Les gars de Risk s’apprêtent à enflammer la métropole Dijonnaise toute la fin du mois d’avril pour la première salve du SIRK Festival. On parle avec eux de ces deux dernières années sans dancefloor, du nouveau format du festival, de la prog, de la BFC…Rencontre avec les 3 têtes pensantes des activistes de Risk.

Le casting :

Luc Deren > P’tit Luc – Artiste de Risk et programmateur du SIRK.
Nico Giller > Konik – Artiste de Risk et programmateur du SIRK
Geoffrey Sidoisne > Coordinateur Général de Risk et programmateur du SIRK

Pendant 2 ans il y a eu une rupture du dancefloor avec la crise sanitaire. Comment vous l’avez vécu ? Est-ce que vous pensez que les gens seront de retour cette année ?

Geoffrey : Ces 24 derniers mois ont été des montagnes russes émotionnelles avec un festival annulé en 2020, des dizaines de scénarios pour le reporter et finalement en septembre dernier, on y arrive et on propose un festival atypique sur 11 jours avec des artistes de rêves tels que Octave One, Kink & Anthony Rother pour ne citer qu’eux…2022 avait très mal commencé car le spectacle vivant était confiné, il était très difficile de se projeter et d’organiser un festival en avril sereinement. Mais aujourd’hui, j’espère que 2022 sonnera le retour à une vie normale.

Luc : Les deux dernières années ont été marquées par une activité très réduite en termes d’organisation de spectacles. Nous avons perdu les liens et les contacts avec le public, ça m’a énormément manqué et à titre personnel je l’ai plutôt mal vécu psychologiquement. J’étais dans l’ennui. On ressent une belle énergie de la part du public, une envie de se retrouver.

Nico : Ça nous a placé un peu loin des dancefloor puisque de toute façon on ne pouvait pas proposer d’événements dansant. Ça nous a permis de développer d’autres formes artistiques comme pour les siestes et de nous recentrer sur le collectif artistique, puisque Risk est à la base un collectif de DJs. Je sens le public dijonnais un peu frileux, mais nous espérons bien qu’il sera au rendez-vous cette année, puisque c’est avant tout pour le public que l’on organise le festival, pour que les dijonnais puissent faire la fête aux sons des meilleurs DJs sans se déplacer à Paris, Londres ou Berlin. Et sans le public, on ne pourra pas continuer longtemps.

Luc, Niko et Geoffrey. Les 2be3 réunis.

Le festival cette année a lieu sur 3 temps, sur 6 mois… Pourquoi avoir changé le format ? C’était pour ne pas tout annuler d’un seul coup en cas de retour des mesures sanitaires ?

Geoffrey : Annuler cette édition était inconcevable et inimaginable pour nous tous ! Nous voulions à tout prix organiser notre festival malgré des conditions sanitaires changeantes et un environnement incertain… Du coup après quelques semaines de réflexion avec Nicolas, Luc et le bureau de l’association, nous avons décidé collectivement de réorganiser et repenser un SIRK Festival sur une période plus longue. Ce format permet d’envisager l’avenir plus sereinement et de continuer à développer les autres projets que Risk mène.

Luc : C’est exactement ça : pour ne pas mettre tout nos oeufs dans le même panier en cas de nouvelles mesures sanitaires.

Nico : Effectivement l’idée c’était de changer de format pour être sûre que l’on puisse retrouver les dancefloor en 2022 à Dijon et qu’on ne soit pas obligé d’annuler l’ensemble du festival si celui-ci avait eu lieu au mois d’avril. C’est également dû à l’incertitude puisqu’il y a encore quelques semaines on ne savait toujours pas dans quelles conditions on allait accueillir le public. C’est donc très difficile pour nous de s’organiser et de travailler dans ces conditions.

On ressent une belle énergie de la part du public, une envie de se retrouver.

Cette prog’ du SIRK 2022, elle se construit comment ? Y’a un mélange d’anciens et de newbies, y’a aussi une belle part de filles qui sont programmées…

Luc :  Notre programmation est toujours un savant mélange entre des « tauliers » du mouvement, des newcomers français et des artistes de Bourgogne-Franche-Comté. On retrouvera sur cette édition des artistes qui étaient programmés sur l’édition annulée d’avril 2020, notamment les têtes d’affiches internationales : Derrick Carter, Gerd Janson et Helena Hauff. 

Pour la dernière édition du SIRK, la programmation avait mis l’accent sur les « live », cette fois-ci nous avons mis l’accent sur des têtes d’affiches et des newcomers féminines : Jennifer Cardini, u.r.trax, Dylan Dylan, Belaria et le collectif Bande de Filles seront présentes pour l’édition « printemps ».

