Ça va faire 5 ans, jour pour jour, que l’Antonnoir nous fait teuffer à Besac. LE club incontournable à la Brit’ à base de music-live de qualité en BFC. On à discuté avec Antonin Borie, le taulier du spot, pour qu’il nous raconte un peu ses souvenirs.

L’Antonoir a traversé les tempêtes mais est toujours debout, tel un phare des nuits bisontines. On y retrouve des lives, des DJ sets soignés de stars internationales comme la crème de la scène bisontine. Même si ça reste électrique, on peut dire sans se risquer que c’est un lieu pour les amoureux du rock et de l’électro pour les couche-tard, les traînards, les mélomanes, les danseurs… C’est aussi des grosses collab’ avec les associations locales et en plus, les types font tout ça eux-mêmes, sans sub’ en indépendant et ça, c’est beau. 

Pour les 5 ans d’existence de ce lieu faramineux, on se retrouve le 1er septembre pour une soirée surprise. Et on peut déjà vous dire qu’en plus de la présentation de saison, il y aura 3 concerts surprises dont RimoJekile duo Berlino-Israélien d’électro complètement zinzin. Une soiros incontournable.

On a demandé à Antonin Borie, le patron de l’etablissement, de nous livrer le TOP 5 des choses à retenir de ces 5 ans, et aussi un petit TOP 5 anecdotes de concerts :

Les 5 choses à retenir de ces 5 ans : (en vrai y’en a plus, mais on n’a pas la place)

1) L’ouverture

Pour commencer, et s’il faut ici évoquer quelques moments clefs, il faut bien évidemment démarrer par l’ouverture du lieu. Une ouverture qui nécessitera une longue période de démarches administratives, de tractations diverses et variées, mais surtout la réalisation de quelques menus travaux. Travaux qui n’auraient jamais pu d’ailleurs, être terminés à temps sans de nombreux coups de mains, de la part de gens qui nous montraient déjà par leur présence et leur énergie, que ce lieu, qui allait devenir l’Antonnoir, avait déjà un sens et une place avant même de voir le jour. Puis arriva le moment crucial et forcément un peu redouté de l’ouverture des portes… qui se fit visseuse à la main, en sueur et non sans mal. Puis les premiers invités arrivèrent, suivit des premiers clients, des premiers artistes, des premiers verres servis, reversés, bus ou cassés. Bref, l’endroit se mit à vivre et l’aventure était lancée, le 1er septembre 2017. 

2) Cette saloperie de Covid

L’autre moment « fort » qu’il faut bien évidemment évoquer, car c’est très clairement la pire période que l’établissement ait traversée, c’est bien celui de la Covid et de son lot de fermetures, réouvertures, le suspens qui a accompagné cette période, puis les contraintes et les restrictions qui ont suivi et ont bien faillit avoir raison de nous comme de tant d’autres commerces, clubs, lieux de vie, lieux de culture et même sans doute de pas mal de vocations artistiques ou professionnelles. Puis enfin la réouverture… ouffff. 

3) Les artiss’

En terme de temps forts purement artistiques, il est difficile et un peu cruel de n’en citer que quelques-uns, tant nous avons eu de beaux moments et de belles rencontres. Mais on peut tout de même sortir du lot notre premier « sold-out » que fut la venue de RED FANG. Ou encore le concert mythique de VIAGRA BOYS, alors presque inconnus au bataillon et qu’on voit depuis remplir les plus belles salles d’Europe. La venue de Sir BRENDAN PERRY fut aussi l’un des moments les plus mémorables de cette aventure avec un concert tout simplement proche du divin. Accueillir des légendes du Rock tels que les FLESHTONES, Jim Jones ou THE BELLRAYS furent également des moments très forts, et dans un autre registre plus « musclé », on ne peut pas oublier les grosses pointures du Hardcore qui sont venus fouler notre scène, comme TERROR, SICK OF IT ALL, ou encore dernièrement, ceux qui sont considérés comme les fondateurs du New York Hardcore, à savoir AGNOSTIC FRONT. Voilà pour les grandes lignes et les grands noms, mais on en oublie tellement en n’en citant que quelques-uns… pardon à tous les autres, et ils sont nombreux. 

The Bellrays en live en 2019 (Photo François Michelet)

4) Les assos de Besac

L’un des faits les plus marquants de ces 5 années et qui est sans doute le plus important, c’est la façon dont les associations locales (ou non) ont su s’approprier les lieux et ce de manière régulière, apportant ainsi leurs touches, leurs cultures et leurs réseaux. C’est certainement là le signe le plus flagrant que cet endroit, ce projet un peu fou, avait du sens. Signe encore qu’il ait aujourd’hui et plus que jamais sans doute, un rôle à jouer dans la promotion de la culture locale et des musiques dites extrêmes.  

5) le public

Enfin, c’est l’affection et l’attachement que nous montre régulièrement le public et les clients fidèles qui restent le plus important. A nous d’entretenir ce lien avec eux et de nous renouveler sans cesse pour ne pas les lasser.  

