’ ou élitiste. Je crois au contraire que bon nombre de nos disques sont assez lumineux et accessibles.

Onito : Au delà de l’éclectisme du catalogue, je pense que la musique que nous sortons nous touche personnellement et nourrit notre esprit, nous stimule, nous fait voyager en quelque sorte. Il y a toujours une petite pointe de psychédélisme et d’avant garde dans l’approche. 

Si je me trompe pas, vous nous disiez à l’époque que l’idée c’était de programmer des trucs qui vous font plaisir, sans pression. C’est toujours le cas ?

Morgan : Oui toujours. Les choix esthétiques et l’évolution du label à travers ces 11 années d’activités sont avant tout liés aux goûts musicaux qui sont les nôtres. C’est quelque chose de mouvant. Pour ma part, je n’écoute plus tout à fait les mêmes artistes qu’il y a quelques années… je crois que ça se sent dans nos sorties et que malgré ça, une cohérence se dégage de l’ensemble. Clairement, le plaisir reste essentiel. Comme à nos débuts, on essaie d’être le moins possible dans le calcul et d’encrer notre démarche dans quelque chose de l’ordre du spontané.

Onito : Notre activité est en effet complètement bénévole et passionnée, c’est certainement à ça qu’est dû notre constance et longévité.

11 ans après, c’est toujours la même énergie ? Toujours la même façon de bosser ?

Morgan : J’ai l’impression qu’assez peu de choses ont changé dans notre façon de travailler. Nous n’avons jamais eu à coeur de faire de cette activité notre métier. C’est à mon avis notre force. On a toujours essayé de mettre en avant des artistes innovants, qui passent en générale sous les radars des médias généralistes. Défricher de nouveaux artistes qu’on trouve fascinants et tenter de partager leur musique avec le plus grand nombre, c’est vraiment le coeur de notre démarche. L’aspect financier n’a jamais été une priorité et ne le sera jamais. 

Et puis, même si nous sommes régulièrement accompagnés / aidés par des collaborateurs réguliers, nous sommes depuis le départ 2 à mener ce projet. Hands In The Dark, c’est aussi et surtout une aventure humaine, une histoire d’amitié.

Vous allez les chercher comment vos artistes ? Y’a du connu (Mondkopf, Ben shemie…), d’autres plus obscures…

Morgan : Il n’y a pas de formule toute faite…Nous recevons beaucoup de démos, ce qui nous amène à découvrir de nouveaux musiciens mais il est vrai que la plupart du temps, nous contactons directement les artistes avec qui on souhaite collaborer.

Onito : On collabore aussi de manière récurrente avec pas mal d’artistes du label. Certains d’entre eux nous font d’ailleurs découvrir de chouettes projets qui finissent parfois en sortie chez nous.

Crise des matieres premières, Covid & cie…c’est pas un peu l’assurance de perdre des thunes que de monter un label ?

Morgan : Il est vrai que la période est plus qu’incertaine. Nous subissons depuis quelques mois la crise des matières premières de plein fouet. Les délais de pressage de disques sont devenus hallucinants, et les petites structures comme la nôtre ne sont clairement pas prioritaires dans le traitement des commandes. Difficile aujourd’hui de dire comment va évoluer la situation. Mais pour en revenir à ta question, si le projet était de se faire de l’argent, on aurait clairement pas décidé de monter un label de musique avant-gardiste. L’essentiel est ailleurs…

Onito : On a effectivement la chance de faire ça depuis un moment maintenant. L’avantage d’être deux à gérer le label est qu’on discute en permanence de ces changements et on s’adapte continuellement. Tu peux imaginer que beaucoup de choses ont déjà changé depuis 2010 : les habitudes de « consommation » de la musique physique et numérique, les tendances suivies par la presse, la renaissance du vinyle, l’augmentation des frais postaux, etc… 

Défricher de nouveaux artistes qu’on trouve fascinants et tenter de partager leur musique avec le plus grand nombre, c’est vraiment le coeur de notre démarche

La soirée à ne pas rater pendant le festival ?

Morgan : Difficile de choisir un événement parmi les 6 programmés durant ce long weekend. Je dirais quand même que les concerts de Mayerling et des bruxellois de Razen à La Chapelle Saint-Etienne qui se situe au cœur de la Citadelle devraient être assez uniques !

Le programme complet ici : https://www.facebook.com/events/637614740557962

Propos recueilli par : Chablis Winston // Photo : Hands in the Dark