Nico : Ça fait déjà depuis quelques années qu’on essaye de mettre de plus en plus en avant les artistes féminines. On n’est toujours pas à la parité cette année, on augmente d’année en année la part des artistes féminines sur la programmation. En tout cas une chose est sûre c’est que chaque année une tête d’affiche de la programmation est une artiste féminine. On essaye de garder cet objectif là et cette année deux artistes féminines qui sont Helena Hauff et Jennifer Cardini sont les têtes d’affiches du festival. Cette année de mémoire on doit être aux alentours de 31 % d’artistes féminines programmées sur le festival sachant que les autres festivals français sont plus autour de 15 à 20 %. On est un petit peu au-dessus des autres festivals mais on n’en fait pas spécialement la promotion parce qu’on n’est toujours pas arrivé à la parité et on pourra en faire la promotion peut-être quand on sera effectivement arrivé à 50 % d’artistes féminines sur la programmation.

Vous drainez une belle communauté, un public présent en nombre depuis plus de 10 ans avec vos soirées et le festival ? Vous l’avez vu évoluer ? Il rajeuni ? Il est fidèle ? Il change ses habitudes ?

Geoffrey : J’ai rejoint l’association en 2017 donc je n’ai pas le recul sur 10 ans… Mais il y a des têtes qu’on connaît bien, de vrais afficionados du SIRK, on sait qu’ils vont chauffer et poncer le dancefloor ! Une partie de notre public se renouvelle chaque année, des étudiants et jeunes partent et d’autres arrivent à Dijon… Mais même en partant, certains et certaines reviennent quand même car ils veulent fouler le sable du boulodrome par exemple ! Ça fait 3 ans qu’on a rien fait au Boulodrome, le public attend avec impatience ce week-end aux couleurs disco & house.

Luc : Le public dijonnais est constitué d’un noyau dur « vieillissant » (héhé) mais la jeunesse arrive en force. Effectivement, on peut dire que le public a tendance à rajeunir. Le SIRK a aussi réussi à fidéliser un public qui parfois n’habite plus la région mais qui revient pour profiter de ce festival à taille humaine. 

Nico : On a eu la chance pendant 10 ans de drainer toujours plus de monde dans nos événements et sur Le SIRK festival également, mais depuis le Covid, j’ai l’impression que le public a complètement changé ses habitudes de sortie, de consommation de fêtes. J’ai l’impression en tout cas que le publique dijonnais est quelque peu timide à la reprise post-Covid. Il a changé ses habitudes. Tout le monde, jeune ou plus ancien, sortent moins et surtout décident au dernier moment. 

Une chose est sûre c’est qu’en terme de fréquentation, on est pas retourné au niveau des événements que l’on pouvait connaître avant le Covid et avant Mars 2020.

Le public dijonnais est constitué d’un noyau dur « vieillissant » mais la jeunesse arrive en force

Est-ce que vous diriez qu’il y a une belle communauté techno-électro en Bourgogne-Franche-Comté ? Le lien avec Besac, Belfort, Châlon… Il se fait naturellement ?

Geoffrey : Il y a une communauté techno, elle est aussi bien présente dans des milieux alternatifs tels que les free, les tanneries…. Que dans des lieux plus conventionnels comme la Péniche Cancale, l’Antonnoir ou au SIRK festival. On s’entend bien avec nos amis bisontins car on joue souvent à l’Antonnoir et on a déjà invité plusieurs fois les artistes de Ghetto 25 et du Thé Chaud, Jeff The Fool, Wilt… En before du SIRK, vous pouvez vous rendre vendredi prochain à la Rodia ! Une belle fête en prévision chez les bisontins !

Luc : Je ne sais pas si on peut parler d’une belle communauté techno. Je trouve que la région est relativement calme en termes de propositions d’évènements et de développement d’artistes. Il y a de belles initiatives aux quatre coins de la région, mais il y a relativement peu de contacts entre les villes. Le public ne se déplace que très peu entre Besançon, Belfort, Chalon et Dijon. D’une manière générale, la région manque de lieux de diffusions réguliers pour les musiques électroniques. Le SIRK et les activités de Risk essayent de contribuer au développement de ces liens.

Nico : Il y a une petite communauté techno-électro en Bourgogne qui se développe. Ça passe évidemment par les artistes Bourguignon et Franc-Comtois comme les membres du Thé Chaud, Jeff the Fool, Wilt, Ghetto 25 du côté de Besançon du côté de Chalon avec Poltergeist et du côté de Dijon bien évidemment avec Païkan que l’on programme sur Le SIRK, GrimR, les artistes du crew Risk Konik, P’tit Luc, Fabzeu & Luciano notamment. 

Tous ces artistes se déplacent quand même régulièrement entre les différentes salles qui peuvent exister dans la région mais il n’en va pas de même pour les publics. On constate qu’on a du mal à attirer les publics de Besançon et de Belfort qui sont encore bien plus loin. En fait, il manque cruellement de lieux pour pouvoir tisser plus de liens et échanger parce quand tu as la chance de programmer 1 à 2 évènements par an, tu as tendance à privilégier les artistes de ton collectif et pas inviter les mecs de la région d’à côté.  

Propos recueillis par Maia // Photo : Edouard Roussel