Napoleon Maddox, le rappeur bisonto-américain, leader du groupe Iswhat ?! et compère du beatmaker bisontin Sorg, n’en fini plus de multiplier les projets. Il a monté « L’ouverture de Toussaint » un spectacle-hommage à Toussaint Louverture (le libérateur d’Haïti) où il a réuni un super groupe composé de son pote Sorg, le légendaire pianiste malien Cheick Tidiane Seck et le tout aussi légendaire saxophoniste haïtien Jowee Omicil, dans le cadre du Festival Des Nuits de Joux 2021. Ils ont tourné un peu partout en BFC et ont représenté ce spectacle au Château de Joux dans le Doubs. On a parlé avec lui de ce spectacle all star qui a de l’avenir.

Quand est-ce que tu as connue Toussaint Louverture ? C’était grâce à l’école ? Son combat t’inspire depuis que t’es enfant ou c’est venu plus tard ?

Non, à l’école je n’ai rien appris sur Toussaint Louverture. J’ai entendu son nom plusieurs fois pendant mes études quand j’avais 19 ou 20 ans mais du côté des mes amis qui étaient activistes. Ils parlaient de lui, de l’indépendance d’Haïti et de la révolution noire. Ce sont des gens révolutionnaires qui parlent de Toussaint Louverture.

Comment avez-vous bossé pour illustrer les infos que vous aviez sur Toussaint Louverture ? Comment vous avez créé ?

J’en ai parlé avec des historiens du coin en Franche-Comté. Pas mal de gens ici connaissent l’histoire noire de gauche. J’ai regardé un documentaire et j’ai acheté pas mal de livres qui parlent de lui.

Au début, j’en parlais beaucoup avec Sorg, puis il a proposé des rythmes, il a choisi des sons qui représentent bien ce que l’on imaginait pour lancer ce projet. Ça faisait vraiment penser à certains éléments de l’histoire. Ensuite, Jowee et Cheick sont venus chacun avec leur partie pour continuer à élaborer le morceau. Ils ajoutent des choses très touchantes.

Comment avez-vous monté l’équipe ? Tu connaissais personnellement Jowee Omicil et Cheick Tidiane Seck, hormis leurs talents de renom ?

Au début, c’était juste Sorg et moi. Ensuite, Jowee nous a rejoins en résidence au Moloco et à la Rodia de Besançon. Après ça, on a passé deux ou trois jours avec Cheick Tidiane Seck, tous ensemble. Ça s’est monté comme ça.

Oui, on se connait depuis plusieurs années. J’ai fait connaissance avec Cheick Tidiane Seck en 2009 ou 2010, où j’avais déjà travaillé avec lui. Chaque année, on voulait se voir mais on n’avait jamais de chance pour organiser une rencontre. Lui avait toujours pleins de projets, et moi j’avais des choses à faire de mon côté. Mais je pensais à lui pour ce projet, et quand je lui ai demandé s’il était partant, il m’a dit oui, avec joie. Sorg, je le connais depuis 2013 et on travaille ensemble régulièrement. Avec Jowee, on avait des amis en commun mais sur ce projet c’est la première fois qu’on pouvait vraiment travailler ensemble.

Toute personne qui lutte pour la justice et qui en meurt mérite nos efforts.

Pourquoi est-ce que c’était une évidence pour toi de célébrer la personne de Toussaint Louverture au Château de Joux ? Vous avez partagé avec le public du coin ?

C’est très important pour moi parce que beaucoup de gens ont entendu le nom de Toussaint Louverture mais ne savaient pas quelle était son importance dans l’histoire. Je pense que Toussaint Louverture mérite cette lumière. On connait beaucoup d’histoires autour des gens qui ont accompli des choses aussi importantes que lui, alors je trouve qu’il méritait qu’on partage davantage son combat.

Les gens ont trouvé le spectacle très émouvant parce qu’on a bien composé et interprété la musique mais aussi parce qu’on était dans le lieu où il a fini sa vie et ça, ça veut dire beaucoup.

T’as l’impression que l’histoire de Toussaint Louverture parle encore aujourd’hui ?

Oui, vraiment. Parce que pour moi, si on avait des volontaires pour faire quelque chose dans le cadre des institutions, si on voulait construire un nouveau mode de vie, une libération, on pourrait le faire. Toute personne qui lutte pour la justice et qui en meurt mérite nos efforts.

Comment a été accueilli ce projet au New Morning à Paris ?

C’était très fort comme expérience. Il y avait des historiens, des activistes, des artistes, des écrivains… Les gens étaient très intéressés. C’était comme un rendez-vous de grands esprits, de militants, c’était vraiment beau. Ces gens avaient entendu dire que quelque chose de fort s’était passé au Château de Joux, donc l’intérêt était encore plus grand.

Tu fais plus rien au USA avec Iswhat ?! ?

Si, on joue régulièrement. Enfin, je dis régulièrement mais je passe beaucoup de temps en France. Quand je vais aux States, on joue à chaque fois. Avec Iswhat ?!, on va beaucoup dans les lycées et les collèges pour jouer devant un public jeune. On joue aussi chaque année au Underworld Jazz Festival.

L’album sort en novembre, il y aura une date à Besac pour fêter ça ! En attendant, on vous met une petite vidéo de présentation de ce projet :

Propos recueillis par Maia // Photo : JC Polien et Sophie Cousin