« Goûter à l’art du dancing / se desinhiber à en crever de chaud / besoin de combler l’ennui… » c’est Malik qui le dit dans sa chanson « Épouser la nuit » et le moins que l’on puisse dire, c’est que ses paroles ont raisonné très fort au club de la Rodia avec le retour des concerts debout. Ses mélodies aussi agréables qu’une sieste au soleil combiné au plaisir de tenir à nouveau une bière devant un concert, relevait de l’extatique. Découvert il y a seulement 4 ans – une reconnaissance relativement tardive pour un artiste né sous Giscard (1979) – le charmant chanteur à la voix éthéré revient avec son troisième opus Troie où il déverse son trop plein sensible dans de nouvelles sonorités plus instrumentale et plus solaire. On a profité de son passage à Besac pour caler un date. 

Salut Malik, tu peux nous parler un peu de l’histoire de ce Troie – sième album ?

Cet album il a germé lors du premier confinement. Comme un peu tout le monde j’étais complètement abasourdi par ce qu’il se passait… Les concerts s’arrêtaient alors, bon, il n’y avait plus que ça à faire : composer. Je suis donc retourné dans ma maison d’enfance, dans le Poitou, à la campagne. Puis là, rien n’est venu. Mots, textures, sons… Impossible de sortir quoi que ce soit ! Syndrome de la page blanche. C’est vrai que la période n’était pas très inspirante… Mais j’ai accepté de prendre mon temps, que c’était OK, j’ai profité de ma famille, retrouvé les chemins de mon enfance… et petit à petit c’est revenu. J’ai composé la première moitié de l’album à la campagne dans le Poitou et la seconde à la villa Noailles, à Hyères, un endroit baigné de soleil, avec vue sur la Méditerranée. Inspirant.

Un album composé en solitaire mais qui semble résulter d’une émulation collective tant il est beaucoup plus instrumental que les précédents…

C’est vrai, oui. J’avais envie de plus de musique. Je tournais pas mal en formation électro mais là j’avais envie de retrouver des instruments. Du vivant ! J’avais vraiment envie de m’entourer de musiciens sur scène, de revenir en groupe. J’en avais marre de voir des pads partout (rire) ! 

J’ai lu que cet album t’avais « un peu sauvé la vie »…

Oui je reconnais que ce troisième disque m’a sauvé, physiquement et moralement. J’ai eu une très grosse opération du dos. J’ai dû me battre contre ces douleurs et mon mental. Cet album m’a permis de me remettre debout car c’était la seule chose qui me permettait de penser à autre chose.

Tu embarques sur « Quelques mots » l’iconique Isabelle Adjani, comment s’est passé cette collaboration ?  

Isabelle Adjani c’est quelqu’un que j’admire depuis très longtemps. Depuis « Pull marine » en fait. Un rêve inaccessible donc ! Seulement, un jour, je lis dans la presse qu’elle apprécie ma musique, j’ai donc cherché à la contacter pour la remercier et puis on a fini par se rencontrer. Ce morceau n’a que très peu de paroles mais j’ai mis beaucoup de temps à l’écrire, c’était beaucoup de pression !

Avant d’exploser avec ton premier album – et notamment ton titre « sous garantie » – tu as failli tout abandonner, tu aurais pu faire quoi d’autres comme métier ?

Et bien je crois que j’aurais fait instit’ ! C’est vrai qu’avant le succès de mon premier album j’envisageais de tout plaquer. J’étais sur plusieurs projets et aucun ne fonctionnait vraiment. Je ne me retrouvais pas artistiquement là-dedans. Je suis donc parti au Vietnam, sur les traces de ma grand-mère qui venait de décéder et quelques chose s’est passé, j’ai repris confiance en moi. Je suis rentré et j’ai composé mon premier album…

C’est donc à cette période que tu renoues avec le français…

Oui, exactement. Pendant 15 ans, j’ai écrit en anglais, je n’aimais pas ma voix en français et je n’arrivais pas à faire sonner cette langue. L’anglais est plus fluide, plus facile à faire groover mais je me cachais derrière. Après ce voyage au Vietnam, les premiers mots qui me sont venus étaient en français. Et ça m’a plu. 

Comment la musique est-elle venue à toi ?

Alors déjà par Michael Jackson ! Mon premier coup de foudre musical. Il m’a donné envie de faire ce métier. Concernant l’apprentissage, j’ai toujours été autodidacte, il y avait un piano chez mes parents, alors j’ai commencé comme ça, à pianoter puis à composer, vers mes 12 ans.

Il y a quoi dans tes écouteurs ? 

J’écoute pas mal de choses, je suis très curieux : du jazz, de la soul, du classique… Mais si je devais te donner mes coups de cœur du moment ça serait DIJON, Cléo Sol et Eartheater

Propos recueilli par Delphine Fresard // Photo : J.C Polien