On te parle encore d’une expo’ bien zinzin ! Cette fois, c’est dans le cadre du festival Les Nuits d’Orient avec « Rêve Quantique, le jour où j’ai imaginé l’océan » une installation-performance expé’ qui prend place à la brasserie Un Singe en Hiver à Dijon, les 29 et 30 novembre. Le concept ? Un mec va se déglinguer la santé en se privant de sommeil pendant 72h avant de venir pioncer. Appareillé d’un casque capteur d’ondes relié à une sorte d’aquarium au centre de la pièce, on va pouvoir observer son activité cérébrale pendant son sommeil. Oui, on est dans le turfu.
Tu sais que les océans couvrent 70% de la surface de la planète ? Ou encore qu’on passe 25 à 27 ans de notre vie à dormir ? Eh oui Jamy. Pourtant on ne connaît pas grand-chose ni des océans ni du cerveau en phase de sommeil. Entre arts et sciences, cette installation-performance est portée par l’artiste multidisciplinaire Walid Breidi, l’explorateur du sommeil Virgile Novarina et en collaboration avec le Labofactory ; un collectif artistique et expérimental dont l’artiste-physicien Jean-Marc Chomaz et l’architecte-designer Laurent Karst font partie.
Plongé dans l’obscurité au centre de la pièce, Virgile dort et interagit avec une sorte qu’aquarium cylindrique qui par projection à travers cet océan miniature fait apparaître un jeu d’ombre au sol. Cette projection en forme de cercle est la retranscription en direct de l’activité cérébrale de Virgile, en plein sommeil. Virgile explique comment il fait pour réussir à ne pas dormir : « La première nuit c’est assez simple puisque je peux travailler sur l’ordi avec un repas à 3h ou 4h du matin car l’estomac ne dort pas non plus. La deuxième nuit est plus compliquée car je peux difficilement m’asseoir sans m’endormir donc je fais beaucoup de promenades à l’air frais et je prends des douches pour me réveiller ».
L’objectif de ce projet collectif est de donner une matérialité à des ondes cérébrales pendant le sommeil, de montrer le lien qu’il y a entre un dormeur qui semble calme, inerte et le cerveau qui lui est toujours actif. « Quand on dort on oublie la réalité car on part dans un autre espace qui a l’air inaccessible mais qui en fait est très riche. C’est cette richesse inaccessible qu’on avait envie de rendre tangible en les rendant visibles grâce aux mouvements des profondeurs des océans, qui ont des similitudes avec les ondes cérébrales du sommeil. » nous précise Virgile.
Tout commence lorsque Virgile et Walid sont venu questionner ce lien possible entre l’activité des ondes cérébrales pendant le sommeil et sa matérialisation à travers des éléments naturels comme l’eau et la lumière. C’est d’ailleurs ce lien entre le corps physique et les éléments naturels qui a intéressé Laurent à participer à cette expérimentation : « Pour moi, l’homme doit s’inscrire et collaborer avec la nature et non pas la surpasser ».
Conçu collectivement de 2018 à 2021 au LadHyX ; le Laboratoire d’Hydrodynamique de l’École Polytechnique, Laurent nous donne des précisions quant à la forme du bassin : « Le choix de cette forme cylindrique permet de montrer un mouvement infini qui circule, tout comme l’activité cérébrale ». Ce collectif tenait à relier l’activité cérébrale à cette idée d’océan car les profondeurs océaniques, le cerveau et notamment le sommeil sont source de mystère. Tout est lié dans cette installation autour de métaphores et symboliques poétiques, car cette projection de texture en forme de cycle au sol fait écho aux cycles du sommeil et aux cycles de l’océan. Pas bête la guêpe. Laurent précise qu’il y a une symbolique avec cet objet cylindrique lumineux qui s’inspire d’un phare. « Avant que ça s’appelle « Rêve Quantique, le jour où j’ai imaginé l’océan », ça s’appelait « Le Phare des Songes » car l’objet fait référence à la lumière d’un phare qui donne les signaux indiquant la voie aux humains pour se déplacer, y’avait un côté assez poétique ».
D’un point de vue technologique, il y a eu un gros travail d’écriture d’un programme pour permettre la transformation des ondes cérébrales de Virgile, via son casque à capteur d’ondes, en projection de lumière et d’ombre passant par l’aquarium. Laurent nous explique ce processus : « Au-dessus du bassin y’a un flotteur qui tourne à 360° grâce à un moteur qui fonctionne avec un ampérage et un voltage. Donc il a fallu transformer les données des ondes cérébrales en voltage pour actionner ce moteur et faire tourner le flotteur. En tournant, le flotteur interagit sur les différentes couches d’eau salées et crée ainsi des mouvements de particules qui sont révélées par la projection de textures au sol. » Grâce à ce procédé, on peut observer ces données cérébrales autrement que sous forme de courbes et de chiffres. Un rêve éveillé à venir voir au Singe en Hiver les 29 et 30 novembre prochain.
Texte et propos recueillis par Maïa // Photos : © Marie Sol Parant, © Rêve Quantique, © Stéphanie Solinas