Les 5 Anecdotes des artistes qui tuent de ces 5 dernières années :

1) Brendan Perry : (ndlr, c’est le gars de Dead Can Dance) Je préviens toute l’équipe et surtout le Bar que je ne veux pas entendre un bruit de porte ni un rinçage de gobelet, ni pendant les balances ni pendant le concert, à plus forte raison… L’équipe pense alors que le mec joue les divas et qu’il va être insupportable et le stress s’installe (chez moi aussi j’avoue). Au bout de deux notes de balance, la même équipe vient me voir pour me dire « Ah bah heureusement qu’on n’va pas faire de bruit… c’est la messe et c’est pour le coup absolument divin ». Après ses balances, je lui explique que ce sera la première fois ce soir là que mes parents vont venir assister à un concert au bouclare et que ça représente bien à quel point je suis ravi de l’accueillir. Le concert… enfin, la messe se déroule (le petit jésus en culotte de velours… pour nos oreilles), je présente mes géniteurs tout émotionnés par ce qu’ils viennent d’entendre à Sir Brendan. Ce dernier à qui toute l’équipe s’efforce de parler « in english » depuis le début de la journée, se met à parler dans un français absolument parfait à mes parents. « Mais, tu parles Français ??? » et lui « Mais Anto, j’habite en Bretagne… On boit un coup ??? », moralité… La date et le mec qui nous faisait le plus flipper et qu’on attendait (moi en tous cas) avec le plus d’impatience et repartit à 4h du mat, au moins autant « ému » que nous. 

Antonin, le taulier, c’est lui. (Photo Bruno Gagliardi)

2) The Urban Voodoo Machine : Les mecs absolument inconnus au bataillon, me sont proposés par un ami qui s’occupe d’eux mais qui me prévient qu’il ne prendra pas de % sur la date, car ils sont trop nombreux sur la route pour que ce soit rentable… En gros les gars tournent à perte et par passion. Ça m’intrigue et je me sens touché par ces Anglais un peu dingo (sur le papier déjà) qui sont prêts à laisser de l’argent sur la route pour jouer. Les gars déboulent à 11 dont 9 sur scène (en effet vu le cachet demandé, ce n’est pas rentable… du tout) et font un Tetris sur notre modeste scène (4x4m) pour caser tout le monde. Une fois la balance faite, c’est l’heure de l’apéro. Là, on comprend que les Anglais feront honneur à leur réputation et à l’anisé local qu’ils ne se privent pas d’apprécier. Ils montent ensuite sur scène, en arrivant par les toilettes d’ailleurs, en mode procession. S’en suit 2h (minimum) d’un show surréaliste, ponctué par les « sketch » de Paul le lead singer et leader du band. Ce dernier à un moment donné me demande mon verre, qu’il pense sans doute être de la bière (à priori) dans lequel il va essorer le bandana qu’il cache sous son chapeau depuis le début du concert. Il se lance ensuite dans un cul sec de sa sueur mélangée à… un single malte écossais (oui je ne bois jamais de bière, mais ça… Paul l’aura compris à peine tard). Il fini le concert avec des larmes aux yeux mais l’énergie d’un diable monté sur ressorts… Il est avait encore plus de « ressort » sur l’after au point de repartir sans ses chaussures (soulier vernis italien). Je vous invite vivement à venir les revoir avec nous le 22 Septembre prochain d’ailleurs.   

3) Bird Pen : Birdpen pour celles est le « side project » de Dave Pen, chanteur et guitariste du groupe Archive, dont je suis absolument fan. Fan mais pas bien « calé » sur le sujet et toujours aussi adroit qu’un éléphant (alcoolisé) dans une boutique de porcelaine, au point qu’à au moins deux reprises, j’ai dit (tout content de moi et pensant le flatter) à Dave, que l’un de mes albums préférés sur terre, était sans doute « Londinium » (D’archive donc) et lui de me répondre au moins deux fois… « Ah cool… J’ai rejoint le groupe juste après » Hashtag loose et seum réunis. La date avait lieu alors que j’étais sur le retour des Transmusicales, et ce en blabla-car puisqu’abandonné honteusement par des collègues qui se reconnaitront. Et alors que je conduisais pendant 9 heures non-stop, et à 90km/heure de moyenne, le van un peu fatigué (lui aussi) de mon adorable co-voitureuse pas pressée du tout de traverser le pays, j’apprenais que l’orchestre était bloqué en douane (Suisse bien sûr) pour cause de surcharge de véhicule. Il aura donc fallu qu’on trouve le pote d’une pote sur Métabief, qui passa la douane avec son Van pour soulager leur véhicule le temps de passer le contrôle, pour ensuite le recharger aux Hôpitaux Neuf (soit 5km plus loin). Ils sont donc arrivés 3h plus tard que prévu, et moi à 21H30, juste à temps pour les saluer avant qu’ils ne montent sur scène et qu’ils nous offrent un concert aussi mémorable qu’improbable en terme d’organisation et d’improvisation.

4) et 5) Y’en n’a pas, y’en n’a que 3, parce qu’avec les 2 ans de Covid, ça fait 3 ans pleins d’activité. Donc 3 ans = 3 anecdotes.

Article : Maia & Chablis Winston // Photo : Sick Of It All, par François Michelet